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La faillite du système éducatif

Les vieux dossiers qui fâchent, parmi lesquels l'éducation ressortent toujours lors la présidentielle

La faillite du système éducatif

La présidentielle commence à peine que déjà ressortent les vieux dossiers qui fâchent, parmi lesquels l’éducation. Les deux piliers sur lesquels repose tout le système : les maths et le français. Ce sont aussi les deux points noirs du système éducatif, avec un problème d’illettrisme et un classement TIMMS (Trends in International Mathematics and Science Study), qui place le niveau des élèves français de CM1 et de 4e en mathématiques et en sciences en dessous de la moyenne européenne.

Lutte contre l’illettrisme


En France, 2,5 millions de personnes souffrent de ne pas savoir maîtriser la lecture ou l’écriture. On parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante. Il s’agit pour elles de réapprendre, de renouer avec la culture de l’écrit, avec les formations de base, dans le cadre de la politique de lutte contre l’illettrisme. Malgré la refondation de l'École, les dispositifs d'accompagnement à la scolarité et le soutien porté aux associations et mouvements d'éducation populaire, le nombre de personnes concernées par l’illettrisme en France s’élève à 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans d’après l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme (anlci). 4,6 % des jeunes testés lors des Journées Défense et Citoyenneté (JDC), en 2020, sont en situation d'illettrisme. Parmi les 437 000 participants de la session 2020, 78,6 % ont été considérés comme des « lecteurs efficaces », 11,9 % comme des « lecteurs médiocres », et 9,5 % comme des lecteurs ayant de réelles difficultés à lire. Sur l’ensemble, 4,6 % des jeunes testés sont en « situation d’illettrisme » selon les données du ministère de l’Éducation nationale. En Corse, les données des JDC avaient permis de repérer 3,5 % des jeunes en situation d’illettrisme, soit une centaine de jeunes. Car le repérage de l’illettrisme pose question.

Évaluation complexe

Ainsi que The Conversation le pointe, le sujet de « l’illettrisme » a fait irruption sur la scène politico-médiatique il y a une trentaine d’années et souffre régulièrement d’approximations et de gonflements statistiques. Car les chercheurs estiment que l’acte de lecture est éminemment complexe, difficile à saisir et à évaluer. Cela dépend autant des « types » de lecteurs que de la variété des textes, des exigences et des modes d’activité de lecture. Selon une recherche menée à l’Université de Cambridge, il n’y a pas d’importance dans la manière dont les lettres d’un mot apparaissent, l’essentiel étant que la première et la dernière lettre du mot soient à la bonne place. La raison serait que le cerveau humain ne lit pas les mots lettre par lettre, mais plutôt comme un tout. Par exemple, l’inversion des lettres n’est pas nécessairement un frein à la lecture : « is vuos pvueoz lrie ccei, vuos aevz asusi nu dôrle de cvreeau. Puveoz-vuos lrie ceci ? Seleuemnt 55 porsnenes sur cnet en snot cpalabes. » Les modalités d’activité de nos cerveaux sont loin d’avoir toutes été recensées. Sans oublier que le trouble de la lecture peut participer à la dyslexie, à l'alexie ou à l'hyperlexie.

Rallumer la bosse des maths

La France est au bas du classement dans l’enquête Timss, qui évalue les performances en mathématiques des élèves de primaire et collège. Aujourd’hui, le niveau moyen en maths des élèves français de quatrième est à peu près égal à celui des cinquièmes de 1995. Par rapport aux autres pays évalués, la France est la dernière d’Europe, et avant-dernière des pays de l’OCDE. Les résultats en sciences sont également mauvais. Dans l'enquête internationale Pisa, les élèves français sont un peu moins mal situés en mathématiques, plus proches de la moyenne du classement. Mais que cela soit Timss ou Pisa, les scores de la France sont en baisse depuis une vingtaine d'années. Ces mauvais résultats des élèves en France s’expliquent notamment par une érosion des conditions matérielles des enseignants ainsi qu’une pédagogie insuffisante dans ces matières. Or la chute du niveau en maths est vécue comme un drame scolaire et économique. Car qui dit moins de matheux, dit moins de candidats pour les écoles d’ingénieurs ; or la France a besoin d’en former 50 000 par an, et actuellement seulement 43 000 sont formés. Sans scientifiques, point d’innovation. Alors que les investissements vont dans les technologies d’avenir.

Maria Mariana
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