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Arte Mare 2023: Le festival trace sa route !

L’intitulé 2023 d’Arte Mare, le festival « trace sa route », est plutôt curieux et son affiche arborant haut et fort une rigolote tête de dromadaire est carrément délirante.

Arte Mare 2023
Le festival trace sa route !



L’intitulé 2023 d’Arte Mare, le festival « trace sa route », est plutôt curieux et son affiche arborant haut et fort une rigolote tête de dromadaire est carrément délirante. Mais où va nous embarquer la plus ancienne manifestation cinématographique de Corse ?




Michèle Corrotti, présidente du festival, s ’empresse d’éclairer notre lanterne. L’intitulé devait évoquer le genre si pertinent du road movie au cinéma. Art Mare devait, en effet, déménager du théâtre pour cause de rénovation et aller planter sa tente à l’Alb’Oru et au Spaziu culturale Carlu Rocchi de Biguglia. Miracle ! La municipalité bastiaise a accordé un sursis au festival qui restera dans son lieu de prédilection. A l’exception du spectacle de Patrizia Poli et de Pascal Arroyo, « Parenu fole », qui doit se jouer à l’Alb’Oru le vendredi 29 septembre à 20 heures 30. Le théâtre de Biguglia doit cependant être testé avec tout un éventail de propositions : films, débats, rencontres, ciné-concerts.

Le dromadaire – sa tête – qui appelle à la fête connote avec bonheur l’idée du voyage, du périple sur la rive sud du Mare Nostrum. Histoire de mettre un brin d’humour et de faire sourire. Compétition de longs-métrages de fiction et de documentaires, Panorama de la production méditerranéenne, Compétition du film corse, Compétition des écoles de cinéma de la Méditerranée seront fidèles au poste pour le plus grand plaisir des cinéphiles.

A signaler dans la compétition des films méditerranéens la réalisation de la cinéaste grecque, Sofia Exarchou, « Animal » qui traite du tourisme de masse et de ses répercussions négativessur l’équipe d’un hôtel situé dans une station balnéaire. A retenir « Behind the mountains » du Tunisien, Mohamed Ben Attia, interprété par l’étonnant Madj Mastoura, un film que tous les festivals s’arrachent. A marquer d’une pierre blanche, « Le voyage d’Eilat » de l’Israélien, Yona Rozenkier, qui se penche sur la relation d’un père et d’un fils qui vont enfin apprendre à se connaître et à s’aimer.

Le festival Arte Mare c’est aussi des films jeunesse ; un hommage à Belmondo ; Tony Gatlifen invité d’honneur avec la projection de trois de ses réalisations ; un festival d’Art Actuel avec une exposition collective de 45 artistes à la salle des congrès et une autre à la Galerie Noir et Blanc ainsi qu’à Vision Futura où doit exposer Jean Marie Zacchi. Ne pas oublier non plus le must de la gastronomie insulaire interprétée par des chefs de toutes les régions de l’île.

Quand on demande à Michèle Corrotti : quel est le film le plus drôle ? Elle répond : « Marie-Line et son juge » de Jean Pierre Améris (section Panorama) pour sa portée humaine et sa chaleur et paradoxalement, « Vincent doit mourir » (Panorama) de Stephan Castang pour son suspens. Quel est le film le plus émouvant ? Sans hésiter la présidente de la manifestation dit « Io capitano » (Compétition) de Matteo Garrone qui rapporte l’Odyssée de deux jeunes Sénégalais traversant le Sahara pour rejoindre l’Italie. Quel est le film le plus abouti ? Immédiatement elle nomme, « La chimère » (Panorama) d’Alice Rohrwacher, récit étrange autour du vide, « Mal viver » (Compétition) de João Canijo, « Anima », production grecque (Compétition), « Chronique de Téhéran » (Compétition) pour la simplicité et l’efficacité de son dispositif narratif.


Michèle Acquaviva-Pache

ENTRETIEN avec Michèle Corrotti


Avec une invitation à la Catalogne vous nous réservez une surprise… Quelle est-elle ?
Avec la Catalogne nous avons passé un partenariat qui va se traduire par des échanges d’auteurs, de poètes, de réalisateurs. Lors du festival nous allons recevoir des poètes catalans puis Barcelone va accueillir des poètes corses dans un lieu renommé, l’Athénée. Le dimanche 1er octobre, à 14 heures, au théâtre de Biguglia nous avons programmé des lectures suivies de discussions autour de la poésie catalane. La veille il y aura sur le même thème un rendez-vous à la Casa di Lingue. Nous publions par ailleurs deux anthologies, l’une de poètes corses en catalan, l’autre de poètes catalans en corse. L’une et l’autre de ces traductions ont été supervisées par Corses et Catalans. La cinémathèque de Catalogne va aussi nous proposer des ciné-concerts sur des films muets. Celle de Porto Vecchio va nous offrir, « Voyage dans la lune ». Nous projetterons également deux réalisations récentes : « En bonne compagnie » de Silvia Munt, Catalane qui a tourné au Pays Basque et « Suro » de Mikel Gurrea, Basque qui a filmé en Catalogne.

