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Remettre l'eau au coeur dse nos préoccupations immédiates

Le rapport SDAGE rend compte de la situation de notre monde environnant.......

Remettre l’eau au cœur de nos préoccupations immédiates

Le réchauffement climatique ne fait désormais plus aucun doute. Qu’importent les disputes byzantines pour savoir s’il s’agit d’un réchauffement essentiellement solaire ou causé par des facteurs humains. Ces derniers sont les seuls sur lesquels nous pouvons espérer avoir un minimum de prise. La Méditerranée est placée au centre d’un des futurs chaudrons planétaires. Et pour l’heure ses habitants ne semblent pas beaucoup se préoccuper des drames à venir provoqués à la fois par l’eau qui monte et l’eau qui manque. Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) du bassin de Corse pour la période 2022-2027, en vigueur depuis le 16 février 2022 a été validé par le Comité de bassin le 3 décembre 2021 puis approuvés par l’Assemblée de Corse le 17 décembre 2021. Il est sérieux, étayé et alarmiste. On attend que des mesures suivent faute de quoi ça aura été beaucoup de salive et de papier usés en vain.


Au centre du chaudron

Le rapport du SDAGE rend compte de la situation de notre monde environnant : « La Méditerranée est un des secteurs au monde les plus concernés par le réchauffement climatique. En Corse, les températures augmentent et continueront d’augmenter, en particulier en période estivale. Cette augmentation va se généraliser et sera plus marquée en été où elle pourrait atteindre +1,5 à + 2 °C à horizon proche (2021-2050). » Il ne faut pas s’attendre à une sécheresse globale. « Le climat futur alternera des périodes de sécheresse météorologiques et des épisodes de précipitations intenses même si les cumuls annuels présentent une baisse peu marquée. On note un signal sensible sur la baisse des précipitations d’été et une diminution attendue de l’enneigement notamment aux altitudes supérieures à 1 500 m ».

Un château d’eau

Notre île est généreusement arrosée par de plus de 900 mm de précipitations par an soit plus de 8 milliards de m³ d’eau. Il existe toutefois une forte hétérogénéité spatiale entre la montagne (1 600 mm) et le littoral (inférieur à 600 mm) ainsi que de fortes variations temporelles. La Corse possède 24 000 ha de zones humides incluant de nombreux lacs de montagne d’origine glaciaire, de dimension modeste, sont cartographiés à ce jour soit en tout 234 masses d’eau de surface. Son sous-sol abrite 15 masses d’eaux souterraines » Or 98 % de notre eau repart à la mer. En d’autres termes, nous constituons un vrai château d’eau mais qui fuit de manière dramatique. Il faut donc capter les volumes en période humide pour les restituer en période sèche. Il existe aujourd’hui des bâches souples qui permettraient, en creusant des grottes souterraines, de parsemer notre territoire de réserves. Les volumes pourraient servir à l’agriculture mais également au combat les incendies qui ne vont pas manquer de se multiplier. La Sardaigne utilise la multiplication des retenues alors même qu’elle dispose de beaucoup moins de précipitations. Mais la Sardaige ne compte pas sur un état pour pallier ses carences.

Les risques de submersion

On prévoit une montée du niveau de la mer Méditerranée de +50 à + 80 cm à la fin du siècle. Ce phénomène associé à une modification possible du régime des vagues va entraîner une augmentation des risques côtiers sur 10 % du littoral corse avec des conséquences catastrophiques dans certains endroits et notamment Ajaccio. Par ailleurs, l’amplification de l’évapotranspiration et l’assèchement des sols peuvent conduire à une réduction des volumes d’eau pour les zones humides, la recharge des nappes et les débits des cours d’eau. Les sécheresses agricoles seront plus intenses, plus fréquentes, plus sévères et plus longues.

Agir et vite

On sait qu’il faut une génération pour être efficace. C’est donc aujourd’hui et non pas demain qu’il faut lancer les grands chantiers afin de protéger les aéroports et les routes et capter un maximum de volume. Les ressources vont s’amenuiser. Nous le savons. L’enneigement est de plus en plus réduit. Or c’est lui qui au printemps permet aux rivières de grossir. Nous ne pouvons donc plus nous contenter de constater et de commenter. Il faut bâtir et capter. Et s’il est bien en Corse un phénomène désespérant, c’est la procrastination. On s’éveille, on ouvre un œil, on s’étire puis on se dit qu’on peut bien remettre au lendemain ce qui est pourtant nécessaire de faire. Le climat n’attend pas. Pire la dégradation climatique s’accélère et nous, les Méditerranéens, nous nous retrouvons en première ligne. Il nous faut donc des généraux capables d’anticiper et d’agir. Mais vite parce que le climat se moque des paresses humaines.

GXC
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