• Le doyen de la presse Européenne

Le pape a dit ......

C'est à la notion de peuple que s'attaquent aujourd'hui les nihilistes de l'identité

Le pape a dit…


C'est à la notion de peuple que s'attaquent aujourd'hui les nihilistes de l’identité. La société, qui est passée sans trop de difficultés conceptuelles du primat divin, synthétisé par l'expression largement usitée sous l'ancien régime de "volonté de Dieu », à l'intuition qu'une "volonté populaire" avait rajeuni la légitimité de la source de tout commandement, rencontre aujourd'hui la limite de ce jeu de bonneteau, qui consiste à permuter les mots pour résoudre les difficultés.
On appelle cela se payer de mots, mais hélas l'inflation affecte aussi bien le vocabulaire que la monnaie. Il arrive un moment où la dépréciation de la valeur corrode tout véhicule cognitif, le sens.

Quoi d'autre aujourd’hui, la diversité culturelle, le rouge à la place du vert ? Et de cette dégradation du sens s'ensuit la déligitimation de toute valeur, et du sens des mots que l'on ignore, on passe à l'ignorance de toute signification, l'homme devient la femme et le peuple devenu roi, devient oppresseur et bourreau de ceux qui ne se reconnaissent plus dans rien, faute qu'on leur ait enseigné quoi que ce soit. « Les mots sont le vocabulaire de la pensée » avait écrit Paul Valery.
Plus d’orthographe, plus de mots, moins de langue, moins de peuple, plus d’histoire, l'oubli de la mémoire et le peuple, roi et dieu à la fois se retrouve sans royaume. C'est ce qui arrive. Les bibliothèques deviendront en conséquence l'ennemi de l'ordre qui s'installe en ce qu'elles rendent possibles le regret d'un âge d'or oublié, celui d'un monde qui avait un sens.
Reste la foi la plus bête, celle du charbonnier comme on disait, car celle-là se passe de mots, nul besoin d'un credo articulé pour adhérer et obéir. Avec l'abolition de la notion de nation et la perte de tout repère, ce à quoi s'acharnent les fous qui ont pris le commandement du navire européen, c'est la guerre à la civilisation qui est déclarée.
Pauvre Hugo qui a toujours eu tout faux dans ses pétitions politiques. Ses délires ont fourvoyé le pays dans d'illusoires chimères quand la beauté de ce qui fut le Paris d'avant Madame Hidalgo, témoigne de la beauté clairvoyante du règne de celui dont il voulut être le procureur, Napoleon III. La mémoire et l'éducation par le savoir sont l’idéal absolu de la conquête de l'esprit humain sur le règne animal,.

C'est un vieux débat, celui de la forme et du fond, d'Apollon contre Dyonisos, auquel on doit le magistral Origine de la tragédie
de Frederic Nietzsche.

Au travers des mystères et sarabandes du Songe d'une nuit d’été, William Shakespeare nous conduit sur le chemin des amours d'Oberon et Titania, à la recherche de la parole perdue, justement, ce qu'incarnent hélas en titubant les ânes, nouveaux Lucius de la direction des affaires publiques.

On l'aura compris, nous sommes au Bas-Empire Romain, Apulée achève de composer L’âne d’or
et le monde connu et intelligible va s’écrouler. Pourquoi faut-il toujours que l'histoire recommence?

Arrêtez la guerre, écoutez le pape François qui renvoie tout le monde dos à dos ! Halte au feu, fermez le robinet de vos leçons de morale, pitié pour nos oreilles. Arrêtez la guerre, taisez vos discours reprocheurs, il est temps de conclure avant le saut de l’inconnu, au delà duquel les mots n'auront évidemment plus de sens.

Une image me vient qui est la dernière du film La planète des singes, pour ceux qui se souviennent de l'avoir vu à sa sortie. Ce film est tiré d'un roman de Pierre Boule. Les singes règnent sur un monde où les hommes sont pourchassés comme bêtes nuisibles. À l'extrême fin, Charlton Heston passe à cheval sur une plage dont émerge la tête et le bras tenant la torche de la statue de la liberté, vestige de la catastrophe nucléaire qui a englouti des millénaires auparavant la civilisation humaine.



Jean-François Marchi
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