"La soeur de Jésus" Théatre Alibi
Un spectacle total . Un déroulé filmique .
Théâtre Alibi
Un spectacle total. Un déroulé filmique. Un texte âpre à la fois quotidien et choquant… choquant au sens où le fait raconté est indigne. Des comédiens excellents portant une tragédie de tous les jours. Une musique qui n’encombre pas la perception mais qui stimule l’attention. Une mise en scène intelligente. Efficace. Sensible. Telle est la dernière création de la Compagnie Alibi.
Les spectateurs ne s’y sont pas trompés qui sont venus très nombreux à la Fabrique de Théâtre pour les représentations de « La Sœur de Jésus Christ », pièce d’Oscar De Summa montée par Catherine Graziani et François Bergoin. Dans le rôle principal une Lola Bergoin-Graziani incarnation de la puissance psychique et physique d’une toute jeune femme bafouée dans son honneur et décidée à combattre pour sa dignité… Honneur en sa version féminine. Dignité en son universalisme.
Pourquoi ce nom, « La Sœur de Jésus Christ » ? Parce que dans ce petit village des Pouilles où se déroule l’action tout le monde a des surnoms et Maria – ainsi se prénomme-t-elle – a pour frère un garçon si beau, à l’allure si christique qu’il lui revient lors de « La Passion » donnée pendant les fêtes pascales d’interpréter le fils de Dieu.
Maria, quinze ans, est d’une beauté et d’une séduction qui hypnotisent ceux qui l’entourent. Trahie par son bien aimé elle va se rebeller. Maria est de celles qui refusent d’être foulée aux pieds. Alors muni d’un pistolet, Smith & Wesson, oublié dans le fond d’un tiroir elle entreprend une marche qui doit la délivrer du mal. La laver des impuretés et des obscénités subies.
François Bergoin et Catherine Graziani ont inventé une mise en scène et un dispositif scénique qui renforcent le pouvoir du texte. Dans le spectacle qu’ils nous proposent les villageois, qui connaissent Maria depuis sa naissance, décrivent ce qu’ils ont sous les yeux comme s’ils retransmettaient sur les ondes d’une radio ou pour une télévision un événement d’exception.
Le président du club des chasseurs, les employés de la casse-auto, le garagiste, les motards fous de Harley Davidson, la vielle institutrice, les filles envieuses de Maria racontent les étapes d’un vécu au présent. C’est fort. Ça fonctionne. On est emballé…
Il y a ce que disent ces hommes, ces femmes du village et dont les récits sont prégnants. Il y a les non-dits qui vous fouettent les tympans.
Dans un environnement villageois où la violence est sous-jacente où va conduire le chemin de croix de Maria ? On ne peut que se poser la question et celle de la vengeance individuelle !
Le spectacle envoute et interpelle. Ne pas manquer dans sa tournée sur l’île…
Texte d’Oscar De Summa traduit par Federica Martucci.
Vidéo-Art : Edoardo Malvenuti et Arthur Quaranta.
Lumières : Sylvaine Comsa.
Musique : Lola Bergoin-Graziani et Enzo Mosconi.
Mise en scène Catherine Graziani et François Bergoin.
Production : Cie Théâtre Alibi. Coproduction : L’Aghja, Ajaccio.
Comment avez-vous découvert la pièce d’Oscar De Summa ? Quel est cet auteur ?
C’est sa traductrice qui m’a soumis « La Sœur de Jésus Christ ». On collabore souvent ensemble. L’auteur est originaire des Pouilles où se situe l’histoire. Il a la cinquantaine et vit maintenant à Bologne. Il a écrit sept pièces. Le spectacle que l’on présente est le dernier texte de sa « Trilogie de la Province ».
Qu’est-ce qui vous a séduit dans « La Sœur de Jésus Christ » ?
C’est tout un ensemble… On ne monte pas une pièce que pour le sujet, que pour l’écriture, que pour la dramaturgie ! Ce qui a emporté pour que grande part ma décision c’est que l’histoire pouvait très bien se passer en Corse où une libération de la parole est advenue avec le mouvement lancé par des jeunes femmes sur les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions sexuelles qu’elles avaient subies.
Comment avez-vous travaillé avec François Bergoin ?
Il a fait la mise en scène, la scénographie. Je me suis occupée de la production, du casting, du découpage du texte qui à l’origine est une narration afin de préciser les interventions de chaque personnage tout en respectant scrupuleusement le propos de l’auteur.
