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Être ou ne pas être accro

Aujourd'hui on parle d'addictions, au pluriel.

Être ou ne pas être accro


Aujourd’hui, on parle d’addictions, au pluriel. Car on peut être accro à d’autres choses qu’à l’alcool, au tabac, aux drogues… On peut être accro au jeu d’argent, aux jeux vidéo, au shopping, au sexe, au téléphone portable, à l’argent… Peut-on vraiment être accro à tout et n’importe quoi ? N’oublions pas que c’est une maladie. Cette pathologie cérébrale touche des millions de personnes en France.



Addiction avec ou sans produits

L’addiction est ce qui rend une personne dépendante de quelque chose. La personne ne peut plus se passer de cette chose. Ce qui était, à l’origine, en droit romain, le fait d’une personne qui était esclave de ses dettes. La personne ne pouvait plus payer son créancier, elle devenait « addictus », dévouée à son créancier, qui pouvait disposer entièrement de sa personne. Aujourd’hui, on dit volontiers dans le langage courant qu’untel ou unetelle est accro à quelque chose pour dire la passion qu’inspire la chose, mais l’addiction, c’est d’abord une maladie.
La dépendance peut être le fait de substances psychoactives, qu’elles soient licites (tabac, alcool, tranquillisants…) ou illicites (cannabis, cocaïne, MDMA, opiacés, nouveaux produits de synthèse…), mais aussi à des comportements, tels que les activités sexuelles, les jeux de hasard et d’argent, la consommation de sucre, l’utilisation des réseaux sociaux, la pratique des jeux vidéo, de l’exercice physique, ou même le shopping, et plus récemment, le smartphone.


Repérer l’addiction

On peut être passionné par quelque chose sans en être dépendant. L’addiction en tant que pathologie a six critères : l’importance de la chose dans la vie de la personne, l’humeur de la personne dépend de la chose, cette chose compromet les aspects de la vie de la personne, le temps passé pour la chose augmente exponentiellement, la personne éprouve des symptômes de manque psychologique et/ou physiologique si elle ne peut pas s’adonner à la chose, et même en cas de courte pause, dès qu’elle est en contact ou recommence, elle replonge. Tout en niant le problème.
Le déni est l’une des caractéristiques de l’addiction. Tout commence par un phénomène de consommation répétée, cela s’installe progressivement, puis on ne peut plus s’en passer et même après un sevrage, on replonge immédiatement, malgré tous les risques du comportement, qu’ils soient médicaux, psychologiques, psychiatriques et sociaux. Selon les professionnels, l’addiction « traduit un déséquilibre permanent de l’échelle personnelle du plaisir » puisque quand elle consomme la chose, la personne se sent mieux, mais pas assez longtemps, alors l’intensité, la fréquence augmente, sans que le plaisir ne soit jamais atteint.
C’est sans fin, car on ne peut plus se contrôler. Pour que cela soit considéré comme une addiction, il faut que ces problèmes soient récurrents sur une période de douze mois. Car on ne devient pas accro en une fois. Le risque d’addiction dépend lui aussi de plusieurs facteurs neurobiologiques, cérébraux, psychologiques, comportementaux et environnementaux. Et il dépend aussi de la précocité de l’usage d’une substance : plus la consommation commence tôt, plus le risque de consommation excessive, et donc d’une possible addiction, est élevé. Sans oublier le cumul des consommations et bien sûr l’envie de se défoncer.


L’addictologie

Sortir d’une addiction est un processus long, les risques de rechute sont avérés. La prise en charge ne peut qu’être globale et sur le long terme, car le traitement ne se fait pas que sur le comportement, il faut aussi traiter tous les troubles associés, de la dépression, à des problèmes physiques induits par l’addiction (troubles de la mémoire, de l’attention, problèmes hépatiques, cardiaques…). Il n’y a pas à focaliser que sur le comportement, il faut prendre en compte la globalité de l’environnement de la personne et l’impact que la consommation a eu dans tous les facteurs de la vie de la personne. Les centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) regroupent depuis 2011 les centres spécialisés de soins aux toxicomanes (CSST) et les centres de cure ambulatoire en alcoologie (CCAA). Leur vocation est d’apporter une prise en charge pluridisciplinaire et conceptuelle sur toutes conduites addictives, quel qu’en soit l’objet. L'ARS et la Mildeca ont édité un annuaire des consultations gratuites d'addictologie proposées en Corse. Le premier pas pour arrêter, c’est de chercher, et trouver, de l’aide.


Maria Mariana
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