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Retro 2021 Actu

Retour sur l'année 2021
Retour sur l’année 2021
Tour d’horizon non-exhaustif des événements qui ont marqué l’année écoulée en Corse.



Coup de filet contre le « Petit Bar »


L’année commence par une vague d’arrestations visant la bande dite du « Petit Bar » et son entourage. Le 10 janvier, dans le cadre d’une enquête financière pilotée par la Jirs de marseille, vingt personnes sont interpellées à Ajaccio et Paris. Parmi elles figure notamment Jacques Santoni. Présenté par la police comme le chef de la bande criminelle ajaccienne, le quarantenaire - lourdement handicapé à la suite d’un accident de moto - est incacréré à l’unité médicalisée de la prison de Fresnes. Toujours dans cette même procédure, le promoteur ajaccien Antony Perrino est lui aussi mis en examen et écroué à Luynes le 28 janvier. Tout comme Jacques Santoni (libéré en septembre), le chef d’entreprise sera remis en liberté en octobre et placé sous contrôle judiciaire. Également poursuivi dans ce même dossier financier, Mickaël Ettori est quant à lui toujours en fuite.


La Collectivité de Corse condamnée


Le 22 février, la cour administrative d’appel de Marseille condamne la Collectivité de Corse a verser 86,3 millions d’euros à la Corsica Ferries pour « concurrence irrégulière » entre 2007 et 2013. Les suites d’un long feuilleton judiciaire. Le début, aussi, d’un long bras de fer entre Paris et la majorité nationaliste qui pointe la responsabilité de l’État dans ce dossier. Fin septembre, le Conseil d’État confirme la condamnation. S’ensuivent des rapports plus que tendus entre le président de l’Exécutif et le préfet Pascal Lelarge, qui somme, dans une lettre, la Collectivité de Corse « d’honorer sa créance ». Finalement, le 10 décembre, un accord est trouvé. Le gouvernement abonde le PTIC (Plan de transformation et d’investissement pour la Corse) de 50 millions d’euros. Pour l’État, c’est une manière implicite d’aider la CdC à payer la somme, sans pour autant reconnaître publiquement sa coresponsabilité dans cet épineux dossier. Peut-être un premier signe de dégel dans les relations entre l’île et Paris…


« Commando Erignac » : une mobilisation tous azimuts


Avec « l’affaire Corsica Ferries », le dossier du rapprochement des prisonniers du « commando Erignac » - Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna – aura également cristallisé les tensions entre la majorité territoriale et l’État au cours de ces douze derniers mois. Le 30 janvier, une manifestation réunit 1500 personnes à Corte pour demander la levée du statut de DPS (Détenu particulièrement signalé) des trois hommes condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité mais pouvant prétendre à un aménagement de peine. Le 22 février, un groupe de jeunes occupe la préfecture de région dans le but d’obtenir une avancée sur ce statut de DPS qui fait obstacle à leur transfèrement à Borgo. Autant d’actions qui font écho aux différentes demandes de liberté conditionnelle des trois prisonniers constamment rejetées par la justice. Le 22 octobre, l’Assemblée de Corse adopte à l’unanimité une résolution solennelle en faveur de leur rapprochement immédiat dans l’île. Toutes tendances confondues, les politiques affichent leur unité sur la question. Le 9 décembre, une délégation insulaire emmenée par Gilles Simeoni rencontre les députés à l’Assemblée nationale. Que ce soit au nom de leur groupe ou à titre personnel, les parlementaires se prononcent eux aussi tous pour « l’application du droit ». Reste à savoir si Jean Castex en fera de même, le Premier ministre étant censé statuer prochainement sur la levée du statut de DPS des trois détenus.


Vaccination Covid : la Corse en tête


Début mai, l’île compte un tiers de ses habitants primo-vaccinés. Avec 110.000 personnes ayant reçu leur première dose, soit 33% de sa population, la Corse est alors est alors le meilleur élève de France concernant la vaccination contre le Covid-19. Les 15 centres de vaccination, dont ceux de Baleone et Lupinu, ne désemplissent pas. Dans les villages, des opérations sont également organisées pour vacciner les personnes ne pouvant se déplacer. À l’approche de la saison estivale, il semble que le solgan de l’ARS - « Pour une île de santé, une île vaccinée
» - ait été entendu. Ce qui n’empêchera pas la situation de se dégrader pendant l’été avec la mise en place de mesures restrictives.


