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Julien Morganti : « Bastia doit être un moteur ! »

Julien Morganti affiche la volonté de rassembler très large, et ce, autour d’un projet ambitieux, pour proposer une alternative à la politique de l’actuelle majorité municipale bastiaise.

Julien Morganti : « Bastia doit être un moteur ! »


Julien Morganti affiche la volonté de rassembler très large, et ce, autour d’un projet ambitieux, pour proposer une alternative à la politique de l’actuelle majorité municipale bastiaise. C’est clair, rendez-vous est pris pour le scrutin municipal de mars 2026.


Vous êtes désormais connu et reconnu dans le paysage politique bastiais et même dans une bonne partie de la Haute-Corse. Conduire une liste aux municipales et être deux fois candidats aux législatives et surtout des résultats à deux chiffres et en progression, cela compte pour la notoriété. En revanche, on connaît moins bien votre mouvement. Le Mouvement, un futur pour Bastia existe-t-il vraiment ? Comment fonctionne-t-il ?


Le Mouvement Un Futur pour Bastia est un mouvement réformateur, progressiste et écologiste qui n’est affilié à aucun parti national d’où son nom. Il est le résultat d’une promesse faite à l’issue des élections municipales pour prolonger notre dynamique. En octobre 2020, avec les membres de la liste des municipales, nous avons créé ce mouvement avec des statuts et une charte de valeurs. D’ailleurs la campagne d’adhésion 2024 vient de débuter : www.lemouvement-amossa.fr Avec plus de 200 adhérents à Bastia et 400 sympathisants principalement dans la première circonscription, nous sommes la première force d’opposition. Le Bureau exécutif se réunit régulièrement. Il est structuré en deux pôles : l’un sur les actions de terrain que je pilote et l’autre sur le volet « Idées et Projet » coordonné par Didier Franceschi. 6 ateliers ont été constitués pour élargir notre socle et fédérer des personnes en dehors de notre base militante. Le succès est déjà au rendez-vous car des anciens colistiers de toutes les listes d’oppositions y participent et des déçus de la majorité municipale vont nous rejoindre. Notre positionnement a vocation à réunir différentes sensibilités politiques et cela nous permet de construire les bases du rassemblement. Et c’est notre force.


Originellement, on pouvait vous classer à gauche ou au centre-gauche. En 2017, vous avez soutenu la candidature d’Emmanuel Macron aux élections présidentielle puis, quelques semaines plus tard, avez affronté le candidat investi par son parti aux législatives. En février 2022, à Bastia, vous avez assisté à une réunion de présentation d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe et Laurent Marcangeli et indiqué votre intérêt pour leur démarche sans pour autant l’avoir rejointe. N’êtes-vous pas un peu trop électron libre ? Sur quelle case de l’échiquier politique peut-on en définitive vous situer ?


Aujourd’hui je ne me reconnais dans personne au niveau national et je m’épanouis sur les sujets locaux et transversaux. Le penser global pour agir local peut apporter une solution aux défis de demain. En n’étant affilié à aucun parti national, cela nous donne une liberté de ton et d’action. C’est pour cela que l’on ne sollicite aucune investiture nationale. Et d’ailleurs notre stratégie politique a été validée aux législatives Nous sommes arrivés en tête devant tous les partis nationaux (Macron, Mélenchon et Le Pen). Cela montre que notre discours trouve un écho favorable. On fait le choix de s’adresser à des gens qui s’étaient détournés de l’action publique par le vote et l’enjeu aujourd’hui est là. Être le porte-parole de cette majorité silencieuse. De plus, le rôle d’un responsable politique c’est d’échanger. Si on doit discuter uniquement avec les gens qui partagent notre opinion, on ne va pas très loin.


En mai 2022, durant la campagne des Législatives, vous avez indiqué « être favorable à une autonomie qui serve les Corses et leur quotidien ». Depuis, l’Assemblée de Corse a adopté le projet Autonomia et le Président de la République s’est dit ouvert à une évolution institutionnelle pour peu que les élus de la Corse s’accordent. Pensez-vous que les acteurs du débat institutionnel vont dans le bon sens pour servir les Corses et leur quotidien ? Aller vers « un modèle social corse » comme le préconisent certains nationalistes, cela vous semble-t-il crédible ?


