Anticiper les effets de la crise climatique ?
Qui aurait pu prédire la crise climatique ?
Anticiper les effets de la crise climatique
Souvent attendu mais parfois surprenant, le président Macron a questionné les Français :
" Qui aurait pu prédire la crise climatique ? " Eh bien à peu près tout le monde à commencer par le monde scientifique. Faut-il lui rappeler que la COP a pour chiffre 27. C'est dire si non seulement elle a été prédite mais aussi vécue par la planète entière. Pour ce qui concerne la Corse, la nécessité de prévision est plus grande encore à cause de l'insularité. Un aérodrome inondé, un port hors service et nous voilà vraiment isolés du reste du monde. Or les effets du changement sont désormais là et bien là.
Un constat sans ambiguïté
Interrogé par Corse-Matin Patrick Rebillout, directeur du centre Météo France d'Ajaccio confirme que ses services constatent les effets du désordre climatique depuis une bonne décennie : du mois de mai au mois d'août 2022 la hausse de température a été de 6° au-dessus des normales saisonnières. La moyenne de la hausse sur les trente dernières années a été de 1,4° mais pour saisir l'ampleur du problème la hausse était en 2003 de 0,6°. Et Patrick Rebillout de prédire une tendance haussière en accélération avec un effet exponentiel. L'alerte de cet été a été prise au sérieux par les autorités compétentes. Mais, nous le savons le chemin administratif peut être infini entre un constat et une décision. Il faut se rappeler que la GALSI n'a jamais vu le jour, que le site du Ricantu est toujours vierge de tous travaux, que le nouvel hôpital d'Ajaccio n'a jamais que sept ans de retard… bref le stimulus cérébral est chez nous long à parvenir du bout de la queue jusqu'au cerveau. Or le climat se moque du temps humain. Il agit et, ce d'autant plus vite, que bien souvent les mesures que nous prenons précipitent le mouvement. Il faut protéger nos lieux de communication essentiels comme les aéroports et les ports contre des tempêtes de plus en plus violentes. Il faut stocker l'eau sans pour autant assécher les nappes phréatiques c'est-à-dire en pratiquant un prélèvement de saison dans des citernes souples abritées du soleil. Mais tout cela est bien connu des spécialistes. C'est la nécessité d'aller vite qui n'est pas encore assez pressante pour déclencher les signaux d'alerte maximum.
Notre chance : être une montagne dans la mer
Les précipitations ne seront pas forcément moins abondantes en volume mais risquent fort d'être plus hiératiques bouleversant la nature. Quand hier les saisons rythmaient une végétation abondante, celle-ci va affronter des périodes d'abondance hydrique puis, soudain, être soumis au stress causé par de longs mois de sécheresse. Dans l'histoire humaine, ce sont ces chocs climatiques qui ont provoqué des changements d'attitude sinon de civilisation. La Corse possède un atout considérable : la chaîne montagneuse qui la traverse du nord ouest au sud est. Elle arrête les nuages et provoque des précipitations. C'est cette eau qu'il va falloir capter puisqu'il semblerait que les neiges hivernales vont devenir de plus en plus rares ce qui signifie que le débit des cours d'eau, lui aussi, va devenir capricieux passant du torrent au filet en quelques jours. L'augmentation de la population, qui est un avantage en soi, va cependant poser un problème de consommation aquatique. Dans le domaine agricole, en Corse comme partout ailleurs dans le monde, les cultures végétales particulièrement gourmandes en eau, vont devoir être supprimées. Au premier rang de celle-ci le maïs. Bref, il va falloir réfléchir à tout cela, vite et agir avec efficacité. Sinon, nous dépendrons toujours plus du continent et par conséquent du pouvoir central.
Nous en avons les moyens intellectuels et pratiques
Le pire ennemi des Corses est les Corses eux-mêmes qui ne croient pas leurs potentialités inventives. Il faut oser. Ce qui nous manque ? La nécessité de nous débrouiller par nous-mêmes, de trouver des solutions à nos problèmes qui ne sont absolument pas insurmontables. Apprenons à nous faire confiance. Le miracle du peuple corse est d'avoir traversé les siècles en conservant cette particularité qui fait qu'il est toujours corse. Mais jusqu'alors nous nous sommes trop appuyés sur les puissances tutélaires. Je ne crois à l'indépendance car ne jurer que par cette solution c'est justement y être asservi et conserver ses chaînes de servitude. C'est attendre la venue plus qu'hypothétique d'un messie pour commencer à se prendre en main. Être libre c'est d'abord le décider dans sa tête. Nous habitions une île formidable. Nous détenons le record de longévité de toute l'Europe, signe que tout ne va pas si mal surtout quand on y adjoint une des croissances régionales les plus fortes du vieux continent. Alors n'hésitons et faisons de l'année 2023 celle d'une révolution spirituelle : croire en nous-mêmes. Nous ne parviendrons pas à maîtriser les caprices du climat mais nous pouvons chevaucher ses conséquences.
GXC