Territoriales : Simeoni III


Après 2015 et 2017, les autonomistes remportent de nouveau les élections Territoriales. Pour la troisième fois en six ans, Gilles Simeoni s'installe dans le fauteuil du président de l'Exécutif. Pour la première fois, une femme, Marie-Antoinette Maupertuis, préside l'Assemblée de Corse. Mais si cette victoire est nette pour Femu a Corsica (40% pour la liste Simeoni), elle a cependant fait apparaître des dissensions dans la famille nationaliste : instauré en 2015, le pacte Pè a Corsica n'a pas survécu à cette échéance électorale. Néanmoins, les trois listes nationalistes raflent près de 69% des voix au second tour. Emmenée par Laurent Marcangeli, la droite constitue la deuxième force d’un hémicycle au sein duquel la gauche n’a plus aucun représentant.


Le retour du FLNC


Le 5 mai, soit 45 ans jour pour jour après sa naissance, un nouveau FLNC voit le jour. Nommée Maghju 21, la structure annonce un « redéploiement tactique dans l’attente de l’amorce par l’État français d’un véritable processus politique de règlement de la question nationale corse ». Dans l’opinion, on craint alors un retour de la violence clandestine un mois avant les élections Territoriales. Les nationalistes au pouvoir à l’Assemblée de Corse ne sont pas non plus épargnés par les critiques des clandestins. Le 2 juin, c’est au tour des FLNC “Union des combattants“ et du “22 octobre“ de prendre la parole conjointement. Réunies pour l’occasion, les deux structures, qui avaient respectivement déposé les armes en 2014 et 2016, s’inquiètent de “la multiplicité préoccupante des apparitions clandestines sans lendemain" tout en dénonçant "la volonté de l'ensemble des organisations publiques de noyer la Lutte de Libération Nationale dans une vision exclusivement électoraliste“. Le 2 septembre, ces deux mêmes organisations regroupées au sein d’un même FLNC durcissent le ton lors d’une conférence de presse clandestine qui laisse peu de doute quant à un retour imminent de la lutte armée. Impression confirmée fin septembre avec la revendication de la tentative d’attentat contre quatre bungalows à Capo di Feno, près d’Ajaccio.



I Comete présenté à Cannes


Le 8 juillet, un ovni cinématographique venu de l’île enflamme la Croisette. Premier long-métrage de Pascal Tagnati, I comete a été sélectionné par l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), une section parallèle du Festival de Cannes. Dès sa projection, le film fait sensation. La critique nationale et internationale encense le réalisateur ajaccien qui a choisi de poser sa caméra à Tolla. S’il n’est pas mentionné (volontairement) dans le film, c’est bien dans le village du Prunelli, en plein été, que se déroule l’action. Sous forme de saynètes, Pascal Tagnati met en scène – en plan fixe - la vie d’un village corse pendant l’été. Entre ceux qui y vivent et ceux qui y reviennent. Le tout campé par des acteurs d’une spontanéité saisissante. Assurément une réussite pour ce film déjà récompensé au Festival de Rotterdam en février dernier.


Agression homophobe à Macinaghju


Dans la nuit du 14 au 15 juillet, un couple homosexuel est violemment pris à partie dans un bar de Macinaghju, sur la commune de Rogliano. Respectivement âgés de 43 ans et 33 ans, les deux hommes ont d'été victimes d’insultes homophobes et ont été frappés par plusieurs personnes. En plein été, l'affaire fait grand bruit. Plusieurs politiques de l'île condamnent l'agression. Les deux victimes déposent plainte. Le parquet de Bastia ouvre une enquête pour "violences volontaires avec ITT inférieure ou égale à huit jours en réunion et à raison de l'orientation sexuelle des victimes". Deux mineurs de moins de 16 ans seront mis en examen pour "injures publiques à caractère homophobe" pour l'un et "violences aggravées et injures publiques à caractère homophobe" pour l'autre.


