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Réchauffement climatique : le Pô a soif, Rome brûle !

Il faut admettre que le récahauffement cliumatique est une réalité,....
Réchauffement climatique : le Pô a soif, Rome brûle !


Il faut admettre que le réchauffement climatique est une réalité, que la sécheresse sévit et va durer et qu’un jour pas si lointain, cela fera très mal. Près de chez nous, c’est d’ailleurs déjà vérifiable.


S’accrocher au scepticisme, rester dans le déni ou espérer le miracle ne sont plus de mise. Il faut admettre que le réchauffement climatique est une réalité, que la sécheresse sévit et va durer et qu’un jour pas si lointain, cela fera très mal. Près de chez nous, c’est d’ailleurs déjà vérifiable. Dans le nord-est de l'Italie, il y a quelques jours, une partie de la Marmolada (3300 m), le glacier le plus imposant des Dolomites, s’est détachée puis, en s’effondrant, a emporté une dizaine de personnes qui pratiquaient la randonnée. Les experts considèrent que le réchauffement climatique ambiant et des températures élevées (jusqu’à 10°C au sommet quelques heures avant l’effondrement), en provoquant une fonte de la glace puis une infiltration et une accumulation d’eau, ont créé les conditions de cet effondrement. « C’est la conséquence des conditions météorologiques actuelles, c’est-à-dire un épisode de chaleur précoce qui coïncide avec la problématique du réchauffement climatique » a affirmé Massimo Frezzotti, professeur au Département des Science de l’Université Rome. Sur France Bleu Isère, Christian Vincent, glaciologue au CNRS et à l'Institut des géosciences de l'environnement de l'Université de Grenoble, a abondé en ce sens : « Pour la Marmolada, si c'est un phénomène qui est lié à l'eau de fonte, c'est clair que c'est le réchauffement de ces dernières semaines puisqu'il y a eu des canicules très fortes, en particulier dans cette région de l'Italie, qui a conduit à une augmentation de la fonte très importante. »

La plaine du Pô manque d’eau


La plaine du Pô (plus long fleuve italien, s’écoulant des Alpes à l’Adriatique) est, elle aussi, durement affectée par le réchauffement climatique. A des températures très élevées, s’ajoute le manque d’eau. Depuis plus de quatre mois, il n’est quasiment pas tombé une goutte de pluie sur les terres de la région. En amont, sur les hauteurs, après un hiver marqué par un déficit d’enneigement, les précipitations sont rares. Les conséquences sont que le niveau de l’eau est, selon les lieux, 30 à 70 % plus bas que la moyenne, et que le débit est trop faible pour alimenter régulièrement les canaux d’irrigation. Les exploitants agricoles craignent le pire pour 120 000 hectares de rizières (la plaine du Pô et redoutent une réduction de 30 % des récoltes de blé, de maïs et de tomates. « La situation de la plaine du Pô jusqu’à l’embouchure est inédite en cette période depuis que nous faisons des relevés hydrologiques. L’eau manque dans les nappes phréatiques. Les lacs alpins sont en stress hydrique » s’inquiète le vice-président de la Confédération nationale des agriculteurs.
Il y a quelques jours, le gouvernement italien a décrété l’état d’urgence dans les cinq régions traversées par le Pô (Piémont, Lombardie, Emilie-Romagne, Frioul-Vénétie-Julienne, Vénétie) pour disposer « des moyens et des pouvoirs extraordinaires » nécessaires pour réparer les dommages subis par les biens publics et privés, et pour assurer les conditions de vie normales de la population. A ce jour, cela se traduit notamment par la mobilisation de 36,5 millions d’euros et des mesures restrictives : rationnement de l’eau destinée à l’irrigation des cultures, interdiction pour les particuliers d’arroser les jardins, remplir les piscines ou laver les voitures, coupure d’eau durant toute la nuit dans de nombreuses villes...

46 ° C dans une commune de Sicile !


L a situation devient aussi très difficile dans le centre et le sud du pays. Les records de température tombent les uns après les autres. Dans une commune de Sicile, le thermomètre a indiqué 46 ° C ! A Rome et aux alentours, l’eau n’est pas rationnée mais, attisés par des températures atteignant jusqu’à 38 °C ainsi que par le vent, les incendies de végétation font des ravages.
Selon le quotidien Il Messaggero, depuis le 27 juin dernier, plus de 900 interventions de pompiers pour des feux de broussailles ou de forêt ont été comptabilisées. Il a même été déploré un « méga incendie » dans le parc régional urbain Pineta Sacchetti situé au nord-ouest de la Ville éternelle, non loin de la Basilique Saint Pierre. Les flammes ont parcouru plusieurs dizaines d’hectares. Le président de Roma Natura (organisme régional en charge des réserves et parcs régionaux sur le territoire romain) a certes dénoncé des moyens insuffisants pour contenir les flammes, les média ont évoqué l’action d’incendiaires et le parquet de Rome a ouvert plusieurs enquêtes pour vérifier s'il n'y avait pas la main de la mafia, mais il est ressort avant tout que la canicule er la sécheresse créent les conditions pour que « Rome brûle ». Le réchauffement climatique est donc à notre porte.
En réalité, il s’est même déjà un peu glissé dessous. En effet, outre des épisodes caniculaires ayant affecté, depuis le début de l’été, certains de nos territoires, et outre des pénuries d’eau qui se dessinent, il a été constaté que les températures des eaux de la Méditerranée qui lèchent nos rivages, ont, en mai dernier, dépassé de 4°C la moyenne concernant la période 1985-2005.



Alexandra Sereni



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