Pourquoi le recours très particulier à la vidéo ?
D’emblée en lisant le texte il m’a paru évident que la pièce appelait un travail cinématographique et qu’il fallait insérer un film à l’intérieur du spectacle. Je ne voulais absolument pas dune vidéo décorative mais qu’on établisse un lien entre l’image et le vivant. J’ai fait appel au réalisateur, Edoardo Malvenuti et au directeur de la photographie, Arthur Quaranta pour un vidéo-art qu’on a tourné en été pour être raccord avec la pièce qui se situe en période de chaleur et de sécheresse.
Maria, la sœur de Jésus, est autant enfermée dans le silence que dans sa détermination. Elle ne s’exprime longuement qu’une fois tout en continuant à avancer. Etait-ce là une difficulté pour Lola Bergoin-Graziani qui incarne le rôle-titre ?
Elle ne parle pas mais on devine ce qu’elle ressent. Quand elle dénonce la trahison dont elle a été victime, son intervention est centrale. La pièce exige d’elle un très grand engagement physique car elle tracte, sur scène, un dispositif très lourd qui requiert une forme excellente. Rigoureuse elle a suivi attentivement toutes les phases de la mise en scène. Sincèrement pour ce rôle je ne voyais qu’elle…
Hors de Corse que fait-elle actuellement ?
Titulaire d’un master de cinéma et d’un autre en administration du spectacle vivant elle effectue des stages à Berlin, Paris, Londres. Elle est aussi compositrice, avec Enzo Mosconi elle a écrit la musique de la pièce en s’attachant à laisser toute sa place au texte.
Anghjula Potentini, fait dans la pièce une prestation remarquée à la fois comme chanteuse (ce qu’elle est) et comme actrice. Est-elle souvent à vos côtés sur scène ?
Il y a vingt ans, à Paris, elle avait chanté dans le final de « Roberto Zucco » de Koltès. Depuis lors cela ne s’était plus reproduit. Dans « La Sœur de Jésus Christ » c’est à elle que j’ai confié le rôle de récitante d’extraits de « L’art de la guerre » de Sun Zu, théoricien chinois du VI è siècle avant JC. Elle chante également en duo avec Lola, « Oriamu Pisulina ». Il s’agit d’un très ancien chant de Grecs installés dans le Salentino dans l’Antiquité et pendant l’empire byzantin.
Les acteurs masculins de la pièce ont-ils fait partie du Groupe Divirsioni créé par votre compagnie ?
Ils sont tous trois professionnels mais n’ont pas joué dans Divirsioni. Pascal Cesari et Mathis Sonzogni viennent de l’Ecole de La Comédie de Saint Etienne. Pascal a été mon élève en Terminale à Bastia. Je tenais beaucoup à ce qu’il soit dans la distribution. Quant à Pascal Cannebottin il a intégré le Conservatoire de Corse et participé à des stages à l’Aria.
Vous avez interprété la pièce devant des élèves du Lycée Vincensini de Bastia. Quelles ont été leurs réactions ?
Je les ai rencontrés avant le spectacle. Pour eux le théâtre était une affaire de … vieux ! Pas très agréable à entendre. Pourquoi leur préférence pour le cinéma ? « Parce qu’on a un résumé du film ». Ils ne savaient pas qu’au théâtre il en allait de même… Après la représentation du texte ils ont dit apprécier parce que la pièce était rythmée et qu’ils se sentaient concernés. Lors de la discussion qui a suivi je leur ai demandé si l’on pouvait se rendre justice soi-même ? Tous ont répondu par l’affirmative ! Cette réponse exige bien sûr un approfondissement… En tous cas j’ai pu vérifier que le spectacle a une résonance auprès des ados.
Les projets immédiats de la compagnie Théâtre Alibi ?
A la fin du printemps on reprend « La Sœur de Jésus Christ » devant des diffuseurs. Plus près de nous, mi-février, c’est la reprise de « Marie éternelle consolation » d’Arne Sierens.
« Marie éternelle consolation ».
Trois rescapés de la vie. Marie, Michel, Gabriel réfugiés au troisième sous-sol d’un centre commercial. Des gens simples qui s’épaulent. S’aident à vivre…
L’auteur, Arne Sierens vit à Gand en Flandres.
A ne pas manquer les représentations des 11, 12, 13 février à la Fabrique de Théâtre, rue Notre Dame de Lourdes à Bastia.
