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A l'origine étaient les confréries

Le terme de confrérie est assez large.....
A L’ORIGINE ÉTAIENT LES CONFRÉRIES

Au XIIe siècle, le terme se prononçait confrarie et signifiait Commission Disciplinaire Religieuse. Le terme de confrérie est finalement assez large, les confréries militaires au moyen-âge... A l’époque romaine il existait autant de confréries que de métiers chacune ayant son propre dieu, certaines défendant les intérêts des métiers (sorte de syndicats actuels). Même la très avant-gardiste république de Venise avait créé bon nombre de schole (prononcer skolé) : charité, regroupement de citoyens défendant leurs droits, mutualiser les ressources, lutter contre les épidémies…

Le bras caritatif de l’Eglise

Le mot Confrérie a plusieurs origines qui fleurtent avec la religion mais les confréries sont laïques, leurs statuts sont approuvés par l’autorité canonique du diocèse et déposés en préfecture en leur qualité d’association loi de 1901. Ce sont des groupements de laïcs chrétiens placés sous un patronage religieux fondé en vue de favoriser une entraide fraternelle et développer une tradition religieuse. En 1789 en Corse il y avait près de 300 confréries aujourd’hui 80. Dans l’ordre des confréries être Prieur n’est pas réservé aux plus riches, mieux lotis ou plus instruits.

Vicu

Cunfraternita di u Padre Albini. François-Aimé Arrighi est diacre référent des diacres du Pumonte et confrère. Parfois les confrères se sentent « appelés » c’est un cheminement religieux, un besoin d’apporter quelque chose aux autres. L’abbé Coeroli le vicaire général est le délégué diocésain qui représente l’évêque auprès des confréries de Corse. La confrérie est inter-paroissiale mixte, ils sont une trentaine avec l’obligation d’être baptisé, les non baptisés sont accueillis s’ils vont vers le catéchuménat. François-Aimé dit qu’il faut à tout prix sauvegarder les chants en latin et toscan. Cette année la Journée diocésaine avec les confréries a eu lieu à Ajaccio à l’église St-Roch, Il y trois ans elle se déroulait à Bastia, en 2020 pas de rencontre pour cause de pandémie. L’idée est de regrouper toute la corse à Corte point central de l’île.

Furciolu

Confrérie Santa Croce di u Forciulu et di u Panicali. La confrérie est élargie aux quatre villages. On pourrait rajouter à la fin de « u panicali » et di u Taravu. Pour J.P Bozzi la confrérie c’était un peu la « mutuelle » de l’époque au Moyen-Âge. La confrérie tombée en désuétude en 1918 fut relancée le 16 août 1994 avec J. P Bozzi et Marie-Rose Moretti, 40 membres mixtes l’enrichissent. Les confrères sont à l’écoute des personnes en difficulté et l’entraide est bien réelle et en accord avec la mairie. il leur arrive même de régler les frais d’obsèques pour des personnes en incapacité financière totale. Ils chantent lors des messes ou pour les cérémonies laïques républicaines.

Marignana

Cunfraternita di San Antone Abate di Marignana 17 confrères mixtes. Sauveur Manodritta rappelle qu’au Moyen-âge le clergé détenait le pouvoir du savoir et de l’instruction. De fait tous les documents écris et notés l’étaient en latin. Il fut un temps où les confréries faisaient de l’ombre à l’église qui avait peut-être mal saisi leur côté caritatif et dévoué. Au 18ème siècle elles sont interdites. En Corse elles n’ont jamais cessé leurs activités mais 14-18 les a mis à mal. Le prieur Antoine Casile rappelle que la confrérie de Marignana crée en 1888 fut stoppée en 1955 et reprit en 2008 année où le père Ange-Michel Valery bénit la confrérie pour la St-Jacques. Autrefois les nouveaux nés étaient inscrits d’office dans la confrérie. Ils soutiennent les malades, les plus démunis… Tous chantent et Sauveur dirige les répétitions. Quant à Antoine Casile le prieur il lui a été donné une charge effectuer « l’absoute », en l’absence d’un prêtre. C’est bien le rôle des confréries dans l’église et pour l’église, accompagner le clergé, pas le remplacer.

Bastia

Pierre-Ange Agostini diacre à la cathédrale Sainte-Marie, référent des diacres du Cismonte fait partie de l’archi-confrérie Saint-Joseph et de la confrérie Sainte-Croix. Le but des confréries c’est aider son prochain, apporter conseils, aide matérielle, et soutien. Des soirées sont organisées pour récolter des fonds qui sont reversés. A Saint-Joseph ils sont une centaine à Sainte-Croix 60. Comme les autres ils chantent à l’occasion de fêtes saintes, mariages... Les jeunes sont attirés par les chants polyphonique une bonne chose. Pour clôturer l’année St-Joseph plus d’une centaine de confrères venus de toute la Corse étaient présents.

