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Devenir techno raisonnable

Un futur Low tech

Devenir techno raisonnable

Alors que tout semble devenir plus high tech, un mouvement prend le contre-pied pour proposer un futur low tech. La Low-Tech est l’ensemble des technologies qui ont pour caractéristiques leur simplicité de mise en œuvre, leur accessibilité, leur réparabilité et leur durabilité. Contrairement aux idées reçues, les low tech ne prônent pas un retour à la bougie, plutôt une utilisation raisonnée et raisonnable des technologies.

À contre techno

Depuis que la technologie existe, elle a connu des détracteurs et des personnes qui souhaitent éveiller les consciences, faire autrement. Le 26 mars 1811, c'est la première rébellion contre des machines, menée par les luddites, du nom du général qui a mené ces troupes. Les luddites ont brisé les premières machines à tisser industrielles entre 1810 et 1816, dans les Midlands, au centre de la Grande-Bretagne. Ils ont été sévèrement réprimés. Plus récemment, ce sont les penseurs écologistes des années 70 qui vont faire émerger le concept de technologie appropriée, qui deviendra la Low Tech. Il s’agit de favoriser des solutions qui minimisent l’impact sur l’environnement. La Low-Tech est donc une réaction à l'omniprésence des technologies modernes et à notre dépendance à ces technologies. Cela n’est pas être contre la techno, c’est être contre la course effrénée aux high tech. C’est prendre conscience que derrière toute cette techno, il y a de la pollution, des déchets qu’on ne sait pas nécessairement recycler. Sans compter les problèmes sanitaires, de dépendance, d’individualisme. Aujourd'hui, avec l'arrivée des intelligences artificielles, il y a peut-être de nouvelles ruptures technologiques qui promettent des bouleversements sociologiques encore plus conséquents. La Low-Tech propose des alternatives concrètes et pragmatiques face aux technologies complexes et coûteuses.

Un état d’esprit

Aller vers moins de technologie dans un monde où elle est partout peut relever de la mission impossible. Pourtant, des petits gestes peuvent aller dans ce sens. Passer le balai plutôt que l’aspirateur, utiliser les ateliers de réparation plutôt que de jeter, faire soi-même plutôt qu’acheter, autant de gestes qui vont dans la dynamique du Low Tech. Avec un bonus social, car ces lieux et cet état d’esprit favorisent les échanges et les discussions. Le Repair Café Corsisa est installé à Calvi. Les journées nationales de la réparation auront lieu en octobre pour mettre à l’honneur tous les acteurs de ces circuits et sensibiliser aux vertus de la réparation, pour faire mieux connaître ce moyen Low Tech facile d’accès. En effet, 81 % des Français ont une bonne image de la réparation, mais seulement 36 % y ont effectivement recours, selon l’Ademe. C’est même seulement 10 % des appareils électriques et électroniques qui sont effectivement réparés dès lors qu’ils ne sont plus sous garantie. Face à l’obsolescence programmée, des associations se battent (HOP par exemple) pour influencer tous les acteurs à tous les échelons, et pour faire appliquer la loi qui oblige les industriels à concevoir des objets qui soient plus modulables, plus réparables. La France a été le premier pays au monde à interdire l’obsolescence programmée en 2015.

Des actions terrain

Parmi les projets Low Tech qui ont fait connaître le mouvement, citons l’expédition du Nomade des Mers, véritable bateau-laboratoire qui a expérimenté une cinquantaine de low tech à travers le monde. Après six ans de voyage et 25 escales à travers le globe, le bateau est revenu dans son port d’attache à Concarneau le 25 juin 2022 – un retour qui marqua le début du Festival Low Tech organisé par le collectif Low-Tech Lab. En Corse aussi la Low Tech fait recette. L’association Mare Vivu a lancé la mission CorSeaCare, avec pour objectif d’écumer les eaux littorales corses, pour cartographier et préserver l’écosystème insulaire. En 2020, l’association a construit des machines low-Tech pour broyer puis recycler les plastiques collectés et triés durant l’expédition par les bénévoles de l’association. Un projet de recyclage local qui avait été soutenu par la Fondation Albert II de Monaco et l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Car d’après les acteurs du secteur, le défi pour le futur sera de territorialiser les low tech, qui doivent être ancrées dans des contextes et problématiques locales, car pour que tous les publics puissent se les approprier, cela doit répondre à des questions de proximité avec des solutions concrètes.

Maria Mariana
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