« La Sœur de Jésus Christ »
Un spectacle total. Un déroulé filmique. Un texte âpre à la fois quotidien et choquant… choquant au sens où le fait raconté est indigne. Des comédiens excellents portant une tragédie de tous les jours. Une musique qui n’encombre pas la perception mais qui stimule l’attention. Une mise en scène intelligente. Efficace. Sensible. Telle est la dernière création de la Compagnie Alibi.
Les spectateurs ne s’y sont pas trompés qui sont venus très nombreux à la Fabrique de Théâtre pour les représentations de « La Sœur de Jésus Christ », pièce d’Oscar De Summa montée par Catherine Graziani et François Bergoin. Dans le rôle principal une Lola Bergoin-Graziani incarnation de la puissance psychique et physique d’une toute jeune femme bafouée dans son honneur et décidée à combattre pour sa dignité… Honneur en sa version féminine. Dignité en son universalisme.
Pourquoi ce nom, « La Sœur de Jésus Christ » ? Parce que dans ce petit village des Pouilles où se déroule l’action tout le monde a des surnoms et Maria – ainsi se prénomme-t-elle – a pour frère un garçon si beau, à l’allure si christique qu’il lui revient lors de « La Passion » donnée pendant les fêtes pascales d’interpréter le fils de Dieu.
Maria, quinze ans, est d’une beauté et d’une séduction qui hypnotisent ceux qui l’entourent. Trahie par son bien aimé elle va se rebeller. Maria est de celles qui refusent d’être foulée aux pieds. Alors muni d’un pistolet, Smith & Wesson, oublié dans le fond d’un tiroir elle entreprend une marche qui doit la délivrer du mal. La laver des impuretés et des obscénités subies.
François Bergoin et Catherine Graziani ont inventé une mise en scène et un dispositif scénique qui renforcent le pouvoir du texte. Dans le spectacle qu’ils nous proposent les villageois, qui connaissent Maria depuis sa naissance, décrivent ce qu’ils ont sous les yeux comme s’ils retransmettaient sur les ondes d’une radio ou pour une télévision un événement d’exception.
Le président du club des chasseurs, les employés de la casse-auto, le garagiste, les motards fous de Harley Davidson, la vielle institutrice, les filles envieuses de Maria racontent les étapes d’un vécu au présent. C’est fort. Ça fonctionne. On est emballé…
Il y a ce que disent ces hommes, ces femmes du village et dont les récits sont prégnants. Il y a les non-dits qui vous fouettent les tympans.
Dans un environnement villageois où la violence est sous-jacente où va conduire le chemin de croix de Maria ? On ne peut que se poser la question et celle de la vengeance individuelle !
Le spectacle envoute et interpelle. Ne pas manquer dans sa tournée sur l’île…
Texte d’Oscar De Summa traduit par Federica Martucci.
Vidéo-Art : Edoardo Malvenuti et Arthur Quaranta.
Lumières : Sylvaine Comsa.
Musique : Lola Bergoin-Graziani et Enzo Mosconi.
Mise en scène Catherine Graziani et François Bergoin.
Production : Cie Théâtre Alibi. Coproduction : L’Aghja, Ajaccio.
ENTRETIEN AVEC CATHERINE GRAZIANI
Comment avez-vous découvert la pièce d’Oscar De Summa ? Quel est cet auteur ?
C’est sa traductrice qui m’a soumis « La Sœur de Jésus Christ ». On collabore souvent ensemble. L’auteur est originaire des Pouilles où se situe l’histoire. Il a la cinquantaine et vit maintenant à Bologne. Il a écrit sept pièces. Le spectacle que l’on présente est le dernier texte de sa « Trilogie de la Province ».
Qu’est-ce qui vous a séduit dans « La Sœur de Jésus Christ » ?
C’est tout un ensemble… On ne monte pas une pièce que pour le sujet, que pour l’écriture, que pour la dramaturgie ! Ce qui a emporté pour que grande part ma décision c’est que l’histoire pouvait très bien se passer en Corse où une libération de la parole est advenue avec le mouvement lancé par des jeunes femmes sur les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions sexuelles qu’elles avaient subies.
Comment avez-vous travaillé avec François Bergoin ?
Il a fait la mise en scène, la scénographie. Je me suis occupée de la production, du casting, du découpage du texte qui à l’origine est une narration afin de préciser les interventions de chaque personnage tout en respectant scrupuleusement le propos de l’auteur.
