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Vivantes langues régionales

Même si nous célébrons le 400 e anniversaire de la naissance de Molière, force est de constater que cela n'est plus sa langue que l'on parle.

Vivantes langues régionales


Même si nous célébrons le 400eanniversaire de la naissance de Molière, force est de constater que cela n’est plus sa langue que l’on parle. Cette année marque aussi les 48 ans de la loi Deixonne, qui intégrait le corse dans les langues régionales. Plus récemment, c’est au tour du flamand picard et occidental d’être reconnu par l’éducation nationale. Car en réalité, la France est un pays de diversité linguistique. Les langues régionales font intimement partie de l’histoire et de la culture française. N’en déplaise aux puristes au nom d’une unité nationale, par la langue.



La langue est politique

Les langues dites régionales sont des langues parlées sur une partie du territoire national depuis plus longtemps que le français. Les langues régionales ont été victimes d’une politique linguistique hostile. Ce sont les lois Ferry de 1880 qui ont fait du français la seule langue en usage à l’école. À l’époque de la construction des États-nations en Europe, on pensait que le sentiment d’appartenance nationale passait par une langue commune. Il s’agissait de donc faire naître par la langue un sentiment commun d’appartenance chez tous les Français, pour qu’ils se sentent Français, notamment à la veille de la Première Guerre mondiale. Et cela s’inscrivait dans l’instruction, puisque les enfants qui parlaient une autre langue à l’école étaient punis. D’autant plus que la société de l’époque estimait que pour réussir, il fallait parler le français. Cela n’est qu’en 1951 que les langues régionales ont refait leur apparition dans les classes, pour le corse, la loi ne l’a autorisé qu’en 1974. En effet, la loi Deixonne autorisant l’enseignement des langues régionales n’avait pas intégré le corse lors de sa promulgation le 11 janvier 1951, où seules quatre langues étaient alors autorisées à être enseignées dans le système éducatif public français, à raison d’une heure optionnelle d’apprentissage hebdomadaire : le breton, le basque, l’occitan et le catalan.


Enseigner les langues régionales

Avant que la Loi Deixonne n’intègre le corse, il était considéré comme un dialecte plus que comme une langue. Aujourd’hui, c’est une tout autre affaire. Il est prouvé en didactique des langues et reconnu par les instances européennes que tout bilinguisme, quel qu’il soit, est structurant. En effet, un enfant qui suit des études bilingues présente en général des résultats scolaires supérieurs, notamment en français, en langues étrangères et même en mathématiques. Le bilinguisme précoce développe au niveau cognitif des compétences qui sont assurément un atout éducatif. Depuis 1982, via la circulaire Savary, le ministère de l’Éducation nationale a développé les filières bilingues, où les élèves étudient dans deux langues, la langue régionale et le français, certaines matières (comme les mathématiques ou l’histoire-géographie) étant enseignées en langue régionale. L’enseignement bilingue français corse est encadré par des textes officiels : la loi de janvier 2002 relative à la Corse, la Convention État-Région, les programmes de l’enseignement des langues régionales pour l’école primaire, le Cadre européen commun de Référence pour les Langues de 2001, le dispositif académique d’enseignement de la langue corse dans le premier degré et la charte de l’éducation et de l’enseignement bilingues français corse. La première école bilingue a été ouverte à Riventosa en 1996, la Corse compte aujourd'hui 137 sites bilingues sur 249 écoles dans toute l'île.


Vivantes langues régionales

Une langue régionale est, du point de vue géographique, parlée dans une région faisant partie d'un État plus vaste. Elle peut y être localement majoritaire, ou non. Les principales langues régionales françaises sont : l'alsacien, l'arpitan (ou franco-provençal), le basque, le breton, le catalan, le corse, le flamand, le francique lorrain 1, l'occitan, ainsi que plusieurs langues dans les DOM-TOM. En 1999, le créole (à base française) est, avec 2,5 millions de locuteurs, la langue régionale la plus utilisée. Le nombre de locuteurs corses est estimé à 60 000 environ et seuls 2 % des familles assurent la transmission de la langue. Aujourd’hui, ce qui fait débat n’est plus le bilinguisme, mais la co-officialité du corse et du français. Pourtant, il est reconnu que la transmission des langues régionales dépend certes de leur enseignement, mais aussi de leur vitalité dans le domaine de la création culturelle et de leur présence dans les médias.
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