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L'assassinat de Giovan Pietro Gaffori

Lorsqu'il est assassiné Giovan Pietro Gaffori est l'espoir de la révolution corse.

L'assassinat de Giovan Pietro Gaffori

Lorsqu'il est assassiné Giovan Pietro Gaffori est l'espoir de la révolution corse.
Il a pour allié la puissante famille Matra dont est issue son épouse, Faustina devient tellement gênant que Gênes décide de l'éliminer en utilisant une fois de plus la vendetta qui, pour le coup, l'oppose aux Romei. C'est Giovan Giacomo Grimaldi, doge de Gênes qui organise l'attentat avec vraisemblablement la complicité du propre frère de Gaffori.
L'Archivio di Stato de Gênes a conservé l'interrogatoire des meurtriers. Voici quelques passages du long récit fait par Gian Battista Romei, le 3 novembre 1753.

Le récit de Romei
Une fois la décision prise de faire disparaître Gafforio, j'emmenai avec moi Francesco Romei, mon cousin germain ; Pasquino Romei, mon frère ; Carlo Giacinto Romei, mon fils , Antonio Romei, fils dudit Pasquino, mon frère ; Filippo Maria Romei, fils de Pasquino, fils defeu Orsino ; Francesco Romei, fils d'Antonio ; Giuseppe Maria Romei, fils de Stefano et Giuseppe Romei, fils dAntonio.Ils se postèrent tous à une portée de fusil de la ville, ou plutôt je postai mes susdits parents dans les endroits que je jugeai les plus favorables. Moi-même, en compagnie dudit Francesco, mon cousin, je me portai dans la direction où j’espérais rencontrer le dit Giovan Pietro Gafforio.

Vers 23 heures, près des Capucins je rencontrai effectivement ledit Giovan Pietro Gafforio qui était accompagné d'environ 25

personnes, hommes et femmes, parmi lesquelles quatre prêtres, l'abbé Giovanni Baldacci, l'abbé Ciccone Canale, l'abbé Battista de Corte et un quatrième dont j'ai oublié le nom. Il y avait encore Saverio Rossi, beau-frère dudit Gafforio, et huit ou neuf maçons et manœuvres dont trois étaient armés de pistolets, ainsi que ledit Gafforio qui portait un pistolet dans la poche de son pantalon. À côté de lui, marchait un maçon de ses parents, nommé Carlo, armé dun fusil et d'un pistolet. Outre les susdits, il y avait douze à quatorze femmes qui travaillaient à la construction que faisait ledit Giovan Pietro.Arrivé, en compagnie de mon cousin Francesco, à une distance d'environ trois pas de Giovan Pietro Gafforio, j'épaulai mon fusil contre lui en lui disant que ce n'était plus le moment des belles paroles et je le lui déchargeai en pleine poitrine ; il tomba mort à terre.

La fuite vers le Niolo
Alors ledit maestro, Carlo, parent dudit Gafforio, arma son fusil et tira sur moi, mais la charge ne prit pas feu. Francesco Romei, mon cousin germain qui m'accompagnait, tira sur ledit maçon un coup de fusil qui le jeta mort à terre. Alors,





pour m'assurer de la mort de Gafforio, je lui déchargeai un coup de pistolet dans le ventre. Aussitôt après je m'enfuis, en compagnie dudit Francesco, mon cousin germain, en enjoignant à mes compagnons, que j'avais postés comme je l'ai dit plus haut, qu'ils aient à me suivre.
Nous nous mîmes tous en route en direction du Niolo et, toujours fuyant, après trois nuits et deux jours, nous parvînmes à Calvi, le 4 octobre, au nombre de douze ou treize, c'est-à-dire les neuf que j'ai énumérés, un de mes enfants nommé Carlo Andrea qui était clerc et un autre jeune homme nommé Giovanni Romei, fils dAntonio, ainsi que ledit Antonio, son père, et Stefano Romei, mon oncle germain.
Le meurtre dudit Giovan Pietro Gafforio eut lieu le 2 du mois d’octobre passé, vers 23 ou 24 heures environ (17 ou 18 h).La nouvelle s'étant répandue à Corte que ledit Giovan Pietro Gafforio avait été tué, ma femme Giroletta, fille de Carlo Bonagiunta de Corte, s'enfuit, elle aussi vers le Niolo, mais elle fut arrêtée, à ce que j'ai entendu dire, et conduite à Corte par une troupe de 200 hommes et je ne sais ce qu'elle est devenue… Immédiatement, le chaos Les assassins reçurent chacun 200 livres sur un crédit ouvert par Gênes au commissaire Grimaldi de 2000 lires. Cinq de leurs maisons furent incendiées et leurs biens confisqués par les Nationaux.

Mais le chaos débuta aussitôt après l'annonce de la mort de Gaffori. Grimaldi écrivit alors : "La mort de Gaffori est un succès de premier ordre. À preuve la confusion présente qu'un homme comme lui aurait évitée. Quand Giovan Pietro Gaffori était vivant, il y avait un ordre dans le mal ; cet ordre a cessé, de sorte qu'il règne aujourd'hui une confusion totale. Les chefs sont jaloux et ennemis les uns des autres ; les peuples, chacun à sa fantaisie acceptent ou refusent d'obéir." Faustina prit le parti de son frère Emmanuele Matra qui devint l’ennemi personnel de Pasquale Paoli puis fut abattu par Clemente Paoli. Leur fils Francesco, après avoir combattu avec Paoli, s'engagea dans les troupes françaises avec le grade de colonel et fut notamment chargé de la répression de 1774 dans le Niolu.

GXC
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