Pourquoi le recours très particulier à la vidéo ?
D’emblée en lisant le texte il m’a paru évident que la pièce appelait un travail cinématographique et qu’il fallait insérer un film à l’intérieur du spectacle. Je ne voulais absolument pas dune vidéo décorative mais qu’on établisse un lien entre l’image et le vivant. J’ai fait appel au réalisateur, Edoardo Malvenuti et au directeur de la photographie, Arthur Quaranta pour un vidéo-art qu’on a tourné en été pour être raccord avec la pièce qui se situe en période de chaleur et de sécheresse.
Maria, la sœur de Jésus, est autant enfermée dans le silence que dans sa détermination. Elle ne s’exprime longuement qu’une fois tout en continuant à avancer. Etait-ce là une difficulté pour Lola Bergoin-Graziani qui incarne le rôle-titre ?
Elle ne parle pas mais on devine ce qu’elle ressent. Quand elle dénonce la trahison dont elle a été victime, son intervention est centrale. La pièce exige d’elle un très grand engagement physique car elle tracte, sur scène, un dispositif très lourd qui requiert une forme excellente. Rigoureuse elle a suivi attentivement toutes les phases de la mise en scène. Sincèrement pour ce rôle je ne voyais qu’elle…
Hors de Corse que fait-elle actuellement ?
Titulaire d’un master de cinéma et d’un autre en administration du spectacle vivant elle effectue des stages à Berlin, Paris, Londres. Elle est aussi compositrice, avec Enzo Mosconi elle a écrit la musique de la pièce en s’attachant à laisser toute sa place au texte.
Anghjula Potentini, fait dans la pièce une prestation remarquée à la fois comme chanteuse (ce qu’elle est) et comme actrice. Est-elle souvent à vos côtés sur scène ?
Il y a vingt ans, à Paris, elle avait chanté dans le final de « Roberto Zucco » de Koltès. Depuis lors cela ne s’était plus reproduit. Dans « La Sœur de Jésus Christ » c’est à elle que j’ai confié le rôle de récitante d’extraits de « L’art de la guerre » de Sun Zu, théoricien chinois du VI è siècle avant JC. Elle chante également en duo avec Lola, « Oriamu Pisulina ». Il s’agit d’un très ancien chant de Grecs installés dans le Salentino dans l’Antiquité et pendant l’empire byzantin.
Les acteurs masculins de la pièce ont-ils fait partie du Groupe Divirsioni créé par votre compagnie ?
Ils sont tous trois professionnels mais n’ont pas joué dans Divirsioni. Pascal Cesari et Mathis Sonzogni viennent de l’Ecole de La Comédie de Saint Etienne. Pascal a été mon élève en Terminale à Bastia. Je tenais beaucoup à ce qu’il soit dans la distribution. Quant à Pascal Cannebottin il a intégré le Conservatoire de Corse et participé à des stages à l’Aria.
Vous avez interprété la pièce devant des élèves du Lycée Vincensini de Bastia. Quelles ont été leurs réactions ?
Je les ai rencontrés avant le spectacle. Pour eux le théâtre était une affaire de … vieux ! Pas très agréable à entendre. Pourquoi leur préférence pour le cinéma ? « Parce qu’on a un résumé du film ». Ils ne savaient pas qu’au théâtre il en allait de même… Après la représentation du texte ils ont dit apprécier parce que la pièce était rythmée et qu’ils se sentaient concernés. Lors de la discussion qui a suivi je leur ai demandé si l’on pouvait se rendre justice soi-même ? Tous ont répondu par l’affirmative ! Cette réponse exige bien sûr un approfondissement… En tous cas j’ai pu vérifier que le spectacle a une résonance auprès des ados.
Les projets immédiats de la compagnie Théâtre Alibi ?
A la fin du printemps on reprend « La Sœur de Jésus Christ » devant des diffuseurs. Plus près de nous, mi-février, c’est la reprise de « Marie éternelle consolation » d’Arne Sierens.
« Marie éternelle consolation ».
Trois rescapés de la vie. Marie, Michel, Gabriel réfugiés au troisième sous-sol d’un centre commercial. Des gens simples qui s’épaulent. S’aident à vivre…
L’auteur, Arne Sierens vit à Gand en Flandres.
A ne pas manquer les représentations des 11, 12, 13 février à la Fabrique de Théâtre, rue Notre Dame de Lourdes à Bastia.