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Immigration, un problème ?

Le récent naufrage dans la Manche qui a fait au moins 27 morts de migrants au nord de Calais replace ce sujet brûlant de l'immigration sous le feu des projecteurs.

Immigration, un problème ?


Le récent naufrage dans la Manche qui a fait au moins 27 morts de migrants au nord de Calais replace ce sujet brûlant de l’immigration et de l’accueil des migrants sous le feu des projecteurs. Pourtant, la France n’est pas le pays le plus attractif de l’OCDE. France, terre d’asile ? Plus si certain.

L’épreuve des chiffres



Avec environ 277 000 entrées d’immigrés permanents en 2018 pour 67 millions d’habitants, le taux d’immigration en France s’établit à 0,4 %. Proportionnellement à sa population, la France accueille deux fois moins d’immigrés que l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, et trois fois moins que la Suède ou l’Autriche. C’est ce qu’a établi le Conseil d’analyse économique : le flux annuel des immigrés permanents entrant en France représentait en 2019, 0,41 % de la population, deux fois moins que la moyenne de l’OCDE (0,8 %).
Concernant les demandes d’asile, depuis la crise des réfugiés en 2015, la France a enregistré en moyenne 1 650 demandes pour 1 million d’habitants chaque année, soit un taux de demandes d’asile équivalent à 0,17 % de sa population. On dénombre 61 000 demandeurs d’asile arrivés dans l’Europe en 2020, soit la moitié des chiffres de 2018 et 2019. Selon Eurostat, la France compte 7, 4 % d’étrangers, l’Allemagne 10 %, l’Italie et l’Espagne 8 %, le Luxembourg 47 %. Comparée à ses voisins européens, la France se caractérise par des flux d’immigrés modérés et une part d’immigrés dans sa population relativement modeste. Si l’on regarde les chiffres avec plus d’attention, le problème n’est pas tant dans la quantité que dans l’attractivité que représente la France. En 2021, l'Hexagone passe de la 21e à la 19e place de l'Index mondial compétitivité et talents élaboré par l'Insead et Accenture. La France est 16 rangs derrière les États-Unis, 7 derrière le Royaume-Uni et 5 derrière l’Allemagne.
Conséquence : seuls 9 % des immigrés viennent en France au titre du travail contre 44 % au titre familial. La nature du problème de l’immigration est vraisemblablement ailleurs. La France ne fait plus rêver.

Un faux problème ?


Le regroupement familial n’est qu’une composante de l’immigration pour motif familial et ne représente que 4 % des titres de séjour de 2019. Ce motif permet à un ressortissant étranger d’un pays extracommunautaire régulièrement installé en France d’être rejoint, sous réserve de remplir certaines conditions (de logement et de ressources), par les membres de sa famille (son conjoint et ses enfants mineurs). Les chiffres du regroupement familial ne comptabilisent donc pas les titres de séjour délivrés à des membres de famille de Français ou de ressortissants de l’Union européenne (comme le Portugal, l’un des flux importants d’immigration en Corse).
Le nombre de premiers titres de séjours délivrés pour motif humanitaire a doublé depuis 2010 pour s’établir à près de 40 000 en 2019, soit le même volume que ceux accordés pour raisons économiques. La hausse des entrées d’immigrés extracommunautaires en France est donc aussi liée à la montée de l’immigration économique.
Quant aux coûts que cela représente dans le budget de l’État, l’OCDE a sorti la calculatrice.
Résultat ? Si on compte tout ce que l'État dépense sur les migrants, de la santé à l'éclairage public, en passant par la police et les allocations, et ce qu'ils contribuent, l’écart de contribution budgétaire nette est entre -1 et +1 % du PIB. La peur de l’Autre, elle, n’a pas de prix.

Principe de fraternité


Il faut distinguer le migrant de l’immigré. Le premier fuit son pays, le second cherche à s’établir volontairement dans un autre pays que celui de sa naissance. Ces flux de personnes représentent parfois un juteux business qui fait entrer des personnes clandestinement dans un pays.
En septembre, une enquête de la police aux frontières de Corse a permis le démantèlement d’une importante filière d’immigration clandestine entre le Maroc et la France.
Début novembre, dix réfugiés syriens et un skipper allemand ont débarqué dans le port de Porto-Vecchio. C'est la deuxième fois que des migrants accostaient en Corse. En 2010, 123 réfugiés kurdes avaient été retrouvés abandonnés sur une plage de Bonifacio. On est loin de l’invasion avancée par les candidats aux élections. D’autant que la France est un vieux pays d’immigration. Son immigration familiale s’est développée depuis le milieu des années 1970. C’est l’un des pays d’Europe avec la plus forte proportion d’enfants d’immigrés. Et donc des mariages mixtes. Loin du grand remplacement.

Maria Mariana

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