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Le pôle espoir de Corse: La formation passée au crible

Le Pôle espoir de Corse, l'un des 15 recensés à l'échelle nationale.

La formation passée au crible

La Ligue Corse de Football regroupe à ce jour un peu plus de 7000 licenciés répartis en 90 clubs. Parmi eux, une quarantaine d’écoles de football. Créé à la fin des années quatre-vingt dix mais fonctionnant en tant que tel depuis 2003, le Pôle Espoir de Corse, l’un des 15 recensés à l’échelle nationale, accueille, depuis cette date, une douzaine d’enfants dans la tranche des 13-15 ans. Si certains d’entre eux, dans une proportion identique aux normes nationales, parviennent à signer pro, la plupart alimentent régulièrement les clubs insulaires engagés en N3, N2 et National…


Plus petite ligue en termes de licenciés, la Ligue Corse de Football peut s’ enorgueillir de damer, chaque année, le pion aux plus importantes structures de l’Hexagone, tant de par les résultats obtenus qu’au niveau de la formation.

Sur ce point, en effet, force est de constater que le travail est particulièrement conséquent. Deux clubs professionnels (ACA et SCB), un en National (Bastia-Borgu) et cinq en N3 (la réserve de l’ACA, Furiani, Lucciana, Corte et le GFCA) pour un peu plus de 7000 licenciés. Mais, depuis quelques années déjà, un travail particulièrement conséquent qui porte ses fruits.

Pour ce qui est de la formation proprement dite, l’ACA, de par la politique développée depuis déjà une vingtaine d’année, se taille la part du lion. Seule structure labellisée par la FFF, le club sort régulièrement des jeunes dont la plupart sont, du reste, passés par le Pôle Espoir. Derrière, le retour du Sporting dans le giron professionnel devrait lui permettre de compter sur un centre de formation, performant par le passé , même si actuellement il fonctionne comme tel sans l’agrément. En N3, le GFCA jouit, de par sa riche histoire, d’une grande popularité, ce qui lui vaut d’attirer encore des jeunes. Pour le reste, c’est une obligation statutaire, pour un club engagé en compétition nationale, de disposer de toutes les catégories, des débutants aux « U19 ». Des « U19 », nationaux, cette fois, il est en question avec deux clubs, l’ACA et la Pieve. En « U17 », on note l’ACA, en tête de sa poule et le GFCA. Pour ce qui est des amateurs régionaux, la récente refonte des championnats a débouché sur les compétitions allant de la R1 (ancienne DH) à la R4 (PHC). Quid des jeunes ? Il en est particulièrement question au sein des 39 écoles de football que compte les clubs de la Ligue Corse.

En matière de tremplin vers le haut niveau, le Pôle Espoir de Corse reste la référence. Créé à la fin des années quatre-vingt dix mais officialisé en 2003. Tremplin vers le haut niveau, il accueille, chaque année, douze gamins (parfois des filles) dirigés ensuite vers différentes structures professionnelles. Mais à mesure que l’on avance, les places sont de plus en plus chères. Dans cette hiérarchie, le travail, le don et le facteur chance sont les critères les plus importants. Beaucoup d’appelés sur la ligne de départ, peu d’élus en définitive, tel est le lot du haut niveau. Pour les autres, il reste la passion pour un sport qui reste encore le roi au niveau mondial.


Repères
Ligue Corse de Football
Licenciés : 7379
Nombre de clubs : 90 (36 en Corse-du-Sud et 54 en Haute-Corse)
Ecoles de football : 39 (13 en Corse-du-Sud et 26 en Haute-Corse)
Educateurs : 137
Dirigeants : 625 (dont un tiers basculent dans l’accompagnement des enfants)
Clubs professionnels : ACA, SCB
Clubs engagés en compétition nationale : six (ACA, Borgu, Lucciana, Corte, Furiani, GFCA).

