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Réchauffement climatique : le temps nous est compté

Le rapport du groupe 2 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolutrion du climat Giec qui a été publié le 28 février dernier, souligne que les effets du réchauffement climatique sont déjà très impactants

Réchauffement climatique : le temps nous est compté


Le rapport du groupe 2 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) qui a été publié le 28 février dernier, souligne que les effets du réchauffement climatique sont déjà très impactants et qu’il est impératif d’agirvite.

L’état des lieux et les prévisions sont inquiétants. Depuis le protocole de Kyoto, validé en 1997, qui a représenté la première initiative visant à réduire les émissions des gaz à effet de serre, le réchauffement climatique et ses conséquences sont de plus en plus effectifs et impactants. Laconcentration de ces gaz augmente encore. La côte d’alerte +1,5° C de hausse moyenne des températures par rapport à l'ère pré-industrielle devrait être atteinte dès 2030. La montée des eaux avoisinera probablement + 20 cm en 2050. La fonte de la banquise arctique continue. Les disparitions de glaciers pourraient être « irréversibles pour des siècles, voire des millénaires. » Tout cela fait craindre la multiplication et l’aggravation de conséquences catastrophiques et dramatiques : inondations plus nombreuses et plus dévastatrices, submersions de terres littorales, périodes de stress hydrique et de sécheresse de plus en plus longues, canicules de plus en plus fréquentes et meurtrières, baisse des productions et des rendements agricoles, disparitions d’espèces animales et végétales…

Situation significativement aggravée.

Le bassin méditerranéen est particulièrement concerné. La hausse du niveau des eaux pourrait être d’un mètre d’ici à la fin du siècle, ce quiserait catastrophique pour de nombreuses zones naturelles, résidentielles, cultivées ou industrialisées. Cette montée des eaux, leur acidification et leur réchauffement impactent d’ailleurs déjà des écosystèmes, des réalisations humaines, l'agriculture et la pêche. Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale, Wolfgang Cramer est formel : « La plupart des tendances et les projections des précédents rapports du Giec se sont confirmées ou ont été en dessous de la réalité : la situation s’est significativement aggravée.» Nathalie Hilimi, chargée de recherche en Économie environnementale à l'Université Côte d'Azur, confirme le gravité de la situation : « Avec le réchauffement et la montée des eaux, des écosystèmes vont disparaître ». La Corse sera aussi affectée. Avec une température moyenne de + 0,5°C, l’île pourrait ne conserver que 72% des espèces aujourd’hui connues, avec + 2°C, elle n’en conserverait que 43%. Par ailleurs, de telles hausses de température occasionneront des pénuries d'eau et auront des conséquences néfastes pour l'agriculture, la pêche et la production aquacole.

Ne pas rater l’opportunité

Pour les experts du Giec, limiter le réchauffement climatique entre + 1,5 °C et + 2°C n'est pas considéré comme impossible. Mais, préviennent-ils, tout retard dans la mise en œuvre d'une action globale fera rater l’opportunité de garantir un avenir vivable. Cette vision des choses les conduit à appeler les pays développés à « investir beaucoup et rapidement pour ne pas perdre plus tard » car, selon leurs estimations, si 127 milliards par an ne sont pas mis sur la table au niveau mondial pour contenir le réchauffement climatique dès 2030, il faudra dépenser 300 milliards par an en 2050. L’un des auteurs du récent rapport du Giec se veut optimiste : « Les nouvelles générations sont très sensibles à ces questions environnementales » tout en insistant sur la nécessité d’agir vite et fort dans tous les domaines: « Il faut que la lutte contre le réchauffement climatique soit intégrée comme un facteur incontournable lors de tout nouveau projet. » Le message est clair. Comme l’a écrit un chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales, il faut à la fois intervenir pour « éviter l’ingérable » et « gérer l’inévitable ».

Alexandra Sereni


Le Giec est composé de trois groupes. Le groupe 1 étudie les dynamiques de la biosphère dans l’évolution du climat. Le groupe 2 intègre les scénarios climatiques aux échelles globales et régionales pour une meilleure compréhension des conséquences des épisodes climatiques extrêmes sur les écosystèmes et les hydrosystèmes, ainsi que sur les systèmes sociaux et économiques, la nature et les populations humaines. Il prend également en compte l'adaptation pour savoir si les écosystèmes et l’activité humaine pourront s’ajuster naturellement ou par des actions spécifiques à tous les changements. Le troisième groupe recherche des moyens d’atténuer le réchauffement climatique et ses conséquences. Il rendra un rapport en avril prochain.









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