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Stupéfiant chanvre

La France est le premier consommateur de cannabis en Europe.
Stupéfiant chanvre



La France est le premier pays consommateur de cannabis en Europe. Pour satisfaire les consommateurs, une économie parallèle s’est organisée, qui résiste aux assauts du système pour le démanteler. Mais cette plante ayant d’autres vertus, elle fait partie de la pharmacopée légale. Que son usage soit médical ou non, elle reste sous grande surveillance.

Effet thérapeutique
Le 26 mars 2021 avait lieu en France la première prescription de cannabis à usage médical, à titre expérimental, jusqu’en mars 2023. L’enjeu est de préparer à une prochaine légalisation d’accès au cannabis médical. Selon un sondage réalisé en janvier 2022 par l’IFOP, plus des deux tiers des Français (70 %) sont favorables à la légalisation de l’usage du cannabis à titre thérapeutique. Un point important consistera à établir une filière française de production de ces médicaments. En France, le décret 2022-194 du 17 février 2022, entré en vigueur le 1er mars, autorise désormais la culture de cannabis à usage médical. Il s’agit de traitements spécifiques pour des patients triés sur le volet. Ces traitements s’adressent en effet à des malades pour lesquels la médecine est en échec thérapeutique dans les cinq situations cliniques suivantes : douleurs neuropathiques, épilepsie, spasticité (contraction musculaire anormale) douloureuse, situations palliatives et complications liées au cancer et à ses traitements. Aujourd’hui, un quart des patients traités ont arrêté leur traitement soit car les médicaments n’ont pas eu d’effets, soit parce que des effets indésirables sont apparus. Ceux-ci sont bien connus. Il s’agit d’effets d’ordre neurologique (somnolence), psychiatrique (anxiété), cardio-vasculaire (palpitations) ou digestif (diarrhée). Il faut noter que ces traitements ne s’adressent pas spécifiquement à des patients consommateurs de cannabis.

Consommation banalisée
D’après l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), la France compterait 5 millions de consommateurs de cannabis, dont 1,4 million de consommateurs réguliers (consommant en moyenne dix fois par mois). Pourtant, la littérature scientifique recense plusieurs risques encourus par les consommateurs de cannabis : facilitation du passage à d’autres produits plus toxiques, attaques de panique (bad trip) pouvant laisser des séquelles, syndrome de dépersonnalisation, aggravation d’affections psychiatriques, sans compter le tableau clinique observé avec une consommation de tabac (cancer des voies digestives, du poumon, de la vessie, maladies respiratoires chroniques...). À quoi il faut ajouter, en cas de consommation chronique débutée à l’adolescence, un « déclin cognitif irréversible ». Avec 6 % des jeunes de 17 ans comme usagers réguliers (à égalité avec le Nord et l’Alsace), la Corse ne s’affiche pas comme une région cannabique majeure. Le cannabis reste relativement mal vu dans la société insulaire. Core in Fronte est d’ailleurs récemment montée au créneau contre une nouvelle drogue qui se popularise – les ballons de gaz hilarant à base de protoxyde d’azote – et reste mobilisée contre tous les stupéfiants, qui ne doivent pas devenir un mode de vie insulaire.

Un marché florissant
La drogue est généralement importée en Corse. La culture de cannabis s’est beaucoup développée sur l’île ; il s’agit de plantations petites ou moyennes principalement destinées à la consommation personnelle. Mais avec la crise, cela peut aussi servir pour la revente, pour obtenir des revenus d’appoint. Le marché du cannabis dépasse souvent celui de la cocaïne, atteignant le milliard d’euros par an en France. De quoi attiser les appétits des trafiquants, y compris les novices qui peuvent trouver sur le net des graines à planter. Régulièrement les médias se font l’écho des saisies réalisées par la gendarmerie. En 2021, d'après les chiffres de la coordination pour la sécurité en Corse, près de 200 kilos de cannabis ont été saisis dans l'île. L’herbe, le cannabis et la cocaïne sont les drogues les plus vendues sur l’île ; il n’y a quasiment pas d’héroïne et d’ecstasys. Depuis fin 2020, les forces de l’ordre disposent d’une première « arme » pénale rapide : l’amende forfaitaire délictuelle (AFD), fixée à 200 euros, pour usage de stupéfiant ; elle ne peut s’appliquer à un mineur, à un usager malade, présentant des difficultés de compréhension ou à un récidiviste. Au niveau national en 2021, 56 % des mis en cause pour usage seul de stupéfiants font l’objet d’une AFD.

Maria Mariana
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