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Un cinglant échec

Les partisans de la majorité nationaliste rassemblent péniblement deux cents personnes à Ajaccio

Les partisans de la majorité nationaliste rassemblent péniblement deux cents personnes à Ajaccio


Six ans après la première victoire nationaliste aux territoriales, ils étaient une cinquantaine d’élus de la majorité actuelle, à protester devant les grilles de la préfecture de région pour demander à ce que l’État prenne à son compte une part des 90 millions dus par la CdC à Corsica ferries et plus largement à nouer un dialogue sur les principales revendications nationalistes : rapprochement des trois derniers condamnés pour l’assassinat du préfet Erignac, enclenchement d’un processus de solution politique globale, etc. Ils appelaient à une mobilisation qui s’étalerait sur plusieurs mois avec une première manifestation à Ajaccio le samedi 4 décembre. Elle s’est transformée en un cinglant échec : 200 personnes à peine, autant à Bastia et les autres groupes nationalistes absents.


Le dos au mur


Les simeonistes semblaient avoir enfin compris que dans un combat politique la mobilisation populaire est la prolongation du scrutin. Encore fallait-il en avoir les moyens. Dans le langage alambiqué qui est le sien, Jean-Félix Acquaviva avait signifié que « le retour à la rue ne signe pas notre échec ». Mieux valait le préciser tant l’actuelle majorité piétine dans la plupart des domaines. Elle vient d’y ajouter l’échec populaire en mobilisant à peine quatre cents personnes (pas même l’appareil militant) devant les préfectures.
Un signal négatif lancé à l’état qui comprend bien qu’il n’a devant lui qu’un tigre en papier. Le député Acquaviva a annoncé — après six ans de gestion tout de même — que « la stratégie de la prise de responsabilités vise aussi à installer, par le travail quotidien, une autonomie de fait dans nombre de domaines. Sur ces champs-là, des progrès seront actés qui ne dépendront pas forcément du comportement de l’État. » Chacun appréciera l’usage du futur après tant d’années d’exercice du pouvoir. Et le député de ne pas craindre le ridicule en usant d’une comparaison osée : « Si nous sommes des sous-citoyens, des indigènes, des confettis de l’empire colonial français, que l’on soit corse, guadeloupéen, antillais, kanak, qu’on nous le dise clairement. » Un tel parallèle est pour le moins audacieux surtout quand on connaît la part prise par les Corses dans la conquête coloniale.
D’un autre côté, réjouissons-nous : Femu demande à ce que les Corses deviennent plus encore des citoyens français à part entière. Allelujah ! On a surtout l’impression que l’exécutif, désormais seul en selle, ne sait plus trop comment (ré) agir dans le dossier de la Corsica ferries. Certes l’État porte une lourde responsabilité dans la décision prise à l’époque, mais la CdC aurait dû année après année provisionner les comptes. De plus, pour quelles raisons l’actuelle majorité n’a pas dénoncé l’injustice faite à la Corse quand elle est arrivée à la direction de la région il y a six ans préférant approuver le licenciement des lanceuses d’alerte ?


Péché d’orgueil


La direction simeoniste espèrait un miracle et réitérer le cavalier seul des élections territoriales. Elle avait donc snobé une fois encore les autres forces nationalistes pour mobiliser samedi. Celles-ci se sont fait un plaisir de la laisser aller seul au feu (la présence du seul Paul Félix Benedetti apparaît alors comme une courtoisie sans importance).
Or Femu ne sait plus enthousiasmer les foules (en hiver de surcroît). Le risque était donc de faire chou blanc et de paraître plus faible encore. Voilà qui est fait. Simeoni a proclamé qu’il ne démissionnerait pas alors même que personne ne le lui demandait. Curieux message qui, là encore, traduit en creux les angoisses du président de l’exécutif. Il est désormais certain qu’en janvier le préfet prélèvera sur le budget régional une somme qui approchera les 100 millions. Et d’autres suivront induites par les DSP dites courtes et donc illégales.
Le député Acquaviva a parlé de menaces que le préfet aurait fait planer sur Air Corsica lequel a aussitôt démenti. Le problème est réel non pas parce que l’état voudrait sanctionner une Corse qui aurait mal voté. Mais tout simplement parce que le système des DSP est désormais obsolète et que plutôt que de vouloir s’accrocher à une branche pourrie, mieux vaudrait tenter d’imaginer autre chose dont pourrait profiter la Corse. Les nationalistes n’ont pas été portés sur le bouclier de la victoire pour entretenir le passé, mais pour imaginer le futur. Pour l’instant, ils n’ont aucune démontré qu’ils en étaient capable.

GXC
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