Joueurs passés par le Pôle Espoir aujourd’hui professionnels : 15. Khazri (Saint-Etienne), Santelli, Bocognano, Vincent (SBC) Marchetti, Cimignani (ACA)M.Tramoni (Brescia, Serie B), L.Tramoni (Cagliari Primavera), Pelletier (QRM), Tomi (Le Mans), Goncalves (Lugodorets, Bulgarie), M.Nicoli (Montpellier féminines), K.Chappelle (FC Fleury, féminines)

Antoine Pireddu, Directeur Technique du Pôle Espoir Depuis 22 ans, Antoine Pireddu, ancien professeur d’Education Physique et éducateur, dirige le Pôle Espoir de Corse. Objectif, même si la barre est haute, conduire les ados de 13 à 15 ans vers le haut niveau.


                         « Nous sommes le fleuron de la formation des 13-15 ans »


Comment son nés les Pôles Espoir ?
Il y a une vingtaine d’années, la FFF a créé ces structures pour combler un manque. En s’apercevant, à Clairefontaine, que les enfants entre 13 et 15 n’avaient pas suffisamment de base avant de rentrer en formation dans un club. En Corse, la première promotion est rentrée en 1999 dans une structure régionale d’accès vers le haut niveau mais qui n’avait pas encore l’agrément Pôle Espoir, obtenu en 2003 avec un tutorat FFF et Ministère des Sports. À compter de cette date, en fonction du vivier dont on disposait sur l’île, la DTN nous a imposés un quota entre 10 et 12 gamins par tranche d’âge.


Combien de jeunes athlètes sont parvenus à percer dans le monde professionnel ?
Sur les 250 gamins passés par le Pôle Espoir depuis 1999, 10 % ont signé des contrats professionnels. Nous sommes sur un ratio identique à la moyenne nationale. On sera, en revanche, à 70 % de jeunes qui quittent le Pôle Espoir et signent un contrat de formation.


Que deviennent les 90 % autres passés par le Pôle Espoir ?
Ils alimentent régulièrement les clubs engagés en compétition nationale, ce qui est déjà un niveau conséquent. Les places sont très chères mais les enfants ne sont pas livrés à eux-mêmes. Il y a un suivi sportif et scolaire pointilleux dans les clubs.


10 %, un ratio faible même à l’échelle nationale. Pourquoi ?
Tout simplement parce que la dernière marche est la plus difficile à franchir. Sur des gamins qui jouent, par exemple, en équipe de France « U16 », 5 % seulement, seront professionnels. Quarante gamins, sur des milliers au départ, finissent en équipe de France A. C’est le très haut niveau et il nécessite des exigences.



Le Pôle Espoir aujourd’hui ?
On a pré-formé des jeunes qui s’orientaient logiquement vers les clubs phare de l’île, principalement l’ACA et le SCB. Depuis quelques années, les grosses écuries du Continent sont aussi intéressées par nos gamins. Il y a eu notamment depuis trois ans, Lisandru Olmeta à Monaco, Laurent Fogacci à Reims, Mathis Carlotti à Nice et Diego Coutadeur cette année à Rennes. C’est la rencontre, pour un projet, d’une famille et d’un club disposant d’un centre de formation. Quand les enfants restaient sur l’île, les projets de l’ACA et du Sporting étaient aussi bien construits. Il y a un peu plus de concurrence aujourd’hui. On considérait peut-être auparavant que le recrutement effectué dans une ville lointaine était voué à l’échec. Aujourd’hui, la donne est différente.


La formation en Corse ?
Les clubs s’efforcent de se structurer afin de mieux accueillir les enfants et c’est une très bonne chose. L’ACA a fait un énorme bon en avant sur l’accueil et la formation. Le club répond de mieux en mieux au cahier des charges pour accéder à un label supérieur. Au Pôle, nous sommes également sur un positionnement plus élevé. Le fait de compter sur un staff compétent avec Ghjuvà Risterucci, qui a intégré la Ligue Corse et un préparateur des gardiens (Tano Dritan) s’ajoute à une méthodologie déjà performante. La structuration est meilleure. Nous avons deux caméras sur les pylônes pour les entraînements et les matchs, chaque gamin dispose d’un capteur GPS. On fait des retours hebdomadaires sur les volumes de course, le nombre d’accélérations, le nombre de sprint à haute intensité. Aujourd’hui, le Pôle Espoir est le fleuron de la formation des 13-15 ans.

Interview réalisée par Philippe Peraut


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