La Galerie Noir et Blanc

La Galerie Noir et Blanc

Toujours plus. Toujours mieux
Expositions individuelles et collectives tous les quinze jours. Mais aussi des propositions plurielles avec de la musique classique, du chant lyrique, du tango. Mais encore des conférences et des cours d’arts plastiques.


Par une belle journée d’hiver La Galerie Noir et Blanc sur la place du Marché de Bastia offre à l’œil des travaux très diversifiés d’Armelle Guissani voguant du plus complexe au plus simple. Aux cimaises également des dessins – technique mixte – d’une délicatesse douloureuse de Pascal Agostini que surlignent des taches colorées ou que souligne des flous ombreux. Dans la pièce voisine des réalisations effectuées à L’Eveil, havre de jeunes et d’adultes en situation de handicap. Des élèves que guide Armelle Guissani, leur enseignante d’arts plastiques. Accrochées aux murs des œuvres pleine de fraîcheur et de gravité, de légèreté et de profondeur qui vous regarde dans les yeux et qu’on regarde avec bonheur.

Au sous-sol sculptures alliant finesse du geste de l’artiste et du métal pour un résultat qui marie fantastique et réalisme de la matière. Cet univers de Gérard Marini nous convie en un terrain épuré et raffiné avec au détour une pointe d’humour. Tout autour des photographies d’Antonin Borie qui nous vient de Suisse. En noir et blanc la silhouette d’un gamin courant sur la place Saint Nicolas de Bastia engloutie de nuages claquant de blancheur qui évoque le brio des maîtres tchèques de années 60 – 70. Impressionnante également cette vue d’une casetta perchée sur une esquisse collinaire blotti sous une montagne.

Eclose au pied de la citadelle en 2018, puis pérégrinant tout près de l’église de l’Assomption La Galerie Noir et blanc s’est enfin installée sur le Marché, un endroit idéal. Elle répond à une création insulaire foisonnante en restant ouverte aux artistes de la Méditerranée et d’ailleurs. Ses locaux abritent des œuvres de la Fondation Umani. Elle a noué un partenariat avec le festival Arte Mare pour lequel elle organise une grande exposition à l’occasion de chaque édition de la manifestation. Autre partenaire privilégié le Conservatoire Henri Tomasi dont elle reçoit professeurs et enseignants dans ses locaux lors de vernissages ou de rencontres pour des sessions de violon, de piano, de chant lyrique. Elle accueille aussi l’association Anima Tango.

Autre corde à son arc depuis peu des conférences sur le cinéma et l’histoire de l’art et des cours de dessin.




L’équipe dirigeante
France-Anne Van Peteghem, fondatrice et directrice. Christian Mons Catoni, président de l’association En Couleurs, gestionnaire de la galerie. Ariane Jurquet, vice-présidente d’En Couleurs. Zelda Colonna, collaboratrice et attachée de communication. Julie Pontaut, fondatrice.


                                                   ENTRETIEN AVEC ZELDA COLONNA-DEDPRATS
Nouveau visage de la Galerie Noir et Blanc, Zelda Colonna-Desprats collaboratrice et attachée de communication. Plasticienne, théoricienne, vidéaste, elle travaille aux côtés de France-Anne Van Peteghem, directrice d’un lieu privilégié par les amateurs et les curieux de l’art.


Vous êtes cortenaise d’origine et bien décidée à rentrer en Corse après des études sur le continent. Quel est votre parcours ?
J’ai un doctorat en arts plastiques, esthétique et sciences de l’art ainsi qu’un master II en philosophie contemporaine. Dans mon travail je me suis attachée au lien entre chirurgie, art et philosophie. Ma thèse a porté sur la chirurgie comme métaphore, là je me suis inspiré des travaux de Susan Sontag. A travers l’histoire de l’art et la philosophie je me suis intéressée à la chirurgie comme esthétique en rejoignant la bioéthique.


Vous êtes dessinatrice, peintre, photographe, vidéaste. Peut-on dire que vous êtes une artiste polymorphe ?
Tout artiste est polymorphe… A la base c’est le dessin qui m’a passionné. J’aime peindre à l’huile. J’ai réalisé deux courts-métrages : « Krank » (malade en allemand) en 2011, qui porte sur une doctoresse qui se dit capable de guérir le mal d’amour et qui va ainsi aux limites du pouvoir médical. « Stomourgia » en 2017, autour d’une rencontre nocturne entre deux étudiants en philosophie. « Après le Lever du Soleil » ou « Les Morts vont Vite » tourné en 2017 également. Ce moyen-métrage évoque une pandémie à l’origine d’une étrange maladie du sang. De la photographie j’en ai fait surtout à la fac. Maintenant j’écris des nouvelles, des articles pour Diacritik ainsi que des récits, des essais qui traitent du transhumanisme et du chagrin amoureux.


Que vous a apporté votre expérience cinématographique ?
Je me suis rendu compte combien le travail en équipe pouvait être lourd quand on ne disposait que de moyens très limités. Combien il était difficile dans ces conditions de maintenir le bien être de l’équipe. A contrario toutes les difficultés rencontrées appellent à recourir à beaucoup d’ingéniosité.


Les arts plastiques se conjuguent-ils bien avec le cinéma ?
C’est une bonne école pour le cinéma car les arts plastiques sont un exercice de l’œil et procure un sens de la débrouille. En outre en étudiant les arts plastiques on acquiert une curiosité exceptionnelle.


A La Galerie Noir et blanc vous donnez des cours de dessin. De quel genre ? Pour quel public ?
Je m’adresse à des adolescents et à des adultes qui se plaignent de manquer de technique. Aussi je leur apprends les bases en m’appuyant sur le dessin académique pour leur apporter de la rigueur. J’ai des élèves de 11 à 70 ans qui sont super. Personnellement j’aime enseigner et j’ai d’ailleurs été professeur de philosophie à Marseille et à Londres.


Vous faites également à la galerie des conférences sur l’histoire de l’art. Sur quelles périodes ?
Ce sont des conférences très accessibles. Je traite de l’histoire de l’art de la Renaissance à l’art contemporain. La conférence dure environ une heure et est suivie d’une discussion. Ces conférences s’adressent aussi bien à des collégiens qu’à un public d’adultes.


Quelles sont vos autres activités à la galerie ?
Je seconde la directrice au plan administratif. Je m’occupe de la communication et je suis commissaire d’exposition.


Quels rapports entretenez-vous avec les artistes exposés ?
Bien sûr il m’arrive d’avoir des coups de cœur ! Mais je ne citerai pas de nom… Je suis à la recherche de ce qui apporte un plus dans l’art contemporain en Corse et ailleurs. Je n’ai pas, à la galerie, à imposer mes goûts. Notre rôle est de toucher un public le plus large possible.


Quelle est votre sensibilité en matière d’art contemporain ?
Cela change selon les périodes de ma vie : jeune j’étais très attiré par les artistes japonais contemporains. Actuellement je me passionne pour la réinvention de la peinture et du dessin.

Propos recueillis par M A-P

* site : www. Zeldacd.com

Dans le musée imaginaire de Zelda il y a Jake et Dinos Chapman, deux frères, plasticiens britanniques, qui jouent sur l’effet choc de leurs réalisations, sur la controverse et le second degré en mêlant humour et horreur. Genieve Figgis, une Dublinoise qui s’inspire des maîtres du XVIII ème siècle associant parfois macabre et comique. Roger Ballen, américain établi en Afrique du Sud, peintre et sculpteur, artiste de la marge et du chaos, connu pour son univers « freak » (monstre).