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Histoire des catastrophes naturelles en Corse

En 1993 crues et inondations causaient en Corse sept morts et deux cents sans -abri
En 1993 crues et inondations causaient en Corse sept morts et deux cents sans-abri. Le phénomène des crues qui succèdent à une période de sécheresse n’est pas nouveau surtout si l’hiver a été neigeux. Et les archives de la Corse sont remplies de drames identiques ;

La petite ère glaciaire.


Les hivers de la période allant de 1550 à 1610 furent particulièrement rudes. Les archives témoignent de la grande l’inondation de la plaine orientale en 1579. Les conditions climatiques furent particulièrement difficiles durant ce que l’historien Leroy Ladurie a appelé le petit âge glaciaire de 1570 à 1590) durant lesquelles outre les chutes de neige et les pluies en abondance, les ports de la Méditerranée furent bloqués à trois reprises par les glaces. Au XVIIe siècle, les documents témoignent des crues du Bevincu et de l’Alesani en 1670 ; puis, en 1715, des inondations catastrophiques en Marana où le Bevincu à nouveau et le Golu sortent de leur lit et en creusent d’autres. À la même époque, la Gravona est tellement large qu’on ne la traverse qu’à l’aide d’une barque. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les inondations des plaines orientales et occidentales sont des faits communs. Lors de la bataille de Ponte novu, le Golu charrie des flots furieux. En 1841, c’est au tour du Tavignanu d’emporter des maisons et des habitants.

Du 20 au 23 octobre 1869, les crues emportent 16 maisons à Calenzana, 3 à Calvi, 3 à Lumio, une à Muro, et la route nationale sur 9 km de longueur. Dans les vallées du Secco et de la Figarella, huit personnes décèdent.

Le 9 novembre 1892, le massif de Bavella, les Forche d’Asinao et le bassin du Tavignano reçoivent un véritable déluge. Le niveau de la Solenzara, du Cavu et de I’Oso monte en quelques heures et plusieurs ponts sont emportés. Dans le Sartenais, le niveau du Rizzanese et du Fiumiciccoli s’élève de quatre à cinq mètres. Là aussi des ponts séculaires sont détruits.

L’une des causes de ces catastrophes est l’état des montagnes que les incendies provoqués par les bergers ont privé de leur végétation.

Au XXe siècle aussi


Les 27 et 28 septembre 1938, le nord-est est noyé sous des pluies torrentielles. Bastia se retrouve sans eau, ni gaz, ni électricité pendant plusieurs jours. 50 communes sont sinistrées. L’usine hydroélectrique du Golu est dévastée. Les voies ferrées et routes de Bastia-Corte et de Bastia-Porto Vecchio sont coupées. Durant l’été 1959, à Bocognano, un violent orage sur le massif du Migliarellu provoque le gonflement du torrent de Ricchiusa qui emporte de jeunes scouts dont quatre périssent. En septembre 1976, le Tavignano sort de son lit à Baliri, en amont de Corte, et emporte neuf touristes allemands qui dormaient sous leurs tentes les tuant tous. Les années 1980 sont particulièrement riches en épisodes orageux. En octobre 1980, la Castagniccia est sinistrée. Un mois plus tard, c’est aux plateaux et aux hautes vallées de Bocognano de subir des orages diluviens : ponts, routes et voie ferrée sont coupés. L’aéroport d’Ajaccio est inondé et le trafic aérien interrompu. Deux ans plus tard, les 7 et 8 novembre 1982, la Solenzara connaît la plus forte crue jamais enregistrée, causant des dégâts colossaux. 1989, 1992, 1993 sont encore des années de fortes perturbations. Et les exemples sont légion mettant à mal l’idée d’une île dotée d’un climat exceptionnel.

Et autres catastrophes…


Les coulées boueuses sont aussi une conséquence des fortes précipitations. « Les plus tragiques de ce siècle, note Paul Silani dans le Provençal Corse, ont été celles qui ont détruit plusieurs maisons à Ocana le 18 septembre 1929 (trois morts) et le 20 août 1944 (cinq morts). Cette année-ci l’ouragan n’avait pas duré deux heures et l’on peut encore voir d’énormes rochers qui avaient été entraînés par les coulées. À noter que les maisons ont été reconstruites sur les zones ainsi balayées au risque de connaître de nouveaux drames.

Coulées également dans la vallée de la Restonica en mars 1974, puis à Vivario le 25 octobre 1976 où elles ont fait un mort et emporté plusieurs maisons. »

Sans oublier les « épisodes neigeux » qui génèrent des avalanches aussi dramatiques que celles de Palneca (12 morts) en 1927, d’Ortiporio (37 morts) et Bocognano (9 morts) en 1934, et d’autres qui le sont moins.

Les météorologues font remarquer que les pluies torrentielles typiques du climat méditerranéen ont une fréquence de retour de 50 à 100 ans. Et la Corse est particulièrement exposée à cause de son relief abrupt et des différents courants aériens qui convergent vers les basses pressions liguriennes. Soyons donc attentifs.

GXC
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