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Incontournable énergie nucléaire

Alors que la crise climatique s'aggrave de façon exponentielle, les états cherchent les moyens de freiner cette débâcle...

Incontounable énergie nucléaire


Alors que la crise climatique s’aggrave de façon exponentielle, les états cherchent les moyens de freiner cette débâcle qui nous menace tous mais en préservant certains acquis dont la suppression provoquerait des soulèvements populaires auprès desquels la révolte des Gilets jaunes ressemblerait à une promenade de santé.

Rêver un peu, beaucoup, mais jamais trop

L’augmentation hallucinante du prix du gaz, du pétrole et donc de l’essence à la pompe va d’abord impacter les plus démunis. En France, il existe dix-huit millions de personnes qui peinent à se chauffer l’hiver. Les dernières projections relatives à la transition énergétique mettent toutes l’accent sur la nécessité du nucléaire. Ce sont désormais 60 % des Français interrogés qui approuvent cette énergie hier maudite. Il est vrai que la maîtrise de la situation est désormais soumise à une batterie de paramètres qui échappent en grande partie à l’homme.
Le temps d’abord : le réchauffement climatique est plus rapide que prévu et, en tous les cas, plus rapide que les décisions humaines.
Le social ensuite : une grande partie de l’humanité a désormais pris goût aux bienfaits de l’énergie : chauffage, refroidissement, lumière, etc. et pourra difficilement s’en passer.
Les cultures ensuite : des sociétés se sont bâties sur l’idée que leurs citoyens avaient droit à tout et refusent de céder la moindre part de ces avantages. Les États-Unis en sont un bon exemple. La modification des lieux de vie dans lesquels les transports en commun sont mal faits et peu efficaces privilégiant de fait les transports individuels.
Le consumérisme effréné enfin : nous nous sommes habitués à acheter tant et plus à des prix de plus en plus bas. Dans un pareil contexte social — économico-psychologique difficile de proposer une solution satisfaisante pour tous.

Le rêve écologiste

Les écologistes sérieux comme Négawatt estiment possible d’atteindre une planète qui n’utiliserait que des énergies renouvelables et sans nucléaires d’ici 2050. Sur le papier, tout fonctionne. Mais lorsqu’on analyse les conditions pour y parvenir, on se met à douter. Car Négawatt, par la bouche de son directeur Stéphane Chatelin, décrit « les deux piliers » de son scénario : la sobriété et l’efficacité énergétique. Il aurait dû y ajouter le coût.
Nous savons tous que le nucléaire est, dans le court et le moyen terme, l’énergie la moins coûteuse. Elle permet à la France de maintenir des prix à la consommation en dessous de la moyenne européenne.
Par ailleurs, la tendance actuelle est exactement à l’inverse de la sobriété. Aujourd’hui en Corse, climatiseurs obligent, la consommation estivale est supérieure à celle de l’hiver.
Restent enfin les outils de la transition énergétique. Toutes les études honnêtes portant sur l’énergie propre démontrent qu’une telle démarche exigera au mieux des décennies. La consommation, affirme Alain Grandjean, président de la Fondation pour la nature et l’homme, « pourrait atteindre 600 TWh (térawattheures ou millions de mégawattheures, MWh) contre 500 TWh aujourd’hui ». La production serait de 60 TWh à partir d’hydraulique, biomasse ou biogaz, 120 TWh à partir de solaire, 180 TWh par des éoliennes sur terre et 340 TWh par des éoliennes en mer. Total : 700 TWh. Mais lui rétorque Henri Prévot, consultant en politique de l’énergie, dans les colonnes du Monde : « Pour que ces 700 TWh de production répondent à une demande de 700 TWh, il faudrait pouvoir stocker et déstocker l’électricité sans pertes. Or, pour pallier l’absence de vent pendant seulement une journée, il faudrait dix fois la capacité des stations de transfert d’énergie par pompage (Steps) existantes. Pour doubler la capacité existante, il faudrait plus de 700 kilomètres de réservoirs de cent mètres de large et dix mètres de profondeur. » C’est donc impossible.

Il faudrait… oui, mais.

Pour arriver à un résultat moyen, il faudrait réduire les distances parcourues par les voitures, densifier l’habitat, proscrire la maison individuelle avec jardin, diminuer la température des lieux de vie. Et ça serait encore largement insuffisant : il faudrait mettre tous les logements existants au standard « bâtiment basse consommation » (BBC), comme les bâtiments neufs. Et même en supposant qu’une solution sans nucléaire et sans CO2 soit techniquement possible, les besoins de stockage et d’économies d’énergie rendraient cette solution deux fois plus coûteuse qu’avec du nucléaire, plus un peu d’éolien et de photovoltaïque. Enfin, à l’heure où on cherche à recréer une industrie indigène pour ne plus dépendre de l’Asie, remplacer du nucléaire par des éoliennes et du photovoltaïque obligerait à consommer huit à douze fois plus de sable, de fer et de cuivre et de matériaux coûteux et rares dont nous n’avons pas la maîtrise productive. Ce serait se mettre sous la dépendance des fournisseurs, notamment la Chine. Alors bien sûr, c’est insatisfaisant, mais notre maison brûle et nous n’avons plus le temps de rêver.

GXC
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