Vulpaiola

A Cunfraternu di a Santissima Nunziata di Vulpaiola. Paul Agostini fils de P. Ange Agostini diacre à Bastia, nous a parlé du rôle de sa confrérie. Ils ont deux prieurs d’honneur et deux sous prieurs mixtes. La confrérie disparue en 14-18 a été recrée le 30 mars 2019 sur la suggestion du père Culioli qui avait conseillé à Paul de la relancer afin de dynamiser le village, ils sont une cinquantaine. Pour être confrère il faut avoir 12 ans, être baptisé ou en cheminement catéchuménal, le noviciat dure 1 an. Les confréries sont inscrites dans une dimension liturgique obligatoire. La confrérie de Vulpaiola met en place des conférences, des concerts, des repas dont les fonds sont reversés, dispense des cours de catéchisme, forme ceux qui le désirent aux chants polyphoniques et très bientôt un Espace vie sociale verra le jour. Ils accueillent tous ceux qui veulent « donner un coup de main » croyants ou non. Paul a un leit motiv « le culturel attire le cultuel ». Des religieux peuvent faire partie des confréries lorsqu’ils sont confrères, ils se conduisent alors comme des laïques et non des religieux, mais c’est un bien car cela renforce la connaissance liturgique.

Belgudè

Cunfraternita di u Santissimu Crucifissu eretta sottu à l’Invocazione di Santu Stefanu protomatire la confrérie mixte avait vu le jour en 1503 jusqu’en 14-18. 1926 dissolution de la confrérie par l’évêque de Corse suite à un différent opposant le prêtre et le prieur. Le 19 septembre 2021 Laurent Ceccaldi prieur décide de relancer la confrérie à l’occasion de la fête de Notre Dame des 7 Douleurs, la confrérie renaît de ses cendres avec 22 membres à son actif, dans l’attente de confrères féminines. Tous portaient l’aube noire rappelant le Santissimu Crussifissu.. Ils envisagent un voyage à Rome à San Marcello au mois de mai pour se recueillir devant le Crussifissu avec leurs 4 novices et les introniser en leur remettant (A Mantiletta) la cape de confrère.

L’Isula Rossa

Confraternita di a Madunucia di a Misericordia di l’Isula Rossa dont Jean Pozzo di Borgo est prieur a été créée en 2019 ils sont une quinzaine de membres. La confrérie trouve le fondement de ses valeurs dans le message chrétien la charité, le partage, la fraternité et une vie morale exemplaire. Tous les mardis soirs ils se réunissent avec d’autres confréries du secteur à l’Isula Rossa pour faire le point sur les futures cérémonies. Il y a des répétitions de chants religieux orchestrés par Noël Pardini et Santu Massiani. Les réunions portent aussi sur les aides aux personnes en détresse. Des collectes ont été faites avec les autres confrères et reversées en 2020 en faveur de l’hôpital de Bastia pour l’achat d’appareils médical. Ils sont habillés en tenue pour les grandes occasions comme le 8 décembre pour la fête de l’Immaculée Conception où toutes les confréries avoisinantes étaient présentes y compris Corbara et Montegrosso.

Patrimoniu

A Cunfraternita San Martinu di Patrimoniu créée dans les années 1990 est riche d’environ 20 confrères, elle s’étant sur toute la partie ouest Cap corsine, Nebbiu-Conca d’Or. Depuis peu « i Fanti di San Martinu » accueille de jeunes enfants de 3 à 4 ans pour les sensibiliser aux chants et à la musique. L’ensemble possède un chœur polyphonique de chants sacrés dont certains émanent de compositions personnelles. Comme les autres la confrérie de Patrimoniu entretien un esprit de cohésion qui date du Moyen-Âge en Corse. Christian Andreani rappelle que la confrérie exprime l’âme du territoire, c’est le marqueur de l’identité corse. Ce lien social intergénérationnel permet aux jeunes d’intégrer cet aspect « paisanu » de l’entraide (mariages, concerts carritatifs, récolte pour les étudiants dans la précarité…..). Des regroupements de confréries ont lieu lors de cérémonies religieuses ou laïques pour des « Devoir de mémoire » républicains tels au Col de Teghime. La devise du saint patron de Patrimoniu c’est « non recuso laborem » et aussi « si adhuc ne cessarus ». C’était un modeste aperçu des confréries, la Corse est grande.

Danielle Campinchi
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