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Pas écologique le numérique

D'aprés une étude de l'ADEME et l'ARCEP, le numérique est responsable de 2,5% de l'empreinte carbone en France.
Pas écologique le numérique

D’après une étude de l’ADEME et de l’Arcep, le numérique est responsable de 2,5% de l’empreinte carbone en France. De quoi faire réfléchir ceux qui pensent que le numérique est l’avenir de la planète. La digitalisation à gogo pourrait ne pas être compatible avec les objectifs écologiques. La pollution numérique ne peut être ignorée.


Mesure d’impact


Pendant 18 mois, L'Arcep et l'ADEME ont planché pour analyser les principales sources d’impact environnemental du numérique. Conclusion : de toutes les étapes du cycle de vie des biens et des services considérées, la phase de fabrication est la principale source d’impact, suivi de la phase d’utilisation. Les terminaux sont à l’origine de 65 à 90% de l’impact environnemental. En effet, les téléviseurs sont les principaux responsables des impacts (entre 11% et 30%), suivis des ordinateurs portables, des tablettes, des smartphones, des ordinateurs fixes, de la box TV, des consoles de jeux vidéo de salon, et des imprimantes. Ce qu’il ressort aussi de cette étude, c’est la complexité pour quantifier les impacts du numérique sur l'environnement. En comparaison, l'impact du numérique sur l'empreinte carbone est très faible en comparaison avec celui des transports (29%). Mais il ne faut pas oublier que la transition numérique bouleverse tous les secteurs. Les services numériques sont responsables de 10% de la consommation électrique française, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 8 282 000 foyers français. À l’échelle d’un citoyen, l'impact moyen annuel de l’utilisation du numérique sur le changement climatique est similaire à 2 259 km en voiture/habitant. La production de déchets est égale à 299 kg/habitant sur l’ensemble du cycle de vie des équipements (de leur fabrication à leur fin de vie). Il devient urgent d’envisager la low tech partout où la high tech n’est pas indispensable. En Europe, l’utilisation du numérique atteint 40% du forfait GES soutenable, alors qu’il ne devrait pas dépasser les 5%.


Concilier environnement et numérique


Deux défis majeurs émergent : l’épuisement des ressources abiotiques (ressources naturelles non renouvelables nécessaires à la fabrication des terminaux), qui représentent 52% des impacts du numérique et le suréquipement (15 équipements connectés par personne en France) avec des équipements dont la durée de vie est trop courte. Ainsi, lutter contre la pollution numérique, passe bien par la réduction des équipements et l’allongement de leur durée de vie. Ainsi, à partir du 1er
janvier 2024, il y aura un référentiel de « l’éco-conception des services numériques ». Un autre levier est la loi REEN (réduction de l’empreinte environnementale du numérique), entrée en vigueur le 1er janvier 2022 qui entend faire converger transition numérique et transition écologique. Elle vise à responsabiliser tous les acteurs du numérique : consommateurs, professionnels du secteur et acteurs publics. La loi comprend 5 volets : faire prendre conscience de l’impact environnemental du numérique, limiter le renouvellement des appareils numériques, favoriser des usages numériques écologiquement vertueux, promouvoir des datacenters et des réseaux moins énergivores et promouvoir une stratégie numérique responsable dans les territoires.


Digital green


Il faut aussi se méfier du « greenwashing ». Derrière les beaux discours ou des campagnes prometteuses peuvent se cacher des réalités peu reluisantes. Les filières recyclage ont ainsi fort à faire. Car un rapport de l’ONU (2013) évaluait que 75 % des déchets électroniques échappent aux filières légales de recyclage. Même si le reconditionné a le vent en poupe, de nombreux métaux des technologies numériques (gallium, germanium, indium, tantale, terres rares) ne sont presque pas recyclés et dans la plupart des cas, le design des équipements empêche de récupérer les matières premières ou même de réparer. À côté de ces pistes de GreenIT, la transformation digitale n’est pas sans poser des défis. Pour un territoire comme la Corse, dont l’économie vit principalement du tourisme, du BTP et de l’artisanat, avec des PME, cette transformation est un défi. La stratégie corse du numérique s'articule principalement autour de l'inclusivité et de la médiation numérique pour créer une dynamique, tout en promouvant des solutions GreenIT, pour éviter que le développement du numérique aille de pair avec celui de ses impacts sociétaux et environnementaux. À la pointe, mais pas sans responsabilité.
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