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Protection de l'environement : le bon geste, c'est la baffe !

La protection de l'environement exige que l'on ne prenne pas les gens pour des enfants ou des immatures.

Protection de l’environnement : le bon geste, c’est la baffe !



La protection de l’environnement exige que l’on ne prenne pas les gens pour des enfants ou des immatures. Cela finit par irriter le citoyen respectueux des textes et d’autrui, alors que les contrevenants s’en fichent.


Un message figure encore souvent dans la communication environnementale : l’incitation au « bon geste ». Quand je le lis ou l’entends, j’éprouve la désagréable sensation que l’on me considère irresponsable et que l’organisme public ou privé, ou les disciples de Jadot, Rousseau ou Hulot qui émettent ce message, se prennent pour ma mère ou mon père quand j’avais quatre ans. N’en déplaise aux communicants et leurs commanditaires, il semble avoir assez de « jugeote » pour estimer nécessaire de trier mes déchets, de mettre une bouteille dans le container dédié au verre et non celui destiné au papier, de déposer mon vieux frigo à la déchetterie, d’éviter de nourrir les poissons avec des piles de télécommandes.
Si l’on me dispense des conseils pratiques, je suis bon public. Mais si l’on me prend pour une irresponsable ou me tient un discours infantilisant, je crie : « Avà, basta cusi ! ». Les discours « citoyens », en réalité moralistes ou didactiques, sont certes dans l’air du temps. Mais je ne m’y fais pas ! J’estime que si un enfant a besoin de recevoir des valeurs et des repères lui permettant de se construire en harmonie avec le monde qui l’accueille, l’adulte est en droit d’attendre une information pertinente et une sensibilisation de son bon sens, et n’a pas vocation à supporter à longueur d’année des messages directifs ou culpabilisants.


Vive le bambou, vive la cruche !

Trop souvent, celles et ceux qui invoquent le « bon geste » , ont des pratiques destructrices envers la faune ou la flore, irrespectueuses des sites et des paysages, peu soucieuses de l’économie des ressources. Permettez-moi de citer deux « bons gestes » dont ce beau monde s’affranchit fréquemment. Utiliser un filtre fabriqué à partir de bambou qui laisse l’eau percoler après qu’elle ait traversé du café moulu, me paraît souhaitable quand vient l’envie de boire ou offrir un « petit café ».
Mais, trop souvent, les institutions, entreprises, copines ou copains se revendiquant du « développement durable », utilisent encore des dosettes alu. L’entreprise qui les commercialise assure bien entendu que celles-ci peuvent être recyclées. C’est vrai. Mais elle omet d’ajouter que ce recyclage est énergivore et de préciser que la production d’aluminium donne lieu au rejet de boues contenant du titane, de l’oxyde de fer, de l’oxyde d’aluminium, de l’oxyde de silicium, du chrome et du cadmium. Trop nombreux sont celles et ceux se revendiquant écologistes qui m’invitent à boire de l’eau conditionnée dans des bouteilles plastiques. Ignorèrent-ils qu’ils incitent aussi à la fabrication des 25 millions de bouteilles plastique nécessaires au conditionnement de l’eau de table ou de l’eau minérales consommée chaque jour ? En ville, il me semble plus judicieux de consommer ce que mes grands-parents appelaient « l’eau du robinet ». Au village, je crois préférable de boire « l’eau de fontaine » que je suis « allée chercher » avec la vieille cruche en terre cuite de Mamo.


Pour un message concret, fondé et crédible

Selon moi, la protection de l’environnement exige que l’on ne prenne pas les gens pour des enfants ou des immatures. Cela finit par irriter le citoyen respectueux des textes et d’autrui, alors que les contrevenants s’en fichent. Pour obtenir un engagement ou le respect d’une règle, il faut que le message y incitant soit concret, fondé et crédible. Point il convient aussi qu’il soit accompagné d’actes forts. Inciter à ne pas polluer ne vaut que si les contrevenants sont sanctionnés. Alors, décideuses et décideurs, un peu moins de promotion du « bon geste » et un peu plus de brigades vertes et d’amendes dissuasives. A l’invocation du « bon geste », préférez l’administration de « la baffe » …


Alexandra Sereni
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