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Pour inscrire le droit à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution.

Notre monde marche à l'envers.
Le droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution

Notre monde marche à l’envers. Sous la pression des 90 millions d’évangéliques Américains — dont un bon nombre rejette le darwinisme et estime que le monde a été créé comme indiqué dans la Bible — la Cour suprême des États-Unis d’Amérique, a retiré la liberté d’avortement aux femmes de leur pays alors même qu’elle refuse de restreindre le droit au port d’armes de guerre. Ce sera donc désormais chaque état qui décidera si les femmes peuvent ou non interrompre une grossesse. Plusieurs d’entre eux ont déjà criminalisé l’IVG y compris en cas d’inceste ou de viol. Les États-Unis entrent dans le 3e millénaire à reculons, cédant à un obscurantisme digne des siècles derniers. La Russie et les États-Unis se rejoignent sur la restriction des droits des femmes.


La plus grande puissance du monde qui fait marche arrière


Il y a cinquante ans, sous le mandat présidentiel de Richard Nixon, la Cour suprême des États-Unis accordait la liberté de l’avortement aux femmes américaines avec tout de même certaines différences selon les États. Par la suite, sous la poussée de militant(e) s radicaux, le délai de grossesse a été allongé dans certains états à 24 semaines ce qui revient ni plus ni moins à ôter la vie à un fœtus viable. Mais ces excès n’auraient jamais dû permettre de supprimer le droit lui-même. Il suffisait de revenir à un délai acceptable. Car la question de l’avortement n’est pas celle d’une question morale, mais celle de la possibilité pour des femmes qui, de toute manière, se feraient avorter de le faire dans des conditions sanitaires acceptables. Et c’est cet accès à une santé ouverte à tous qui vient d’être supprimé. Les grossesses non désirées touchent dans leur immense majorité aux États-Unis, des adolescentes non blanches et les couches sociales les plus défavorisées. En adoptant cette mesure, la plus grande puissance occidentale lance un message terrible aux femmes : vos droits ne seront jamais définitivement acquis. Ils peuvent vous être retirés parce que des dizaines de millions d’illuminés le réclament. Le résultat est que les États-Unis offrent aujourd’hui le visage d’un pays au bord de la guerre civile voire de la guerre religieuse.

Le droit à l’IVG en France et en Europe


Une telle régression est d’ailleurs planétaire et elle est le fruit des pressions religieuses sur tous les continents du monde. En Europe même, la Hongrie et la Pologne restreignent ce droit jusqu’à le rendre impossible. Or c’est toujours le combat de la société civile qui fait reculer les grenouilles et les crapauds de bénitier de toutes confessions. En France, ce droit fut présenté au Parlement par Simone Veil et voté par une majorité de députés y compris de droite. À l’époque le Front national de Jean-Marie Le Pen s’y opposait. Aujourd’hui, sa fille semble avoir un avis contraire. Et c’est tant mieux. Mais ce droit reste fragile comme le démontre hélas la décision américaine. Des militantes féministes, le Planning familial, des députés de LREM et de la NUPES et 400 députés proposent qu’il soit désormais inscrit dans la Constitution française. Pourquoi pas ? Mais l’exemple américain démontre que la constitutionnalisation d’un droit est loin de le sanctuariser.

Souvenons-nous


Un droit n’est jamais que le fruit de combats nombreux et répétés. Le droit à l’IVG en France a d’abord été porté sitôt après la guerre par des hommes et des femmes souvent sympathisants du Parti communiste qui y a répondu par son hostilité. L’épouse du secrétaire général du Parti, Jeannette Van Vermeersh avait même parlé d’un caprice de grande bourgeoise. Puis après 68, le Mouvement pour l’Avortement et la Contraception, a pris le relais. À l’époque on estimait à 600 000 les avortements clandestins pratiqués dans des conditions effroyables et responsables de plus de 20 000 décès ou mutilations définitives. On remarquera au passage que c’est la droite qui permettra les grandes avancées en la matière : le député gaulliste Neuwirth pour la pilule en 1967 et Giscard d’Estaing pour l’IVG en 1975. Pour empêcher que ce droit élémentaire soit un jour supprimé, il convient de se battre dès aujourd’hui au quotidien et pied à pied. C’est aussi et encore un combat qui ne regarde pas que les femmes. Nous sommes tous concernés.

GXC
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