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Nicolas Rey, un peu d'hollywood dans la plume

Jeune écrivain porto-vecchiais, Nicolas Rey publie son premier recueil de nouvelles,...

Nicolas Rey, un peu d'hollywood dans la plume

Jeune écrivain porto-vecchiais, Nicolas Rey publie son premier recueil de nouvelles, Utah, chez Òmara, maison d’édition créée et gérée par Marc Biancarelli et JérômeNicolas Rey, un peu d'hollywood dans la plumeJ Luciani.

L’air ingénu malgré ses premiers cheveux gris, Nicolas Rey détaille ses choix d’écrivain les yeux écarquillés, visiblement surpris d’accorder un entretien. Pourtant la noirceur qui émane de ses nouvelles, qui ont pour décor l’Amérique profonde, dément cette candeur apparente.

Si le jeune homme originaire de la cité du sel est le fils de l’historien Didier Rey, sa filiation littéraire mène en effet à Marc Biancarelli. Ce dernier lui a transmis sa passion pour les États-Unis, avec ses grandes étendues arides et sa pauvreté prégnante, alors que le jeune homme rêvait plutôt de la cordillère des Andes, de carnavals sans fin et de stades de football à l’ambiance survoltée. Celui qui a grandi « en lisant Tintin et en rêvant de civilisations perdues », improvise une fois adulte un voyage en solitaire à travers l’Amérique du sud. Ses souvenirs lui permettent de noircir ses premiers carnets, sur le modèle des récits initiatiques du jeune Che Guevara.

« Il m’a montré ses écrits. Je l’ai encouragé à continuer, notamment à travers nos ateliers d’écriture et blogs littéraires, afin qu’il affirme sa plume » explique son mentor. C’est ainsi qu’une nouvelle de Nicolas Rey, U maceddu di Sand Creek, est publiée dans l’anthologie Tonu è Timpesta. Le récit, écrit en corse, évoque un vrai massacre effectué durant la conquête de l’Ouest. Malgré l’évidence des thèmes partagés, l’auteur de Murtoriu embraye sur le style propre à son poulain, « plus cinématographique que littéraire avec un besoin de visualiser presque excessif. Ses nouvelles sont autant de mini-films où la description est crue, avec un côté caustique et détaché vis-à-vis de la violence qu’il décrit. »

Ce choix de narration n’est pas anodin. Enfant de son époque, biberonné aux fictions hollywoodiennes, Nicolas Rey apprécie « le côté brutal et réaliste d’œuvres telles que ‘Impitoyable’ de Clint Eastwood. Ces anti-héros m’inspirent. » Les petits mondes qu’il créé, façonné également par ses lectures et voyages, nous transportent du sud des États-Unis aux vertes collines irlandaises. L’histoire est une source d’inspiration naturelle pour le trentenaire, qui avoue « passer des heures devant un Atlas ou à surfer sur des encyclopédies en ligne. J’imagine ensuite une scène très précise dans cet imaginaire. »

Ce souci du détail présente d’autres avantages, comme vaincre l’angoisse de la feuille blanche. « C’est dur d’avoir un souffle. Quand j’ai du mal à commencer, me focaliser sur un point m’aide à me lancer. Par exemple, j’avais commencé une nouvelle par une goutte d’eau qui tombe sur un personnage. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé que je m’étais inspiré inconsciemment de la plume qui vole dans le premier plan de Forrest Gump, » explique-t-il.

Malgré ses influences multiples, sa terre reste présente dans l’œuvre de Nicolas Rey. Ainsi, une nouvelle relate la rencontre entre un journaliste naïf et un Geronimo vieillissant. Le chef indien, idéalisé par le reporter, se révèle être une brute sanguinaire et pathétique, réduit à monnayer des photos dédicacées. L’écrivain avoue avoir ici « voulu déconstruire le mythe du rebelle, » avant d’ajouter dans un sourire, « ou du moins écorcher ce genre de légendes. » Selon lui, tout écho avec la Corse ne serait pas anodin.

Paul-Joseph Bouladoux

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