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De L'Aghja à L'Alb' Oru

Prouvoir la création musicale en Corse

De L’Aghja à L’Alb’Oru
Coup double pour Le Rézo



Promouvoir la création musicale en Corse. Soutenir les artistes et les groupes insulaires émergents et en développement en leur permettant de se produire en scène… Voilà les objectifs du Rézo qui propose de nouveaux rendez-vous : le 27 novembre à L’Aghja et les 10 et 11 décembre à L’Alb’Oru.



A L’Aghja, le Rézo propose une soirée « Découverte ».
Au programme le groupe, « We See Hawks » qui s’exprime dans des couleurs soul-folk, électro et indie. Terme désignant à la fois un genre et une mouvance rock se voulant indépendants des standards commerciaux. « We See Hawks » ou un mélange de styles, un croisement de réminiscences et de sonorités up to date. Un groupe au gré de balades-ballades au grand air et baigné de sons très urbains.

Deuxième proposition du 27 novembre
: ACP (Automatic Cartouche Pistolu). Prénom : Anthoni, la trentaine. Contaminé par le virus du rap en corse te en français il y a quelques années. Elevé entre Rusazia et Aix-en-Provence. Originalité ? Mêler musiques insulaires traditionnelles et celles des quartiers. ACP c’est aussi l’alliage de la poésie et de l’humour de la tendresse pour la montagne et de pieds-de-nez ironiques adressés par ceux d’en bas aux friqués d’en haut. Trois de ses titres retiennent beaucoup l’attention : « Pastore » et ses variations d’appels très rythmiques caractéristiques des bergers d’antan dont les descendants s’acharnent à s’accrocher à leur terre et à leurs troupeaux envers et contre tout. « Mon Yacht », plus de 300 000 vues sur YouTube. « Veru », ode à la Corse et coup de colère à l’injuste. ACP, qui a sorti un album « Chjama » est un artiste à suivre, en particulier pour son rap qui slamme et ses atmosphères musicales envoûtantes.

Troisième prestation annoncée
celle de « OH Viktor ». Cet auteur-compositeur-interprète-producteur avant de se lancer solo dans l’électro-pop de « Oh Viktor » a collaboré à de nombreux collectifs rocks, jazz, pop…

Les 10 et 11 décembre
, à L’Alb’Oru, Le Rézo organise le vendredi à 18 heures un apéro conviviable entre des artistes sélectionnés le 18 novembre par appels à candidature et des invités appartenant aux métiers de la filière musicale travaillant ici ou sur le continent. Le samedi de 10 à 18 heures des rencontres se dérouleront entre ces professionnels, les chanteurs et les groupes participant aux deux journées afin de leur donner conseils, avis, informations sur tous ce qui intéresse des parcours artistiques, de l’édition musicale à la création audiovisuelle et scénique, de la programmation et de la planification de tournées à l’autoproduction.

Lors de la soirée du vendredi on pourra écouter-voir : « Corsican Family », du rock venant de Saint-Florent ; ITI, de l’électro-indus de Basti ; Atlas, du rock de Farinole ; The Buckles, des rockeurs bastiais.
Le samedi soir sera un peu le couronnement du rap ajaccien et bastiais avec NALLA, IZIPEAZY, Luvang et ACP.

Les « pros »

De Paris, Isabelle Dacheux, spécialiste de l’édition musicale. De Toulon, Charlie Maurin, de l’association Tandem, musiques actuelles du Var. De Bastia, Anaïs Monnet de l’Agence ACME. D’Ajaccio, Alexandre Diani du groupe Casablanca Drivers, tourneur. De Marseille, Gaëlle Jeandron, coach scénique, directrice artistique, productrice…



« On n’exclut aucun genre musical, seul impératif que ce soit des créations tant pour les paroles que pour les musiques. »
Marie Cécile Hanin, coordinatrice du Rézo


Quand Le Rézo a-t-il été créé ? A quelle occasion ?
En 2008 des acteurs culturels ont voulu unir leurs forces et mutualiser leurs moyens afin de parer aux problèmes rencontrés par les nouveaux artistes insulaires (chanteurs et musiciens) pour développer leurs projets et se faire connaitre. En résumé Le Rézo est une association de soutien à la création musicale insulaire.


