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La nouvelle circulaire Dupont-Moretti contre la criminalité organisée

Encore une.......

La nouvelle circulaire Dupont-Moretti contre la criminalité organisée


Comme une poule pond ses œufs, le ministère de la Justice pond tous les dix ans une circulaire traitant de la criminalité organisée en Corse, sans autre résultat probant que de faire parler le ou la garde des Sceaux en exercice alors que sur le terrain la situation tend à s’aggraver.



Une nouvelle circulaire pénale
territoriale

À quoi peut bien servir une circulaire pénale sinon à répéter ce qui est déjà évident ? La nouvelle circulaire, écrite par le garde des Sceaux Dupont-Moretti, ne semble pas beaucoup apporter de nouveautés à la lutte contre la grande délinquance corse, parfois appelée mafia. Rappelons donc que tous les dix ans à peu près, il sort une circulaire ou un rapport, écrit sous pression, qui établit une feuille de route dont on se demande bien pour quelles raisons il est encore utile de répéter les missions de la police et de la justice.
Pour mémoire, le procureur Legras écrivit une note à sa ministre Elizabeth Guigou en juillet 2000. La raison était le nombre de crimes de sang quatre fois supérieur à la moyenne nationale et le taux d’acquittement aux assises cinq fois supérieur à taux national. Cette note qui mettait en exergue la Brise de Mer au nord et Jean Jé Colonna au sud, ne changea strictement rien à la donne puisque la Brise de Mer disparut par autoélimination et le « système Jean Jé » fut remplacé par la bande du Petit Bar.
En 2012, après une année particulièrement meurtrière et notamment marquée par l’assassinat de Maître Sollacaro, Christiane Taubira fixa dans une circulaire pénale des instructions qui, pratiquement, revenaient à simplement appliquer la loi.
Ces instructions n’ont pas empêché le Petit Bar de prospérer et diverses bandes de se livrer une concurrence sauvage. Et à chaque fois, le constat est identique : mauvaise coordination des services d’enquête, une justice en retard, etc.
Saluons donc la naissance de cette nouvelle circulaire écrite par un ministre lui-même en sursis, membre d’un gouvernement largement contesté.


Une situation d’urgence


Le drame de la police et de la justice est de toujours agir sous la pression événementielle. Une circulaire paraît ; policiers et gendarmes ont fait feu de tout bois pour arrêter quelques revendeurs de drogue et on pourrait croire que la question de la grande criminalité en Corse a été réglée.
La vérité se trouve dans cette lancinante gestion administrative d’une question presque civilisationnelle. Voilà une île où les employeurs peinent à trouver des salariés. La raison est le plus souvent facile à comprendre : des salaires dérisoires qui ne supportent pas la concurrence avec les minima sociaux agrémentés de quelques suppléments non déclarés.
La Corse devient peu à peu une immense cité de banlieue où le trafic rapporte plus que le travail déclaré. Prétendre le contraire est un mensonge. Il va bientôt arriver le moment quand les deux principaux employeurs de notre île seront l’État et les structures financées en sous-main par le grand banditisme. Et si ce n’est pas une mafia au sens sicilien du terme, c’est à coup sûr une situation mafieuse qui verra la voyoucratie disposer d’un confortable matelas électoral. Et qui dit clientèle dit pouvoir politique. Or toutes les circulaires ne font qu’ânonner des recettes à la petite semaine au lieu de commencer par faire un état des lieux. Il y a aujourd’hui une urgence qui exige plus qu’un tissu de banalités pompeuses intitulé « circulaire pénale».


Là aussi besoin de résultats


Les forces de répression ne sont plus responsables de grand-chose en Corse. Les affaires terroristes partent sur Paris et celles touchant à la grande criminalité à Marseille. On comprend bien le souci des autorités compte tenu de la porosité locale et du climat de rivalité entre les divers services de sécurité.
Quand le ministre s’étonne de ce que des noms circulent dans la population après des crimes et que les autorités ne soient pas au courant, il se moque du monde. Les autorités sont parfaitement au courant. Parfois ce sont même elles qui font circuler des noms. Mais Maître Dupont Moretti, qui défendit les plus grands voyous, sait qu’il existe une différence entre la suspicion et la preuve de culpabilité. Il n’en reste pas moins que le poison de la délinquance est en train de miner la société corse par tous les bouts.
C’est à l’État de démontrer sa puissance et non aux citoyens de faire preuve d’un héroïsme inutile si rien ne suit. Les Collectifs antimafia ont fait des propositions. Cette circulaire les a profondément déçu et ils l'ont dit. La Collectivité a créé une commission ad hoc. C’est dire.
Mais tout cela restera lettre morte si les résultats ne sont pas au rendez-vous.


GXC
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