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Israël : come back ou the end pour Benyamin Netanyahou ?

Des élections générales doivent avoir lieu en novembre prochain.
Israël : come back ou the end pour Benyamin Netanyahou
Des élections générales doivent avoir lieu en novembre prochain. Benyamin Netanyahou ayant étant le Premier ministre israélien le plus longtemps en exercice, ambitionne d’améliorer ce « record ». Mais...



En juin 2021, le leader d’une des formations de la droite Naftali Bennett (ayant accédé au poste de Premier ministre) et le centriste Yaïr Lapid (devant lui succéder à mi-parcours) ont constitué un gouvernement de coalition comprenant huit partis dont, une première dans l’Histoire de l’État d’Israël, un partiarabe.
Cette coalition avait trois objectifs : apaiser la société minée par l’opposition entre, d’une part, une partie de la population juive se référant à des mythes fondateurs, des valeurs individuelles et collectives et une conception de l’État d’Israël fondés sur des interprétations de la religion juive, et, d’autre part, une minorité arabe se ressentant discriminée et penchant de plus en plus vers un soutien décomplexé aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza ; mettre fin à l’instabilité politique (quatre élections générales depuis 2019) ; écarter du pouvoir le Premier ministre sortant Benyamin Netanyahou.
Dans un premier temps, recherchant le compromis et malgré une courte majorité (61 députés sur 120), le gouvernement Bennett a semblé en mesure de réussir. Mais, ces derniers mois, la coalition a été fragilisée par les effets du conflit israélo-palestinien (attaques de Palestiniens isolés ayant occasionné lamort de 18 Israéliens, répression en Cisjordanie occupée ayant causé la mort de 25 Palestiniens, violences de la police à Jérusalem contre des Arabes durant la période du Ramadan), puis a explosé quand il a fallu reconduire les lois accordant les droits des israéliens aux colons installés en Cisjordanie.
Durant des décennies, les députés (hormis ceux des partis arabes) avaient voté ces textes tous les cinq ans mais, cette fois, constatant la défection de députés arabes de la coalition, l’opposition de droite les a rejetés pour faire tomber le gouvernement Bennett. Cette situation et les élections générales devant avoir lieu en novembre prochain ouvrent la voie au centriste Yaïr Lapid qui a accepté, en accord avec son prédécesseur, d’exercer les fonctions de Premier ministre intérimaire et affiche vouloir apporter des solutions aux dossiers sensibles : « Nous devons nous attaquer au coût de la vie, mener la campagne contre l'Iran, le Hamas et le Hezbollah, et nous opposer aux forces qui menacent de transformer Israël en un pays non démocratique.»
Mais le contexte offre aussi à Benyamin Netanyahou une opportunité de revenir au pouvoir. Ce qui consterne de nombreux Israéliens car celui qui a été Premier ministre de 1996 à 1999 puis de 2009 à 2021, outre incarner une démarche clivante qui le fait considérer comme un obstacle à tout règlement du conflit israélo-palestinien et à une cohésion entre Juifs et Arabes israéliens, est impliqué dans plusieurs affaires judiciaires.


L’ambition d’améliorer le « record »


Benyamin Netanyahou s’inscrit dans le droit fil de l’aile ultra-nationaliste et militariste de la droite sioniste (révisionnisme sioniste de Wladimir Jabotinsky).En 1967, étant alors étudiant aux USA, il est rentré dans son pays pour y effectuer son service militaire puis s’est engagé dans une unité d’élite. En 1973, il a quitté l'armée et est retourné aux USA pour achever ses études puis travailler dans un cabinet conseil en stratégie. À la fin des années 1970, il s’est définitivement établi en Israël. La mort de son frère, en 1976, à la tête du commando ayant permis la libération d’otages sur l’aéroport ougandais d'Entebbe par un groupe se réclamant de la cause palestinienne, a forgé son intransigeance à l’encontre des Palestiniens et dans le domaine sécuritaire. Cette intransigeance a été le fil conducteur de son positionnement politique à la tête du parti de droite Likoud et de son action en tant que Premier ministre. Durant la première période à ce poste (1996-1999), considérant que la Cisjordanie est une terre israélienne (Judée-Samarie), il a encouragé les implantations de colons. Durant ces années, il s’est aussi déclaré définitivement hostile à la création d’un État palestinien. Durant la deuxième période (2009-2021), il a fait voter la loi « Israël, État-nation du peuple juif », la légalisation des expropriations de Palestiniens pour des projets de colonies et la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan, approuvé la création et l’extension de colonies en « Judée-Samarie », signé « Les accords d'Abraham » visant à normaliser les relations avec plusieurs pays arabes (Émirats Arabes Unis et Bahreïn, puis Soudan et Maroc) et à les dissocier de la cause palestinienne, décidé des interventions militaires contre le Hamas dans la bande de Gaza, exhorté le Congrès des USA à s’opposer aux négociations sur le nucléaire iranien. Cependant, la fin de cette deuxième période a été entachée par l’implication de l’intéressé dans des « affaires ». En novembre 2019, le procureur général d'Israël l’a inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance dans le cadre de trois « affaires ». En janvier 2020, l’acte d’accusation a été transmis au tribunal de district de Jérusalem. Les audiences ont débuté en mai 2021.
Ces « affaires », s’ajoutant à son positionnement clivant, ontfortement contribué à l’éviction de Benyamin Netanyahou du pouvoir l’an passé, et ce, bien que son parti, le Likoud, soit arrivé en tête des élections générales. Ayant passé quinze ans à la tête du gouvernement, Benyamin Netanyahou est la personnalité politique israélienne ayant exercé cette fonction le plus longtemps.
Aujourd’hui, il ambitionne d’améliorer ce « record ». Mais, ces derniers jours, Avi Simhon, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, qui a été son principal conseiller économique, a annoncé être lui aussi candidat aux primaires devant désigner celui qui conduira le Likoud à l’occasion des élections générales de novembre prochain. A suivre…



Alexandra Sereni
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