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A travail égal, salaire égal ? Toujours pas !

L'égalités des salaires entre hommes et femmes n'est toujours pas acquise


9 h 22, le 3 novembre 2021. Depuis ce jour et jusqu'à la fin de l'année, les actives ne sont plus payées, au regard des différences de salaires avec les hommes. En France, la crise sanitaire a donné un sérieux coup de frein à la lutte pour l’égalité salariale. Inscrite dans le Code du travail depuis 1972, l'égalité des salaires entre hommes et femmes n'est toujours pas acquise.


#3novembre9h22

Selon le collectif Les Glorieuses, du 3 novembre au 31 décembre 2021, les Françaises travailleraient pour du beurre. Eurostat, organisme de statistiques de l’Union européenne, établit l’écart salarial à 16,5 % au détriment des femmes. 1 point de plus qu’en 2020. En 2015, c'était à partir du 5 novembre à 16 h 47. En 6 ans, on a donc reculé de 2 jours et demi. En 2019, l'écart de salaires hommes/femmes chez les cadres était passé à 13 %. Mais l'an dernier avec la pandémie, il est remonté à 15 %. Puisque 2022 sera une année électorale, le collectif Les Glorieuses a lancé une pétition sur son site pour que les citoyens se mobilisent en soutenant trois principales mesures. La première est d’appliquer le principe d’éga-conditionnalité. Il s’agit de conditionner l’accès aux marchés publics et aux subventions aux entreprises qui respectent l’égalité de rémunération entre les sexes. Il s’agit aussi de revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses (professions paramédicales, corps enseignant…). Enfin, assurer la promotion du congé parental, pour qu’il soit payé de manière équivalente pour les deux parents. Ce congé permettrait aux hommes et aux femmes de jouir d’un congé maternité (postnaissance) et d’un congé paternité de même durée, pour que ce temps soit équitablement partagé entre les deux parents. Car une enquête de l'Insee a révélé que contrairement aux hommes, dont les revenus ne sont pas impactés par l'arrivée d'un enfant, les mères perdent en moyenne un quart de leurs revenus salariaux cinq ans après la naissance de bébé.


Hors-la-loi

La loi du 5 septembre 2018 a rendu obligatoire la mise en œuvre d'un index de l'égalité professionnelle pour les entreprises de plus de 50 salariés, à rédiger et publier tous les ans afin de mesurer les inégalités salariales. Lorsque ces dernières s'avèrent trop fortes, les entreprises ont trois ans pour faire disparaître les écarts de rémunération, sous peine de se voir infliger des sanctions administratives et financières. Les responsables de la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS) de Corse ont présenté le bilan établi par l'inspection du travail en 2019 et 2020. Celui-ci atteste que les salaires des femmes « restent inférieurs de 9 % à ceux des hommes sans aucune autre explication que le genre ». En 2020, 79 % des entreprises corses d'au moins 50 salariés ont publié leur index de l'égalité professionnelle. 6 % d'entreprises ayant un index inférieur à 75/100 doivent mettre en place des mesures de correction. Même celles qui obtiennent un résultat supérieur au seuil retenu doivent viser l'égalité totale. Cette mesure fait l'objet d'un contrôle plus strict, qui porte plus sur une égalité de résultats. Selon la DREETS, la situation dans les PME et TPE s'avère plus difficile à suivre et contrôler compte tenu de leur masse salariale, non soumise à l’index. Moins il y a de référentiels, plus il est compliqué de matérialiser l'absence d'égalité. Pour autant, l’égalité professionnelle s'applique à tous. L'égalité des salaires est un principe du droit du travail déterminant qu'aucun salarié, quel que soit son sexe ou sa catégorie sociale, ne peut faire l'objet d'une attitude discriminatoire en matière de rémunération.


Plafond de verre

Toutes ces mesures d’écart salarial se basent sur des postes à temps plein et de même échelon. Or l’Insee a calculé que 80 % des emplois à temps partiel sont occupés par les femmes occupent. Un paradoxe, puis qu’elles ont un niveau d’éducation plus élevé (62 % contre 52 %). Les différences sont donc structurelles. Car ce sont les femmes qui aménagent leur temps de travail pour s’occuper des enfants ou des personnes âgées. Les inégalités domestiques pèsent aussi dans cette lutte. En juin, l'INED a publié une étude sur l'impact de la crise de coronavirus sur le travail des Français. Les femmes sont bien plus affectées que les hommes. Et les aides accordées par l’État aux entreprises sont injectées dans des secteurs où l’emploi masculin domine. La situation va avoir du mal à s’inverser.
Maria Mariana
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