Est-ce une spécificité corse ou l’antenne d’une initiative plus large basée sur le continent ?
C’est une spécificité de l’île qu’on peut retrouver ailleurs sous d’autres noms, avec d’autres dirigeants ayant d’autre manière de se gérer. Ici, Le Rézo a établi des collaborations avec la ville de Bastia afin d’avoir des actions communes pour soutenir l’accompagnement des artistes et aider à la diffusion de leurs productions. Des partenariats existent également avec les villes d’Ajaccio et de Cargèse. Le Rézo adhère aussi au Pôle de Coopération des Acteurs de la Filière Musicale en Région Sud et Corse (PAM).


Plus de détails sur ce PAM ?
Ce pôle fédère 90 structures qui couvrent le spectacle vivant, la musique enregistrée, l’édition musicale, l’innovation numérique, l’audiovisuel, la formation, la fabrique d’images… Le PAM facilite les échanges et les projets de développement des artistes insulaires vers l’extérieur. Stéphane Biancarelli, très actif, dans la promotion des musiques actuelles, fait partie de ce pôle.


Les principales carences constatées sur le terrain ayant conduit à fonder Le Rézo ?
Le manque de lieux pour se produire devant un public, l’absence de soutien technique et artistique indispensable à l’évolution et l’épanouissement des artistes débutants et émergents d’ici. D’où une déclinaison de propositions à leur intention englobant des lieux de formation et de résidence, des structures de diffusion, des liens avec des membres de réseaux nationaux.


Qui fait quoi au Rézo ?
L’association est présidée et gérée par Juana Macari d’ « Una Volta ». Autour d’elle un conseil d’administration constitué de représentants des structures adhérentes. Stéphane Biancarelli est le directeur du Rézo dont je suis la coordinatrice – chargée de production.


Comment Le Rézo fait-il connaitre les artistes et les groupes qu’il a repérés ?
Par des « Tremplins » ou « Scènes ouvertes » en microrégions. Par des mini tournées d’artistes repérés à l’issue des « Tremplins » et « Scènes ouvertes ». Par des participations à des concerts, à des festivals ici et hors de Corse, comme cela a été le cas avec « Play Out » au Printemps de Bourges. Voilà pour chanteurs, musiciens, groupes autant d’occasion d’avoir de bonnes conditions techniques face à un public, d’être suivis dans leur progression et d’être motivés.


De quelles façons procédez-vous au repérage des artistes ?
On fait des appels à candidatures par le biais de formulaires en ligne. On demande aux postulants des maquettes, des visuels, des fiches techniques sur eux, sur les membres de leur groupe. On n’exclut aucun genre musical, seul impératif que ce soit des créations tant pour les musiques que pour les paroles. On ne rejette aucune esthétique, cela peut être du rock, de la pop, du rap, de la chanson française, de la polyphonie… Il n’y a pas de limite d’âge pour s’inscrire, ainsi dans le quatuor électro bastiais, « Berthe », se produisent côte à côte, Olivier Berthelet, chant et son fils, Corentin, aux machines…


Dans quels lieux les artistes soutenus par Le Rézo peuvent-ils se produire ?
L’Aghja à Ajaccio, L’Alb’Oru à Bastia, au Tavagna Club de Talasani, à La Fontaine de Bastelicaccia, au Centre culturel, Natale Rocchiccioli, de Cargèse, à Anima sur la Plaine Orientale, à « Una Volta ».


Outre un soutien à la diffusion quelles autres aides Le Rézo peut-il apporter ?
On peut aider les artistes dans des formalités administratives comme les déclarations d’intermittents, dans la constitution de dossier de subventions à la CDC… Pendant les confinements les stages collectifs de formation se sont transformés en accompagnements ciblés et individuels. Tania Zolty a alors dispensé ses conseils en perfectionnement de présence sur scène et de technique vocale par visioconférence.


Quelle est votre définition des musiques actuelles ?
Pour moi elles impliquent obligatoirement la création à un instant T. Elles ne se bornent pas au rock, au rap, à la pop ou à l’électro mais peuvent parfaitement englober les musiques issues de la tradition corse, à condition de comporter musiques et paroles originales.


Comment se portent les musiques actuelles sur l’île ?
Il y a une véritable effervescence dans ce domaine et la Corse est un véritable vivier.


Pourquoi le recours si souvent à l’anglais ? Un anglais, en prime, trop approximatif ?
L’anglais est une langue universelle, d’où son emploi très fréquent. Elle a aussi pour elle d’avoir une belle esthétique et de sonner mieux que d’autres parlers.


Vos espoirs pour Le Rézo en 2022 ?
Construire des ponts sur la Méditerranée afin qu’artistes et groupes corses soient reconnus à l’extérieur de l’île.

Propos recueillis par M.A-P



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