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Dupont à fond, Moretti c'est fini !

Le silence du ministre est plus assourdissant que les colères de l'avocat.
Dupont à fond, Moretti c’est fini


Le silence du Ministre est plus assourdissant que les colères de l’avocat. L’injustice et l’indignité qui animaient de frénésie la robe du pénaliste ne froissent pas le costume du Garde des Sceaux. Combien de terrains vendus pour s’attacher les services du ténor du barreau? Si Moretti se payait en euros, Dupont lui, s’est dilué par l’égo.

Macron ne lui a jamais opposé son “ ça ne se plaide pas”. L’ivresse du pouvoir et la sensation grisante d’entrer dans l’histoire ont eu raison du Moretti défenseur de détenus corses. Au moment où Macron lui propose le job, il lui est facile de faire passer sotto voce quelques messages. Il obtient un budget que jamais un Ministre de la Justice n’a osé rêver. Le Président est tellement fier de sa prise médiatique qu’il peut accéder aux désidératas de l’avocat. Si Dupont avait, à ce moment-là, mis le rapprochement des prisonniers sur l’un des deux plateaux de la balance, l’affaire était pliée. Mais Dupont est suffisamment comblé par le destin. Il ne tente rien ou n’insiste pas. Pourtant tout se négocie avec Macron. Il marche à la com, à son image et aux courbes des sondages. Il n’est en rien un homme de conviction. Du Macron candidat qui, à Bastia, s’envoie en l’air au pacte girondin, au Macron Président qui débarque à Ajaccio flanqué de Chevènement en rabbi jacobin, il y a la distance qui sépare aujourd’hui Dupont de Moretti. Si Macron se comporte comme un petit “cron”, alors Dupont peut laisser Moretti à la maison.

Les conflits d’intérêt n'interdisent pas tout. Il n’est pas possible de cacher l’imposante stature de Dupont derrière cette excuse en bois. Entre ce que l’on s’empêche de faire officiellement et tout le champ des possibles avec un téléphone et des arguments il y a plus qu’une ligne de métro. Si lors de son arrivée à la Chancellerie, il s’est abstenu de tout, ces dernières semaines entre l’Elysée et Matignon il a été obligatoirement sollicité par tous. Au cœur de l’affolement qui s’empare du pouvoir, quand la tragédie Yvan Colonna embrase la jeunesse et met le feu à la rue. Comment n’a-t-il pas pu éviter que ce grand “cron” de Castex ne lève le statut de DPS dans la nuit noire d’un homme cloué sur un lit de mort. En laissant Ferrandi et Alessandri croupir dans leurs cellules jusqu’au petit jour. Être associé à la provocation, au cynisme ou à la bêtise ne se plaide pas. Le Moretti avocat dénonçait le non-rapprochement avec brio, surlignait la souffrance des familles, pointait une vengeance d’état minable et gratuite qui ne pesait que sur le moral et le budget d’innocents. Et le Dupont Ministre de la pénitentiaire? Il s’interdit de penser, de parler, de bouger? Seule certitude, il s’interdit de démissionner.

Les idées courtes, les shorts trop longs. A la télé, on vient de faire deux ans de Covid entouré par tout ce que l’hexagone recèle de virologues, professeurs et spécialistes. On pratique depuis deux mois la guerre à grand renfort de colonels, de généraux et d’amiraux. Mais quand la Corse s’invite à la table c’est open bar. N’importe quel sous-fifre peut bavasser en tongs accoudé au comptoir de l’info. On mélange l’autonomie et l’indépendance, on ignore le statut des autres iles de Méditerranée. Personne ne connait le dossier, on se vautre de l’a peu-prés au n’importe quoi. Avec toujours des perles franchouillardes, “l’autonomie oui mais qui c’est qui paye”. C’est juillet en plein mois de mars. Ils se conduisent aussi mal que sur nos routes. Ils roulent, avec dans un coin du coffre, un “si on n'était pas là, ils mangeraient des châtaignes” qui annihile toute pertinence dans le propos. Des CRS chantent la Marseillaise pendant que les cloches sonnent à Cargèse. Un syndicaliste plaide très sérieusement la coïncidence. Ils organisaient un barbecue, et dans la 7eme compagnie c’est la tradition. Avant les côtelettes, on se lève et allons z’enfants. L’explication aussi limpide qu’un Ricard dans le gobelet fait l’unanimité sur le plateau. Prouteau s’agite sur sa chaise. Les drapeaux en berne lui ont fait plus mal que si on les avait plantés dans son...dos. La Corse il connait. Il rappelle sa présence à l’hôtel Fesch en oubliant les barbouzes sur Bastelica. Et si on appelait Chevènement? Putain il est déjà là avant que l’on ait raccroché. La Corse il connait. Alors l’autonomie ce n’est pas sérieux parce que bla bla bla, les journalistes boivent du petit lait et ne rappellent jamais au professeur son Bonnet d’âne ou son noir Bonnet.

Comme en Guadeloupe Macron balance l’autonomie comme l’on jette l’os aux chiens. Cette manière de procéder n’augure rien de bon. Rien n’est anticipé, pensé, pesé au trébuchet. La précipitation est un mépris affiché devant l’Histoire. Ce mandat placé sous le signe de l’humiliation s’achève dans la cacophonie, le cynisme et le drame. Macron éteint l’incendie avec du diesel à 2 euros 20 le litre. Quitte à compromettre l’avenir. En gravant dans le marbre l’équation violence-autonomie, il instaure un climat malsain, et trace un champ de mines sur le chemin des négociations. Et se promet un futur pavé de combats de rue. Pas seulement en Corse, mais partout où les bons entendeurs le saluent.

Sgaiuffu
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