Ainsi soit Noël
Noël n'est pas dépourvu de son lot de débats et controverses.
Ainsi soit Noël
Alors que les fêtes de fin d’année sont à nouveau dans le collimateur de la surveillance sanitaire, Noël n’est pas dépourvu de son lot de débats et controverses. Pour ou contre les crèches ? Dire cacher la vérité sur le Père Noël ? Le sapin, naturel ou artificiel ? La bûche dans tous ses états… du menu, à la décoration, aux cadeaux et aux traditions, Noël n’est pas une fête comme les autres.
Aux origines…
Pour certains, Noël est la Nativité, c’est-à-dire la naissance de Jésus. Cette décision de choisir de célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre, en même temps que la fête du Soleil, a été prise par l’Église chrétienne au IVe siècle. Pour d’autres, cela remonte… aux calendes grecques… Lorsqu’on était enfant à Athènes, au Ve siècle avant J.-C., on pouvait recevoir des jouets en fin d’année, c’est-à-dire en février dans le calendrier de l’époque. Les jouets étaient offerts à l’occasion de deux fêtes, les Anthestéries (fête de Dionysos) et les Diasies (fête de Zeus), en souvenir de ces dieux ayant reçu des jouets dans leur enfance. Dès cette époque, il s’agissait de jouets du commerce comme l’atteste Aristophane, dans Les Nuées, pièce jouée en 423 avant J.-C. Les petits Romains en recevaient au mois de décembre dans une journée des Saturnales appelée les Sigillaria. Pour les étrennes, ce sont des cadeaux d’argent qui accompagnent les vœux pour la nouvelle année, fête sociale et non familiale. À la Renaissance, les fêtes de fin d’année font une plus grande place aux enfants, lors de la fête des Saints Innocents (28 décembre), celle de Saint-Nicolas (6 décembre), et lors des étrennes. S’offrir des cadeaux est donc une tradition profane. Autant que l’est la fête familiale qui s’est créée autour de ce rituel de remise des cadeaux.
La vérité sur le Père Noël
C’est la belle nuit de Noël… Qui ne connait pas cette chanson de cette période a probablement vécu dans une grotte ! Tino Rossi, chanteur insulaire mondialement connu, est l’emblématique interprète du seul cantique laïc français, qui évoque les joujoux par milliers, et surtout le distributeur de ces présents. Celui qui fait aujourd’hui partie de l’imagerie populaire bien connue vient de la tradition américaine de Santa Claus. Mais les donateurs ont eu plusieurs visages : Saint-Nicolas dans le nord-est de la France, la Befana, sorcière qui vient à l’Épiphanie, et les Trois Rois Mages à la même date en Sardaigne et en Espagne, le Weihnachtsmann allemand, le Père Janvier pour les étrennes, le Father Christmas anglais… La figure joviale en habit rouge et barbe blanche actuelle, habitant le Pôle Nord s’impose fin XIXe siècle en Angleterre, au début du XXe siècle en France et va effacer les autres donateurs. S’il s’impose autant, c’est aussi parce que la place des enfants s’accroit dans la famille et dans la société, autant que l’industrie du jouet. C’est ainsi que Noël est devenu une fête commerciale, promue par le Père Noël.
Entre superstitions et convivialité
Noël n’est pas qu’une mise en scène du don de jouets, c’est aussi une fête familiale avec des traditions. En Corse, il est coutume d’allumer un bûcher devant l’église du village les 24 et 25 décembre. Au Rocchiu ! Ce bûcher est allumé après la messe de minuit et quand le feu décroit, le repas de Noël peut commencer. Le 25 décembre, après la disparition totale du feu, les cendres encore chaudes étaient ramassées par les villageois, qui les ajoutaient aux cendres de leur propre cheminée pour chauffer leur maison. Une autre légende invitait à compter les membres de la famille présents au repas de Noël et à mettre autant de bûches dans la cheminée que de convives. Sinon, les fêtes de fin d’année suivantes seraient endeuillées du nombre de bûches manquant… Le repas est copieux, commençant par des œufs de mulet ou d’une brouillade d’œufs aux d’oursins, ou du prisuttu et de la coppa. Le plat principal est constitué d’agneau rôti et de polenta. Et pour finir, on sert la bûche de Noël à la châtaigne. Mais le soir de Noël n’est pas que gastronomique, c’est aussi le moment de la transmission de la prière contre l’Ochju, pour chasser ou briser le sort. En dehors de cette date, le pouvoir est réputé perdu. Ça n’est qu’entre Noël et Nouvel An que l’initié peut apprendre cette pratique, qui se transmet en général au sein de la famille, de génération en génération. Les techniques et modes d’apprentissage varient selon les régions, mais l’efficacité est liée aux prières. Chi Dio ti benedica.
Maria Mariana