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Et pendant ce temps, la Méditerranée souffre

le dérèglement climatique et la pollution touchent particulièrement la nature.
Et pendant ce temps, la Méditerranée souffre

Le dérèglement climatique et la pollution touchent particulièrement la nature. La mer Méditerranée n’échappe pas à cette folie destructrice. Le premier agent polluant qui se remarque est le plastique. Mais l’autre phénomène observable est aussi la température de l’eau. Elle augmente, pour le plus grand plaisir des baigneurs frileux, mais pour le pire pour l’écosystème marin qui se fragilise et voit aussi débarquer dans ses fonds des espèces invasives.

Méditerranée en danger


Les détritus jonchant les plages et autres espaces publics lors de fortes affluences touristiques sont monnaie courante. Les opérations de nettoyage des plages qui ramassent des tonnes de plastique prouvent que le 7e continent de plastique dans l’Océan Pacifique pourrait tout à fait éclore en Méditerranée. Les estimations actuelles indiquent que l’on trouve aujourd’hui plus de 150 millions de tonnes de plastique dans l’océan. D’ici à 2050, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons (en poids). C'est entre la Corse et la Toscane que la concentration de déchet atteint des niveaux d'alerte très élevés. En 2019, une île composée de déchets plastiques dérivait au large de l’île d’Elbe, de manière temporaire, au gré des courants. Globalement 80 % des déchets plastiques en mer sont d’origines terrestre et 20 % sont de sources marines comme la pêche, l’aquaculture ou le transport maritime. L’Europe rejette à elle seule chaque année entre 150 000 et 500 000 tonnes de macro-plastiques (>5mm) et entre 70 000 et 130 000 tonnes de micro-plastiques (<5 mm). La majorité de ces rejets se retrouve en mer Méditerranée. La concentration de débris plastiques est particulièrement élevée près de Marseille, Nice et la Corse, en partie par « le tourisme et les activités de loisirs ». Autre facteur, le système de recyclage des déchets est moins performant dans les départements méditerranéens. En 2021, la Corse a envoyé 93 746 tonnes de déchets en recyclage et valorisation, alors qu’elle a produit 243 933 tonnes de déchets (36 % de plus que la moyenne nationale).

Dommages multiples

Au niveau Européen, le coût des déchets plastiques pour la flotte de pêche est estimé à 61,7 millions d’euros par an. Les pertes financières sont pour le secteur de la pêche et le tourisme, les plagistes étant découragés par les déchets plastiques et les mégots. Le coût d’entretien des plages est aussi élevé et ne peut reposer que sur les seules bonnes volontés des bénévoles. Mais les premiers touchés par cette pollution sont les animaux et les plantes. En Méditerranée, les principales victimes sont les oiseaux (35 %), les poissons (27 %), les invertébrés (20 %), les mammifères marins (13 %) et les tortues marines. 65 % des animaux pris au piège en Méditerranée le sont à cause de lignes de pêche. La plaisance apporte aussi son lot de pollution. Les algues qui s’échouent sur les rivages et viennent s’ajouter aux déchets, sont arrachées par les mouillages, même temporaires. Les fortes chaleurs ont aussi un impact non négligeable sur la faune et la flore de Méditerranée. Les coraux et les gorgones, qui abritent les poissons, commencent à souffrir dès 25 °C. Les herbiers de posidonie résistent difficilement au-dessus de 31/32°. Cette augmentation des températures a aussi pour conséquence de voir apparaître de nouvelles espèces, venues d’ailleurs. Des plongeurs ont remarqué la rascasse volante et le poisson-perroquet, originaires de la Mer rouge. Les barracudas se sont aussi installés dans les profondeurs près de Bonifacio. Des crabes bleus originaires d’Amérique ont été aperçus. Le poisson lapin, considéré comme une espèce invasive pour les algues, s’est installé en Méditerranée en provenance du canal de Suez.

Qualité de l’eau

La région du Sud Corse est la plus grande productrice de déchets sur l'île. Cependant, 60 % sont produits entre juin et septembre. Pour maintenir les zones protégées propres, comme dans le Parc marin des Bouches de Bonifacio où les bateaux de l'Office de l'environnement œuvrent régulièrement pour remplir des sacs-poubelles de déchets ramassés le long des côtes, selon les vents. Si la Méditerranée est fragile, les eaux douces le sont tout autant. L'ARS de Corse, dans ses analyses de la qualité des eaux, souligne que les rivières, fleuves et lacs restent plus vulnérables que la mer. En effet, seulement 40 % des eaux douces sont notées d'excellente qualité contre 95 % pour les baignades en mer.

Maria Mariana
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