Quelle a été votre ligne directrice concernant la sélection des longs-métrages en compétition ?
Nous avons particulièrement travaillé cette section. On ne voulait pas programmer des films déjà vus à Cannes. On voulait des inédits. Au bout de nos recherches nous avons été heureux de trouver, « Animal » de la Grecque, Sofia Exarchou ; « Behind the mountains » du Tunisien, Mohamed Ben Attia ; « Voyage à Eilat » de l’Israélien, Yona Rozenkier. Nous avons dégoté ces films non sans mal ! Les réalisations en compétition seront visibles au théâtre à 18 h 45 et à 21 h 15 avec des rediffusions au Régent et au Spaziu Carlu Rocchi.

Comment se présente l’ouverture du festival ?
On tapera les trois coups avec « Parenu fole » spectacle de Patrizia Poli et Pascal Arroyo, le vendredi 29 à l’Alb’Oru avec en prologue un court-métrage de Jean Louis Orlandetti dont l’interprète principal est Christian Ruspini, une projection en hommage à ce comédien récemment disparu. La compétition cinématographique méditerranéenne s’ouvrira le lendemain à 18 h 45 avec « Chronique de Téhéran » d’Ali Asgari et Alireza Khatami. A 21 h 15 on pourra découvrir dans la section Panorama « Le théorème de Marguerite » d’Anna Novion avec Jean Pierre Darroussin.

Quels invités avez-vous attendu depuis longtemps ?
On a bien dû inviter Jean Pierre Darroussin une dizaine de fois ! Pour l’édition 2023 il sera là. Nous aurons le plaisir de retrouver, Madj Mastoura, un acteur exceptionnel par son incroyable puissance d’interprétation. Nous recevrons avec joie Pascal Elbé pour « Le petit blond de la casbah et Karim Leklou pour « Vincent doit mourir », un film de genre qui allie suspens et road movie.

Pour la béotienne que je suis, présentez-moi le Prix Ulysse 2023, Miquel De Palol ?
C’est un très grand écrivain catalan dont on dit qu’il est nobélisable tant son œuvre est importante. Son roman le plus connu à l’étranger est « Le jardin des sept crépuscules » qui se déploie en trois volumes. C’est un livre arborescence où une foule de personnages content des histoires. Il tient de ce fait des « Mille et une nuits » et du « Décaméron » tout en étant un objet novateur. Il doit recevoir son prix au théâtre le 2 octobre à 18 h 45. Après Arte Mare Miquel De Palol sera reçu le 4 octobre à Ajaccio par les organisatrices de « Racines de ciel ». Cette rencontre est prévue au Musée Fesch à 18 h 30.

Quelques mots à propos du lauréat du Prix Ulysse du premier roman ?
Bernardo Zannoni a 28 ans. Il est Italien. Son roman, « Mes désirs futiles » a été choisi à l’unanimité du jury. Il conte les aventures d’une fouine de sexe masculin qui vit au fin fond d’une forêt. La mère du petit est violente et pauvre. Elle place son fiston auprès d’un usurier, Solomon, qui en fait son apprenti. Il va lui apprendre à lire la Bible et l’initier à la métaphysique. Le livre est une fable sur la nature humaine et se dévore comme un roman d’aventure.

Que nous réserve la section « Panorama méditerranéen » qui proposent des films en avant-première ?
Il a fallu se bagarrer ferme tant la concurrence entre festivals est rude. La section Panorama propose 18 longs-métrages de fiction et des documentaires. Parmi eux je citerai, « Nuit noire en Anatolie » du Turc, Özan Alper qui relate le retour d’un musicien dans son village et va buter sur un pesant secret. « La tresse » de Laetitia Colombani qui est l’adaptation du livre éponyme qui avait reçu un Prix Ulysse pour un premier roman. « Viver mal », diptyque de « Mal viver » en Compétition est une double réalisation de João Canijo tournée dans un hôtel du nord du Portugal, qui se place tantôt du côté de la famille qui gère l’établissement tantôt du côté des touristes. « La mère de tous les mensonges » d’Asmae El Moudir est un remarquable documentaire marocain sur le manque d’images et de parole dans une famille où la matriarche est un despote fan d’Hassan II. « Borgo », fiction de Stéphane Demoustier brosse le fascinant portrait d’une gardienne de prison.

Propos recueillis par M. A-P




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