Disparition de Petru Guelfucci


Le 8 octobre, la Corse apprend avec une vive émotion le décès de Petru Guelfucci. Figure emblématique du Riacquistu des années 70, le chanteur originaire de Sermanu s'est éteint à l'âge de 66 ans des suites d'une longue maladie. Membre fondateur de Canta u populu corsu en 1973, il avait ensuite embrassé une carrière en solo dans les années 80. D'Isulea Idea à Catalinetta, sans oublier l'immense succès de Corsica (disque d'or au Canada), ses chansons ainsi que sa voix puissante et mélodieuse resteront à jamais gravées dans la mémoire insulaire. Lauréat de deux victoires de la musique avec Les Nouvelles Polyphonies Corses et Voce di Corsica, Petru Guelfucci s'était également battu, avec d'autres, pour faire inscrire la paghjella au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco en 2009.


L’université fête ses 40 ans


Le 26 octobre, l’Université de Corse souffle ses quarante bougies. Dans son discours, le président Dominique Federici rappelle "lecombat pour l’existence de la faculté, la quête de reconnaissance et l'affirmation du progrès". L’occasion, aussi, de retracer l’histoire de cette université qui, après des débuts difficiles, a su progressivement s’installer dans le paysage insulaire. En témoignent les 5.000 étudiants inscrits aujourd’hui, soit dix fois plus qu’en 1981 lors de l’ouverture. Au fil de ces années, l’Università di Corsica a également étoffé son offre. On peut désormais y étudier la médecine et les sciences-politiques. Du côté de la recherche, elle ne cesse de s’illustrer à travers le laboratoire Stella Mare, récompensé fin novembre de la médaille de l’innovation du CNRS pour ses travaux de réensemencement des mers.



Des réfugiés syriens débarquent à Porto-Vecchio


Dans la nuit du 2 au 3 novembre, un voilier avec à son bord une famille de réfugiés syriens accoste à Porto-Vecchio. L’embarcation devant les emmener jusqu'à Bormes-les-Mimosas (Var) ayant subi une avarie, le skipper décide de rallier le port de la Cité du sel. De nationalité allemande, ce dernier a agi "par amitié" envers le patriarche de cette famille qui tentait de regagner l'Allemagne via la France. À Porto-Vecchio, une chaîne de solidarité se met en place pour porter assistance à ces dix réfugiés parmi lesquels des enfants en bas âge. Après avoir été placé en garde à vue - procédure oblige -, le skipper est relâché, les autorités ayant compris qu’il ne s’agissait pas d’un passeur. Son attitude a d’ailleurs été vivement saluée, notamment par la Ligue des droits de l’homme de Corse qui a souligné « le message de fraternité et d’entraide » porté par cet homme. Quant à la famille syrienne, elle a quitté la Corse pour Marseille dans les deux jours, avant de rejoindre la Belgique une semaine plus tard. En attendant de pouvoir entrer en Allemagne.


Corse-Matin repasse entièrement sous pavillon provençal


Fin novembre, le seul quotidien de l’île revient dans le giron unique du groupe La Provence qui l’avait acquis une première fois totalement en 2014. Détenue depuis 2018 à 49% par le consortium d’entrepreneurs insulaires CM Holding, la société Corse Presse – qui édite Corse-Matin – est donc rachetée par La Provence qui en possédait jusque-là 51%. Accueilli entre soulagement et prudence par les salariés du journal, ce rachat total n’est pas une surprise. En juin, dans un communiqué, les actionnaires de CM Holding avaient indiqué qu’ils « envisageaient de se retirer du capital du
journal ». Début octobre, le décès de Bernard Tapie, patron du groupe La Provence, a aussi rebattu les cartes. Dans la foulée, les hommes d’affaires Xavier Niel et Rodolphe Saadé déposent des offres pour acquérir La Provence, et donc Corse-Matin. Le nom du futur repreneur sera désigné prochainement par le juge-commissaire du tribunal de commerce de Bobigny.

A.S
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