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Le retour de la consigne ?

La consigne du verre va faire son retour en France

Le retour de la consigne ?



La consigne du verre va faire son retour en France. C’est en tout cas ce qu’a annoncé le gouvernement dans le cadre de la présentation d'une série de mesures pour tenter d'améliorer le tri et le recyclage des déchets ménagers et emballages. L’objectif reste de sortir des emballages plastiques d’ici 2040.

Peut mieux faire


Environ 23 % des emballages plastiques sont collectés et recyclés en France ; le taux de collecte des bouteilles plafonne à 60 % depuis 2021, alors que la consommation des bouteilles plastiques est repartie à la hausse de 4 % en 2022. Paris s’est fait épingler par Bruxelles. À ce rythme de recyclage, impossible d’atteindre l'objectif officiel de sortir du plastique à usage unique en 2040,. La marge de progression est aussi très importante pour la Corse. En 2021, le taux de tri était de 38,4 % contre 37,2 % en 2020. Les collectes sélectives (verre, papier, emballages et biodéchets) augmentent de 15 %. L’Observatoire des déchets ménagers établit le volume de déchets ménagers et assimilés produit en 2021 en Corse à 244 000 tonnes, soit 8 % de plus qu’en 2020, avec un taux de tri de 276 kg/habitant (pour 677 kg/habitant produits). Rien que pour le verre, 13 821 tonnes ont été collectées. Plus de 70 % de notre poubelle, soit 98 000 tonnes d’ordures ménagères à l’échelle de la région, pourraient être valorisés de différentes manières. En Corse, on trie 1 emballage sur 5, 1 papier sur 4, 6 bouteilles sur 10. La collecte du verre se situe en deçà du taux de captage constaté à l’échelle nationale (70 %).

Tests & initiatives


Plus de 45 % des emballages ménagers sont en verre. La collecte séparée du verre représente plus de 2 millions de tonnes par an. La France va mettre en place une consigne sur les emballages en verre, pots et bouteilles. D’ici à deux ans, les supermarchés et hypermarchés, en fonction de leur surface, auront l'obligation de reprendre les emballages en verre vides, dès que la question des points de lavage aura été réglée. Côté ménages, le système de bonus-malus est à l’étude, c’est-à-dire une tarification incitative, à l’instar de ce qui est déjà appliqué dans des villes comme La Roche-sur-Yon, Besançon... L’idée est de faire payer ceux qui trient mal. Le monde vinicole réfléchit également à son contenant, puisque la bouteille pèse entre 34 % et 55 % de l’empreinte carbone d’un domaine viticole. Le vin en vrac commence à faire des adeptes. Les cavistes investissent dans des tireuses. Même axe de réflexion du côté des spiritueux, avec des contenants consignés. La filière de réemploi du verre a de beaux jours devant elle. D’autant que la production de verre étant très énergivore, son prix a augmenté de 23 % en 2022 et de 18 % supplémentaires dès le mois de janvier. Pour les grandes marques, la réutilisation des bouteilles et bocaux paraît donc intéressante économiquement et permet de sécuriser leur approvisionnement.

Impact positif et freins


Jusqu’au début des années 1990, le système de consigne était présent en France. Et puis il a disparu. Le système de consigne n'a pas résisté à la multiplication des emballages en plastique à usage unique. Jusqu’à la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) qui a fixé l’objectif de 5 % d’emballages réemployés en 2023, il était plus économique pour les industriels de jeter que de trier, comme l’avaient expliqué deux parlementaires dans un rapport de 1999. En effet, le tri est à la charge des collectivités, lorsque la consigne était celle de l'enseigne. D’où le tout plastique prôné par les industriels, malgré les effets durablement néfastes sur l’environnement. Vingt ans plus tard, selon certains dispositifs, la consigne coûte deux fois moins cher qu’un système de bouteille à usage unique. En 2019, l’Assemblée de Corse avait souhaité que l’île devienne un territoire d’expérimentation pilote pour ce retour de la consigne, à condition que tous les acteurs de la chaine (producteurs et distributeurs de boissons, associations et organismes publics chargés de la collecte et du traitement des déchets...) collaborent. Et à condition que d’importants ajustements techniques soient réalisés. Et de régler la question du manque à gagner éventuel pour les EPCI (intercommunalités) liée à une baisse des volumes collectés, via le tri sélectif. Car dans cette histoire à visée écolo, l’économie a sa part dans l’équation. Il reste du chemin avant que le geste de réemploi du verre mène du bac à tri à la consigne.

Maria Mariana
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