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Le mythe Yvan Colonna

Aprés son agression violente à la prison d'Arles cmmis par un djihadiste, Yvan Colonna est décédé le lundi 21 mars

Le mythe Yvan Colonna



Après son agression violente à la prison d’Arles commis par un djihadiste, Yvan Colonna condamné pour l’assassinat du Préfet Claude Erignac est décédé lundi 21 mars. Yvan Colonna un vécu politique engagé dans un nationalisme radical tourné vers l’indépendantisme et puis devenu un mythe.

Il s’est battu jusqu’au bout.


Trois procès ; Trois condamnations ; Envers et contre tous. Déjà, il avait demandé aux avocats corses les plus renommés de défendre sa cause. L’un s’appelait Antoine Sollacaro, assassiné en octobre 2015, l’autre Gilles Simeoni aujourd’hui Président de l’Exécutif de la Corse, dont la plaidoirie éloquente aurait failli faire basculer un verdict déjà prémédité. Comme beaucoup d’autres avant lui, le présumé assassin du Préfet Claude Erignac faisait face à une Cour d’assises spéciale, bien dirigée par le Président Goujart, homme subtil, fin connaisseur de la « société corse » et surtout un ami indéfectible d’Antoine Sollacaro l’avocat d’Yvan… Mais la partie était jouée d’avance. Une Cour spéciale constituée pour condamner au final, n’a d’autre alternative que de condamner. Raison d’Etat, comme on le dit communément dans tous les cas, et l’Etat a raison surtout lorsqu’ un Préfet représentant de la République a perdu la vie dans l’exercice de sa fonction. Les jours qui ont suivi la tragédie, des milliers de corses ont défilé dans les rues d’Ajaccio et de Bastia, comme une expiation, et dire AVA BASTA. Message reçu par une société corse qui est épuisée par la violence sanguinaire marquée aussi par la période de la « guerre » et oui c’était une guerre entre nationalistes.

Et combien de sang versé pour l’émancipation, le renouveau, et surtout pour la libération nationale. Faites vos jeux, à pure perte avec un Etat qui profitant sans mesure de son sens régalien prend la décision de nommer un Préfet hors pair. Il s’appelle Bernard Bonnet et on connait la suite. Des opérations barbouzardes dignes de l’époque du SAC façon Pasqua dans sa grandeur. Durant cette période rocambolesque en 1999 on le sait le Préfet Bonnet et le flic Marion chargé de l’enquête sur l’assassinat de Claude Erignac se rendent coup pour coup. Le commando, dans son ensemble, est arrêté puis condamné dont Pierre Alessandri et Alain Ferrandi encore détenus. Yvan Colonna, lui-même visé par les enquêtes part en cavale par la grâce de Marion qui de sa haute compétence oublie les principes d’une arrestation en bonne et due forme. Voilà Yvan, le fugitif, recherché par toutes les polices de France, et parti on ne sait où. Serait-il en Amérique du Sud, en Amérique centrale voire au Vietnam ou encore en Sardaigne plus proche de ses terres. Pas du tout. Yvan Colonna est resté chez lui en Corse. Accueilli par des amis par ci par là, et, apercevant sur les bords de route ce bombage symbolique « Gloria à tè Yvan ». Le mythe avait pris naissance.

Son arrestation en 2003, la veille d’une consultation demandant à la Corse si elle était pour ou contre une collectivité unique avait encore ravivée les tensions. Ce jour-là Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur avait déclaré au cours d’un meeting « nous avons arrêté l’assassin du Préfet Erignac ». Ce n’était pas une quelconque erreur sémantique mais plutôt une grave faute. Yvan Colonna déjà condamné. Agressé jusqu’à la mort il y a quelques jours, il ne saura jamais qu’il aura bouleversé le destin politique de la Corse. Dans cet espace-temps il aura été comme un cheval de Troie pour sortir d’une impasse.
Il faudra un romancier ou un dramaturge pour retracer sa vie, son vécu, et sa mémoire. Un mythe Yvan Colonna ?



Pierre-Louis Alberghi
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