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Podcast Spécial épopée Bastia 1978

Jacques Santucci : << Raconter l'histoire dans l'histoire >>

Podcast Spécial épopée Bastia 1978
Jacques Santucci : « Raconter l’histoire dans l’histoire »


Depuis le 26 avril dernier, le podcast « Raconte-moi, Bastia 1978 » est en ligne sur plusieurs plateformes d’écoute. Réalisateur de cette série consacrée à la fameuse épopée du SECB en Coupe de l’UEFA, le journaliste indépendant Jacques Santucci dévoile les coulisses de ce documentaire audio composé de douze épisodes.



Quelle est la genèse de ce podcast sur l’épopée européenne du Sporting ?

J’ai voulu raconter cette histoire 45 ans après. J’ai rencontré une dizaine de joueurs qui ont participé à l’épopée. A travers leurs témoignages, j’ai voulu aller plus loin dans l’histoire, dépasser le cadre sportif et le terrain. J’ai voulu aller au fond de leur cœur, de leurs souvenirs pour aller au bout de cette histoire et la présenter à une nouvelle génération pour laquelle, je pense, elle est assez méconnue.


Vous avez pris le parti de vous détacher du terrain. Pour vous, les matchs sont « secondaires » et constituent en quelque sorte la toile de fond de votre récit ?

Oui. Les résultats on les connaît. La victoire à Torino, la demi-finale contre Zurich, la finale contre Eindhoven… J’ai voulu que les joueurs me racontent pourquoi et comment ils ont gagné, ce que ça leur a procuré. Comment ils ont vécu ces victoires-là. Ce qu’ils pensaient et ressentaient au moment de rentrer sur le terrain, quand ils marquaient un but mythique, les moments de bonheur, de malheur. Toutes ces choses-là qu'ils ont peut-être gardées en eux pendant toutes ces années, je pense qu’il était temps de les raconter.

Pour réaliser ce podcast composé de 12 épisodes, vous avez rencontré une dizaine d’anciens joueurs du Sporting. Comment avez-vous procédé pour les enregistrements ?

J’ai rencontré les anciens qui vivent toujours en Corse. Pour eux, j’ai fait toutes les interviews « en physique », face à face. Pour les autres comme Merry Krimau et l’ancien gardien Pierrick Hiard, j’ai fait les interviews par Skype. J'ai eu Johnny Rep par téléphone depuis une plage à Malaga, en Espagne. C'était assez folklorique. J’ai donc un peu utilisé tous les moyens d’enregistrement que notre époque nous permet d’avoir afin de mener à bien ce projet.


Le premier épisode du podcast est en ligne depuis le 26 avril, le deuxième depuis mercredi dernier. Ils sont consacrés au premier match de l’épopée contre le Sporting Portugal. A quoi vous êtes-vous intéressé autour de cette rencontre ?

Lors de la saison 1972-1973, le Sporting avait joué la Coupe des Coupes contre l’Atletico Madrid mais le match avait eu lieu à Ajaccio. Ce match contre le Sporting Portugal est donc le tout premier de Coupe d’Europe disputé à Furiani. Pour cette rencontre, le prix des places a un peu fait gronder. Dans les archives que j'ai retrouvées, notamment celles de Corse-Matin, on évoquait un prix des billets compris entre 125 et 250 francs, là où Nantes et Lens, les 2 autres clubs français qualifiés en Coupe d’Europe, pratiquaient des tarifs entre 10 et 25 francs…


Ce match est aussi marqué par un triplé de Fanfan Félix qui donne la victoire aux hommes de Pierre Cahuzac. Mais l’avant-centre bastiais sera plus tard victime d’un accident de voiture qui va compromettre sa saison et son aventure européenne…

Au match aller, à Furiani, Fanfan Félix réalise un triplé historique. Mais, ensuite, il est victime d'un très grave accident de voiture qui le prive de la suite de la compétition. Fanfan nous raconte les causes de cet accident. Alors, ce n’est pas la première fois qu'il raconte cette histoire-là. Je pense que les anciennes générations et les amoureux du Sporting connaissent ces détails-là. Néanmoins, j'ai voulu en reparler avec lui. J’ai également voulu prendre la tangente, parce que l’accident de Fanfan lui fait manquer le match retour à Turin. Cela à des conséquences terribles sur la suite de son épopée à lui. Dans son esprit, mais aussi dans son football.


C’est-à-dire ?

