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Epidemie Covid 19 : civisme et solidarité font trop souvent défaut

Le pouvoir publique a ses limites.
Épidémie Covid 19 : civisme et solidarité font trop souvent défaut

Le pouvoir politique a ses limites. Il en est malheureusement de même concernant le bon sens et l’amour de son prochain…

Dans une tribune récemment publiée par un média national, sept sommités du monde médical ont confié leur inquiétude que survienne une « deuxième vague » Covid-19 qui serait plus difficile à gérer médicalement que la première.
Pour éviter que se produise une telle évolution, ils ont préconisé des « mesures drastiques ». Selon eux, il est indispensable que « partout et à tout instant » les autorités veillent à faire appliquer « un respect strict du port du masque et des mesures barrières » et que, durant au moins deux à trois semaines, soient suspendues les activités ne se prêtant pas au port du masque.

Les sept signataires ont aussi souligné qu’à défaut d’actions en ce sens, le niveau de l'épidémie risquait de remonter au moins à celui connu au plus fort de la « première vague » que plusieurs pays développés avaient déjà agi : « L'Espagne, Israël, le Royaume-Uni, l'Italie ont mis en oeuvre des mesures allant jusqu'au confinement. »
Cette tribune n’est pas à prendre à la légère car, à l’échelle nationale, l’épidémie Covid-19 ne cesse de s’aggraver. Il a déjà été relevé plus de 16 000 cas / jour. En une semaine, les taux d'incidence et de positivité des tests sont respectivement passés de 83 cas pour 100 000 habitants à près de 100 et de 5% à plus de 7%. Enfin, localement, des seuils d'alerte maximaux ont été dépassés, ce qui a rendu nécessaire de renforcer les mesures de prévention. Les plus contraignantes ont concerné Marseille, Aix-en-Provence et la Guadeloupe. Les restaurants et les débits de boissons ont été particulièrement visés. Certains patrons de ces établissements, se disant en colère ou désespérés, ont d’ailleurs menacé de ne pas se plier aux mesures de fermeture ou de limitation d’activité. Leurs levées de boucliers se sont ajoutées à celles d’élus locaux, d’autres acteurs économiques, de salariés et de nombreux citoyens.

Ne pas accabler

Je ne peux que compatir. D’autant que les gouvernants font fort dans l’absence de concertation, d’anticipation, de pédagogie et d’empathie. Le centralisme technocratique impose brutalement des mesures contrairement à l’engagement pris par le Premier ministre Jean Castex d’être à l’écoute des élus locaux et de les associer à la prise de décision.

Les acteurs économiques subissent les changements incessants de règles et doivent compter avec des différences de traitement selon les secteurs économiques et / ou selon les territoires. Des salariés du public et du privé sont en première ligne depuis des mois sans bénéficier de véritables protections et de réelles gratifications.
Le Président de la République et le gouvernement abreuvent les citoyens de consignes relevant trop souvent de l’ukase, de la volte-face ou de l’effet d’annonce et n’hésitent pas à tenir des propos culpabilisants.
Toutefois, il serait injuste de les accabler car le civisme et la solidarité font souvent défaut à beaucoup de celles et ceux qui les critiquent. Lors de cérémonies officielles, des élus locaux se pavanent à visage découvert. Sur de nombreux lieux de travail, des salariés sont dépourvus de masques et s’agglutinent ainsi lors de la pause-repas ou de la pause-café. Trop de cafetiers et de restaurateurs, ou leurs employés, arborent le masque sous le nez, en sautoir ou en mode bracelet. Certains clients ou usagers ne respectent pas les gestes barrières et réagissent violemment quand il leur est demandé de le faire. Nombre de sportifs pratiquant des disciplines ne nécessitant pas des contacts physiques, n’ont pas renoncé aux accolades et embrassades. Trop de grands et petits ainsi que de jeunes et vieux continuent de partager les plats et les verres à l’occasion d’événements privés. Beaucoup d’enfants et petits-enfants rendent visite à leurs anciens sans prendre la moindre précaution.
Enfin, s’obstinant à considérer et claironner que la Covid-19 est quasiment inoffensive, n’est que prétexte à intox visant à justifier un asservissement du peuple et ne tue que les personnes âgées, les obèses et les malades (traduire : au fond, ce n’est pas grave), des millions de nos semblables refusent ouvertement de changer quoi que ce soit à leur mode de vie.

Le pouvoir politique a ses limites. Il en est malheureusement de même concernant le bon sens et l’amour de son prochain…

Alexandra Sereni
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