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« Dalida sur le divan
La diva « dé-strassée »



« Dalida sur le divan » proposé par Lionel Damei et Alain Klingler est un spectacle musical aussi étonnant qu’émouvant. Créé à L’Aria, présenté en avant-première à L’Alb’Oru, joué plus d’une vingtaine de fois au festival d’Avignon, la pièce va tourner dans toute la Corse à partir du 13 août.



Sur scène Dalida est incarnée par Lionel Damei et ce n’est pas un mince exploit pour un homme de se faire diva, sans outrance, avec délicatesse. La pièce musicale est un dialogue entre l’artiste de variété et son psy, interprété par Alain Klingler. Un duo sensible rebondissant de la voix au piano. Voix souple de Lionel Damei. Piano tendre et interrogateur d’Alain Klingler. Un duo qui narre le périple de la petite italienne du Caire - Iolanda Gigliotti – jusqu’au top du showbiz. Un parcours royal mais jonché de drames, de tragédies, de fourvoiements et… d’un feu d’artifices de succès. Cette Dalida-là avec ses ambivalences, avec son rayonnement, avec ses mystères, Lionel Damei et Alain Klingler la restituent avec justesse et sensibilité. Les deux comédiens-musiciens-chanteurs ont pour atout majeur l’imaginaire. Ils donnent à imaginer au spectateur en s’écartant du réalisme pour aller au réel et aux secrets de l’âme. C’est un pari de leur part. Un pari réussi lorsqu’on assiste à la représentation.

Dans ce spectacle il y a certes la Dalida, reine du music-hall, qui savait chanter et danser d’un même élan, mais également l’autodidacte qui aimait passionnément la lecture, s’instruire, découvrir Teilhard de Chardin et la psychanalyse, la culture en général. Il y a bien sûr la femme qui voit la jeunesse lui échapper et l’âge qui vient pesant malgré une silhouette de rêve. L’âge porteur d’angoisse. « Dalida sur le divan » est adapté d’un ouvrage de Joseph Agostini, psychologue clinicien. Damei et Klingler ont eu l’idée judicieuse de commencer le spectacle par le départ de la star pour l’Egypte où l’attend le cinéaste Youssef Chahine sur le tournage du « 6 è jour » d’après un roman d’Andrée Chedid. Or, pour celle qui chantait « Bambino » ou « Laisser moi danser » ce film devait être un tournant, mieux une renaissance. Enfin elle allait jouer un personnage tragique. Une femme qui se bat pour sauver son petit-fils alors que Le Caire est ravagé par une épidémie de choléra dans les années cinquante. Transporté de bonheur Dalida, elle qui confiait à un journaliste : « Ce film est un cadeau, pour la première fois je tourne un vrai film, avec un vrai scénario, un vrai metteur en scène, dans un vrai rôle de comédienne »… Mais peu après l’étoile s’éteignait.

• Michèle Acquaviva-Pache


La tournée en Corse
13 août : auditorium de Porticcio, 21h. 14 août : mairie de Lecci, 21h30.
16 août : Fabbrica Culturale à Venaco, 19h.
17 août : médiathèque de Folelli, 19h30. 19 août : Saint Florent, 21h30 ainsi que le lendemain.
21 août : Patrimonio, Maison des vins, 21h.

22 août : Marignana, 21h30.

ENTRETIEN AVEC LIONEL DAMEI, COMÉDIEN, CHANTEUR


À quelle occasion avez-vous eu l’idée du spectacle musical,« Dalida sur le divan » ?


Une première fois il y a quelques années quand avec mes camarades, Alain Klingler et Christophe Roussel nous jouions, « Les garçons d’honneur », un spectacle cabaret où l’on interprétait des chansons de chanteuses françaises. Une second fois lorsque je donnais à Avignon, « Monsieur Barbara » et que je rencontrais Joseph Agostini, psychanalyste, auteur d’essais sur le théâtre qui m’a fait parvenir son texte, « Dalida sur le divan ». Ensemble avec Alain Klingler nous avons entrepris une récriture pour transformer le monologue initial en dialogue entre Dalida et son psy.


Que représentait Dalida pour vous ?

La possibilité de chanter et de danser en même temps ce qui me faisait rêver devant la télévision enfant. J’aimais regarder ses shows comme ceux de Fugain et de bien d’autres ! Moi, sur scène je chante… et je remue, parce que danser à mon propos est un bien trop grand mot…J’étais aussi très sensible à sa voix surtout quand en 1977 – 1978 elle a repris en version disco, « J’attendrai » de Rina Kitty.


Pourquoi Dalida est-elle une icône gay ?

Parce qu’il y a en elle un équilibre des genres. Elle avait autant de forces féminines que masculines et dans sa voix autant de graves que d’aigus. Autour d’elle se greffaient de nombreux hommes-fleurs. C’était son jardin… pour son meilleur et pour le pire.


Sur scène vous interprétez Dalida. Quel écueil vous fallait-il éviter ?

J’interprète la femme et la chanteuse avec ses doutes. Avec ses questions. Pour intégrer ses paroles, ses chansons je devais être juste. Vrai. Dalida et moi partageons les mêmes origines : la Méditerranée et l’Orient. Un des plus beaux compliments que m’a fait un spectateur ce fut de me dire : « Vous incarnez l’âme de Dalida. »


De quelle manière avez-vous adapté le livre du psy, Joseph Agostini ?

On a travaillé en trio avec Alain Klingler, Joseph Agostini et moi. On a procédé en écriture de plateau. Le confinement nous a permis de prendre du temps et de remettre plusieurs fois l’ouvrage sur le métier. Sur scène quand je joue, j’ajoute ou je retranche en liberté. Nous avons au tous les trois une très grande complicité, que nous avons partagé avec Christophe Roussel, le metteur en scène, une belle âme, qui est un peu notre guide spirituel.


Pourquoi avoir choisi comme point de départ du spectacle le moment où Dalida rejoint le cinéaste, Youssef Chahine, au Caire pour tourner « Le 6 è jour » ?

C’est une idée de Joseph Agostini… Une belle idée. A l’époque en voyant le film j’ai pensé que Dalida avait un vrai courage de se lancer dans un rôle de tragédienne. Je faisais alors mes débuts dans la chanson et j’ai eu envie de lui en écrire une… Mais quelques mois après la sortie de l’œuvre de Chahine elle s’est suicidé… Lorsqu’à la fin du spectacle je chante « Soleil de cendres » c’est à elle que je pense et j’aurais tant voulu qu’elle en soit l’interprète !


Le spectacle reprend des mots, des réflexions de Dalida dans des émissions, dans des interviews. Sur quels critères les avez-vous retenus ?

On a choisi ce qui pouvait s’accorder à une confession psychanalytique. Mais des mots on lui en souffle aussi. Mais certaines de ses phrases on les prolonge aussi.


Chez Dalida, doublement immigrée car fille d’Italiens au Caire, il y a une sorte de conte de fée à cause de son succès. Il y a également un destin tragique à cause des morts qui l’ont entourée. Le piège était-il d’écarter le mélo ?

On a voulu rester libre de susciter le rire et les larmes en mettant de la distance avec elle et en évoquant l’humour qui était le sien.


Dans « Le 6 è jour » Dalida est splendide d’émotion. Pourquoi le public a-t-il boudé sa performance ? Pourquoi son suicide peu après ?


Ce film est venu trop tard. Dalida était en perte de vitesse au plan artistique, fragilisée par le temps qui passe et par une opération des yeux qui n’avait pas réussi. « Le 6 è jour » la ramenait à sa réalité de grand-mère, or malgré
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