Le topless, c'est has been?
A chaque époque sa polémique. En 1946, c'était le bikini, en 1964, le monokini, en 2016, le burkini......
Le topless, c’est has been ?
À chaque époque sa polémique. En 1946, c’était le bikini, en 1964, le monokini, en 2016, le burkini… Entre injonctions vestimentaires, morales ou religieuses, harcèlement de plage et peur sanitaire, aujourd’hui le topless n’est plus la norme.
Bronzer seins nus
La question du « (dé) voilement » des corps sur les plages en été a toujours suscité des polémiques tant celui-ci est symptomatique des évolutions des normes de pudeur imposées, notamment, voire surtout aux femmes. Dans les années 60, le topless, sur les plages de Saint-Tropez, c'était tendance. Dans les années 1970, en Corse, le maire de Lumio s’insurgeait contre le monokini au nom des « valeurs défendues dans l’île ». Dans les années 1980 et 1990, les seins nus déferlaient sur les plages publiques. Aujourd’hui, chacune fait ce qu’il lui plait, à condition de respecter les règlements en vigueur. En effet, si en France, aucune loi n’interdit de bronzer ou de se baigner en monokini, certaines municipalités en ont interdit la pratique par arrêté municipal spécifique. Dans ce cas le fait d’être seins nus sur une plage peut constituer une contravention. Tout contrevenant peut alors écoper d’une amende de 38 euros. En revanche, si aucun panneau stipulant cet arrêté n’est présent, il est possible de bronzer seins nus. Juridiquement, « l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende », selon l’article 222-32 du Code pénal, mais cela ne s’applique pas pour le topless. Même application pour les torses nus.
Depuis 1994, il n’existe plus de loi interdisant d’être torse nu en ville, sauf arrêté municipal spécifique, auquel cas le contrevenant s’expose à 38 euros d’amende. Certaines stations balnéaires appliquent ces restrictions pour éviter les abus des vacanciers. Ajaccio, à l’instar des villes telles que Perpignan, Cavaillon, Bandol, Carpentras, Cannes, mais également Arcachon, La Baule du côté de l'Atlantique, Cabourg, Deauville, Berck et Le Touquet du côté de la Manche, fait partie des stations touristiques qui ne tolérent plus le port d'une seule tenue de bain en dehors du bord de mer. Vacances j’oublie tout, mais pas la décence.
Au-delà de la mode
Selon un sondage de l’IFOP pour Xcams media d’août 2021 à l’occasion de la journée mondiale du topless, le 26 août, les adeptes du monokini semblent de moins en moins nombreuses. Et pour preuve, dans les années 80, 43 % des femmes de moins de 50 ans le pratiquaient contre seulement 16 % aujourd’hui. Les raisons de ce revirement sont d’une part dans la conscience des méfaits du soleil. Les campagnes de prévention des mélanomes portent leurs fruits. D’autre part, les femmes craignent aussi pour leur sécurité. 38 % des femmes reconnaissent avoir peur « d’attirer les regards concupiscents » ou encore de subir des « agressions verbales, physiques ou sexuelles » en affichant leurs seins en public.
Pour 46 % des jeunes femmes, la peur est aussi d’être publiées à leur insu sur les réseaux sociaux, alors que ceux-ci ont l’habitude de censurer les images de poitrine (participant par là même à l’érotisation du corps de la femme). 30 % appréhendent les critiques négatives qu’elles pourraient recevoir sur leur poitrine. Les diktats ont la peau plus dure que celle des poitrines. D'ailleurs aujourd'hui, selon l'IFOP, seuls 19 % des Françaises de moins de 50 ans se mettent parfois seins nus sur la plage. La poitrine des femmes reste encore très sexualisée.
Question de santé
Contrairement aux idées reçues, bronzer seins nus n’est pas plus dangereux que bronzer tout court. Le meilleur ami des seins à l’air, comme de tout le reste du corps, c’est la protection solaire, un indice élevé sera préféré pour cette partie de l’anatomie qui ne s’expose que très rarement à l’air libre.
Donc pour éviter les mélanomes, un indice fort est recommandé pour la poitrine et le décolleté. Le lien avec le cancer du sein n’est pas établi, mais les professionnels de santé recommandent aux femmes ayant eu recours à la chimiothérapie ou à la radiothérapie d’être plus vigilantes à l’exposition au soleil. Non pas à cause de risque de récidive du cancer, mais parce que la peau du sein est davantage photosensible. Alors peu importe les raisons qui poussent les femmes à tomber le haut, geste politique, par envie, par militantisme féministe, par habitude, l’essentiel, c’est de les protéger des UV, qui n’ont cure de la pudeur.