La tangente de cette histoire-là, c'est donc d'aller rencontrer Merry Krimau qui profite de cette blessure et saisit cette opportunité-là. Il s'installe comme titulaire et brille (il inscrit un doublé à Turin, ndlr). D’ailleurs, par la suite, il aura un décès dans sa famille et connaîtra lui aussi une histoire triste et tragique…


Parmi les autres histoires évoquées, l’une d’elles concerne Didier Knayer. Ce jeune défenseur n’a joué qu’un seul match de la compétition mais a beaucoup impressionné ses coéquipiers lors de la victoire à Newcastle…

Exactement ! Pour ce match retour à Newcastle, il y a de nombreux absents dans la défense du Sporting. Pierre Cahuzac tente alors un coup avec la titularisation de Didier Knayer. Il va jouer son seul match de l’épopée. En travaillant sur ce match-là, tous les anciens m’ont dit : « Newcastle, c’est Didier Knayer. Il a été énorme en Angleterre ! Il était très grand, les Anglais n’envoyaient que des longs ballons aériens et Didier, ce jour-là, a tout pris de la tête. » Ils m’ont tous dit : « Sans Didier, on n’aurait pas gagné ». C’était son match. Et, plus globalement, cette double confrontation contre Newcastle s’inscrit dans l’épisode 3 qui s’intéresse aux « coups » de Pierre Cahuzac. En plus de la titularisation de Didier Knayer, il y a celle du jeune Jean-Marie de Zerbi qui marque un but à St James’ Park.


Vous êtes journaliste sportif, passionné de foot. Cependant, vous n’êtes pas un supporter inconditionnel du Sporting. Cela vous a-t-il permis de prendre davantage de recul par rapport l’épopée de 1978 ?

J’aime beaucoup le SCB mais je ne suis pas ce que l’on peut appeler un fan du club. Je n’ai qu'un club, c'est Liverpool. Cependant, Bastia a beaucoup compté dans ma vie et dans mon éducation foot. Mon père et mon parrain ont assisté aux matchs de l'épopée 78. Ils sont, eux, supporters inconditionnels du Sporting.
Concernant le recul sur le sujet traité, je pense que tout supporter peut parfois un petit peu manquer d'objectivité. C’est très dur de le reconnaître mais, pour ma part, quand je parle de Liverpool, je sais que je peux en manquer alors que, sur le moment, je pense être objectif. En parlant du Sportinget de cette épopée, je ne m'interdis rien. Peut-être que ça aurait été différent si j'avais été un inconditionnel du club.


Cette série intitulée « Raconte-moi » débute avec le Sporting mais pourrait se prolonger à l’avenir avec d'autres histoires sur le football…

Oui. Au-delà de ce projet-là sur le Sporting, c'est la marque « Raconte-moi » qui devrait se développer. Cela pourrait être autour de matchs, de joueurs, d’équipes et de légendes du foot avec leurs histoires. Pour moi, l’idée est de toujours garder cet ADN et d'aller plus loin que le terrain afin de raconter l'histoire dans l’histoire.




Fattu in Prupià

C’est depuis sa maison de Propriano, dans le petit bureau de sa chambre, que Jacques Santucci a entièrement réalisé et produit ce podcast. « Je fais tout à partir de mon ordinateur perso, explique le journaliste âgé de 30 ans passé par Canal+, RMC et BFM. J’ai tourné les interviews en amont puis j’ai tout synchronisé. J'ai fait les arrangements et ajouté des musiques. Tout le montage audio ainsi que la production se font ici chez moi. »
Ne disposant pas des droits pour utiliser les commentaires des journalistes de l’époque, le Proprianais a dû s’adapter : « Je les ai fait "respeaker" par Joris Crolbois avec qui j’ai travaillé à Paris. On a refait toute la voix, comme si on était en direct au stade en train de commenter. »
Dans son travail de recherche, Jacques Santucci a pu avoir accès aux archives de Corse-Matin, ainsi qu’à l’impressionnante collection de photos de Gérard Baldocchi. « Tout le monde a joué le jeu, insiste-t-il. Quant à Gérad Baldocchi, il m’a très gentiment fourni son fichier de l’époque avec 961 clichés. On a longuement discuté ensemble et il a accepté de me les prêter." Certaines photos « habillent » les bandes-annonces vidéo qui présentent les épisodes à venir. Elles aussi sont montées et produites par Jacques Santucci, depuis sa maison de Propriano…


Un épisode par semaine

Intitulé « Découverte », le premier épisode du podcast a été mis en ligne le 26 avril dernier, soit 45 ans jour pour jour après la finale aller entre le SECB et le PSV Eindhoven. Le deuxième numéro, « Destinée », est lui disponible depuis le 3 mai. Les dix autres épisodes de la série seront mis en ligne de façon hebdomadaire : chaque mercredi, dès 8 heures, ils seront accessibles gratuitement sur la plupart des plateformes de streaming (Deezer, Spotify, Amazon music, Apple Podcasts…). La série prendra fin le 12 juillet prochain, date de la mise en ligne du dernier épisode de « Raconte-moi, Bastia 1978 ».


A.S
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