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Les Massaïs , victimes du gouvernement tanzaniens et des Emirats

Les droits fondamentaux des peuples premiers.
Les Massaïs, victimes du gouvernement tanzaniens et des Émirats

Le gouvernement tanzanien s’est lancé dans une vaste opération de « délocalisation » des Massaïs peuple premier de ce pays, habitant la réserve naturelle de Ngorongoro, afin de favoriser des chasses proposées aux milliardaires venus du monde entier et notamment de la péninsule arabique. Le cratère est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et les autorités veulent en théorie en faire une réserve animalière de 1 500 kilomètres carrés, en expulsan
t près de 70 000 Massaïs de la zone.

La révolte des Massaïs


Le gouvernement tanzanien démontre que le colonialisme n’est pas l’apanage des Blancs. Ils usent aujourd’hui des mêmes méthodes que celles utilisées par les Français, les Espagnols, Américains et les Britanniques en Nouvelle Calédonie, en Afrique, Amérique du Nord, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Des affrontements ont déjà eu lieu avec les forces de police tanzaniennes qui n’ont pas hésité à tirer sur les Massais. Jonathan Mpute Ole Pasha, le coordinateur national du groupe Maa Unity Agenda a déclaré : « Les droits de la communauté indigène vivant en Tanzanie, en particulier la communauté Maa, et nous n’allons pas bouger d’un pouce de notre terre natale à Loliondo, à Simanchilo, à Kiteto, au Kilimandjaro. Nous allons rester sur place. Des gens en Tanzanie meurent, des femmes sont violées, des enfants sont battus et vous nous arrêtez ? Pourquoi ? Nous sommes les Massaïs. Nous ne sommes pas d’accord. »


L’ONU et Amnesty international dénoncent l’attitude du gouvernement tanzanien

Dans un communiqué publié le 15 juin, neuf experts indépendants nommés par l’ONU ont dénoncé le projet des autorités tanzaniennes visant à transformer 1 500 km2, sur les 4 000 qui composent la zone contrôlée de Loliondo, en aire réservée aux safaris, à la chasse aux trophées et à la conservation. Selon eux, la décision a été annoncée par le commissaire régional d’Arusha à l’issue d’une réunion à huis clos et sans consultation des représentants massaïs. Les experts de l’ONU se sont dits préoccupés par les déplacements forcés de population. Amnesty international a élevé une vigoureuse protestation par la voix de Roland Ebole, chercheur régional pour l’Ouganda et la Tanzanie : « Nous voulons que les autorités tanzaniennes mettent un terme au processus de démarcation en cours et à l’opération de sécurité à Loliondo et nous voulons que le gouvernement entame de véritables consultations avec la communauté massaï. Elles doivent également veiller à ce que des voies de recours soient offertes à toutes les personnes concernées ». Selon des experts de l’ONU, quelque 150 000 personnes risquent d’être déplacées.

L’appétit carnassier des Émiratis


En février dernier, l’Assemblée nationale tanzanienne a tenu une session spéciale pour débattre du droit des Massaïs à habiter leurs terres ancestrales, pourtant garanti par la loi depuis 1959. On sait aujourd’hui qu’une riche société émiratie, Otterlo Business Corporation (OBC) louche sur la faune sauvage tanzanienne afin d’y organiser des séjours de chasse privée. Or un de ses actionnaires n’est autre qu’Abdulrahman Kinana, le secrétaire général du premier parti du pays, Chama cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir en Tanzanie depuis son indépendance, en 1962. Ce qui a prédominé sont les liens étroits entre les intérêts émiratis et les autorités tanzaniennes. Otterlo Business Company contrôlerait la chasse commerciale dans la région, « malgré son implication passée dans plusieurs expulsions violentes de Massaïs, l’incendie de maisons et le massacre de milliers d’animaux rares dans la région », précise un groupe de réflexion de l’ONU.

« Malgré des pauses antérieures, le gouvernement tanzanien poursuit aveuglément ses plans visant à expulser les éleveurs massaïs de leurs terres pour ouvrir la voie à la chasse aux trophées, a déclaré Anuradha Mittal, directrice exécutive d’Oakland Institute. La mobilisation internationale sur ces développements est impérative pour aider à arrêter cette démarche désastreuse et illégale. »


Les droits fondamentaux des peuples premiers


Ce qui est au cœur du drame des Massaïs, est la situation des peuples premiers souvent réduits à l’état de curiosité touristique ou pire, expulsés, vers des réserves comme le furent les Amérindiens au XIXe et au XXe siècle aux États-Unis d’Amérique, comme le furent les indigènes d’Amérique latine. La situation des Massaïs rappelle celle des Indiens d’Amazonie qui jusque dans les années soixante-dix furent la proie de safaris en hélicoptères organisés par des sociétés brésiliennes. Se battre pour que les peuples premiers choisissent leur propre mode de vie est tout simplement une question essentielle pour une humanité qui semble vouloir faire passer les intérêts financiers avant tout autre critère.


GXC


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