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Une relance de l 'amitié franco-italienne

Le traité du Quirinal

Une relance de l’amitié franco-italienne


Le Président de la République, Emmanuel Macron et le Président du Conseil italien, Mario Draghi, le signaient le 26 novembre dernier, le traité du Quirinal afin de graver dans le marbre les convergences de vues et les actions diplomatiques, financières et économiques entre Paris et Rome. Il est l’équivalent transalpin du Traité de l’Élysée qui organise la coopération franco-allemande.

Un contexte européen difficile


Le traité du Quirinal vise à améliorer les relations franco-italiennes notamment mises à mal par l’abandon de l’Italie lors de la crise migratoire qui a vu l’Europe lâcher l’Italie. Mais le traité va plus loin. Il veut améliorer les relations entre les deux pays en matière d’affaires étrangères et européennes, de coopération transfrontalière, spatiale et intérieure, de sécurité et de défense, de politiques migratoires, de justice, de coopération économique, industrielle et numérique, de développement social, durable et inclusif, d’enseignement, formation recherche et innovation, de culture, jeunesse et société civile. Car la succession des crises a fait apparaître une fracture entre une Europe septentrionale et une Europe méridionale. Ces deux Europes dont la culture profonde diverge ont néanmoins une nouvelle raison d’exister avec la guerre en Ukraine.

Jouer sur l’appartenance civilisationnelle


France et Italie ont cherché à réduire cette fracture pour mettre en exergue ce qui résonne, en harmoniques, auprès de nos 25 alliés européens, de nos 23 partenaires de la politique européenne de voisinage, voire au-delà sur le continent africain, au Moyen-Orient et en Asie Centrale, c’est-à-dire la question civilisationnelle. L’argument n’est pas facile à défendre alors que la Russie progresse en Afrique au détriment des intérêts français et que les États-Unis parviennent également à y gagner du terrain en jouant sur les affrontements continentaux (notamment entre Hutus et apparentés et Tutsis et apparenté) avec pour toile de fond l’offensive islamiste. La France et l’Italie ont mis en avant ce que cette « civilisation » supposée possède en partage : Baltique, Méditerranée, Adriatique, mer Noire et a cherché à y voir des avantages plutôt que les frontières infranchissables d’une forteresse européenne.

Solidarité et subsidiarité


Le Plan de relance européen (Next Generation EU) et ses 800 milliards d’euros envisagés sur la période 2021-2026, existent grâce au volontarisme et à l’activisme de Paris et Rome réunis par une certaine souplesse budgétaire suffisamment convaincante, face à un front traditionnel de refus euroseptentrional, « arc-bouté » sur la rigueur des critères budgétaires héritée du Traité de Maastricht. Les deux présidents avaient mis en avant les valeurs consubstantielles du destin européen, dramatiquement renforcé par l’agression russe en Ukraine. Ils ont affirmé que le renforcement de l’Europe passait par la solidarité et la subsidiarité, termes qui restent à préciser tellement ils semblent pour l’instant n’être que des slogans incantatoires. Il reste à définir une direction à prendre. Néanmoins sur le plan économique, la France et l’Italie sont déjà dans une situation très avancée par rapport à d’autres pays de l’Union européenne. Les échanges commerciaux et leur complémentarité industrielle se sont avérés être un point de force capable de dynamiser et soutenir les deux économies même si les deux pays affichent une dette colossale. L’intérêt français vers l’Italie concerne principalement l’industrie, la finance et la distribution et trouve une asymétrie demande/offre avec l’intérêt italien qui identifie la France comme un marché principal pour l’innovation et l’exportation.

Équilibrer les rapports européens nord-sud


Leurs échanges commerciaux repartent à la hausse en 2022, à 92 milliards d’euros, et même s’ils n’ont pas encore atteint le niveau des échanges franco-allemands, l’écart s’est réduit progressivement à partir de 2014. À ce rythme, les échanges pourraient attendre les 120 milliards en 2030. Enfin, la France et l’Italie pourraient unir leurs compétences sur le plan de la recherche et de l’innovation et développer des programmes de formation des nouvelles générations aux métiers du futur comme l’intelligence artificielle et le quantique. L’impact sur leur économie et l’emploi serait alors de grande importance et ainsi, alliée à l’Espagne et au Portugal imposer durablement une Europe du Sud en équilibre avec celle du Nord.

GXC
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