Le Mouvement souhaite un statut d’autonomie de gestion pour le quotidien porté par le principe de différenciation dans la République et inscrit dans la Constitution. C’est une opportunité pour la Corse. L’enjeu de ce nouveau statut est de casser les inégalités pour introduire efficacité, réactivité et pragmatisme pour les Corses. Cette décentralisation accrue doit être nécessaire pour notre quotidien. Le Président de la République a demandé un accord entre tous les élus pour ensuite proposer une consultation des Corses. Cette exigence de rassemblement est nécessaire pour parler d’une même voix face au Gouvernement et inventer un modèle économique, social et environnemental spécifique à la Corse. Le statu quo serait un échec pour tous. Pour Le Mouvement, le nouveau statut devra être présenté à la population par consultation suivie de nouvelles élections territoriales et donner ainsi mandat à l’Assemblée de Corse de porter enfin son avenir. Ainsi, il est temps que chacun s’exprime sur l’avenir qu’il souhaite pour la Corse. Quel avenir voulons-nous ? Quelle solidarité voulons-nous ? Quel niveau de vie voulons-nous ? Enfin, il est regrettable que Bastia continue son déclassement par l’absence d’aménagement du territoire à la différence d’Ajaccio qui est confirmée en pôle métropolitain. Le nouveau statut devra alléger les compétences de la collectivité unique au profit des communes et des intercommunalités.

Venons-en aux problématiques bastiaises. Vous êtes le plus visible et le plus audible des opposants à la majorité municipale bastiaise. Il y a quelques semaines, vous avez dénoncé son « modèle de développement obsolète » et son « manque de vision ». C’est sévère. Que faut-il entendre par obsolète ? Quelle est votre vision ?


Aujourd’hui le constat est partagé par la population : après 10 ans de gestion de cette équipe, Bastia va mal. C’est le mandat du temps perdu. Toutes les villes ont le même problème, certaines se reforment d’autre se referment. La ville semble isolée au niveau de ses partenaires. Il y a trois problèmes. Le premier est le manque de vision : déficit de stratégie sur les grands projets (port, réseau routier, hôpital, école, fermeture de Maymard…), déclassement avec la collectivité unique et la perte du statut de capitale économique. Le deuxième est le manque de gestion du quotidien : abandon du quotidien (saleté, problèmes de circulation et de stationnement, domaine public anarchique, pas de stratégie environnementale). C’est la première fois qu’une mandature ne fera aucun parking, c’est révélateur. Voilà la réalité du déclassement. Et enfin, le troisième problème est un problème financier qui fait que la mairie n’a plus la capacité d’investir. Il ne va plus rien sortir jusqu’en 2026. Cette mairie fait de la cavalerie financière et reporte tous ses projets. Bon pasteur, parking des pompiers, îlot de la poste, écoquartier de Toga, parking de la gare, de Cardo, tout est à l’arrêt ! Pour notre part, on a édité une plaquette d’information en reprenant factuellement leur projet et le bilan est accablant. Mais, en responsabilité, on a aussi dit ce que l’on aurait fait pendant ce temps. On use certes de la critique dans notre rôle d’opposition mais on fait surtout le choix de la proposition. Nous formons avec Viviane Albertelli le groupe politique le plus présent en conseil municipal et, par ce travail et cette assiduité relayés par nos militants et sympathisants sur le terrain, cela donne du crédit à nos actions. C’est un choc de confiance que l’on propose aux Bastiais. La main est tendue pour ceux qui veulent travailler.


La dimension Bastia, capitale culturelle, que souhaite la majorité municipale, ce n’est pas une vision ?


La culture fait partie intégrante de notre projet. C’est un vecteur de vivre ensemble et de cohésion. Nous avons soutenu dès le départ la candidature de Bastia comme capitale culturelle mais, même dans ce domaine, ils ont voulus tout politiser et caporaliser cette démarche au service d’un mouvement politique. On connaît le résultat : un échec ! Le projet n’a pas été à la hauteur des ambitions de l’héritage culturel de Bastia et de la Corse. Dans notre projet, nous développons le concept d’identité Bastiaise autour de la culture, du patrimoine, de la langue et même de la gastronomie. Bastia à une identité particulière avec un esprit très génois. C’est l’identité bastiaise que l’on veut décliner avec le soutien des habitants.


Vous reprochez à la majorité municipale bastiaise un retard important concernant ses projets. Pourtant il se fait des choses : le réaménagement du Vieux-Port, la revitalisation du Centre Ancien avec le dispositif Cœur de Ville, l’éclairage moins énergivore… Quelles seraient vos priorités si vous étiez maire aujourd’hui ?


Tous les travaux en cours à la ville de Bastia dérapent soit en matière de coût financier, soit dans les délais de réalisation. Il y a un vrai manque de rigueur qui nuit à la crédibilité de la ville. Le but n’est pas d’aligner les travaux mais de donner un sens. Comment peut-on piétonniser le Vieux-Port sans faire de parking souterrain dans le quartier ? Ce projet est fait contre les habitants, les riverains et les commerçants. C’est le modèle du tout tourisme Airbnb, on vient consommer un quartier pour 2/3 jours et on repart ! Notre priorité pour Bastia est dans 2 domaines essentiel pour l’attractivité d’une ville : les écoles et les parkings. L’objectif est de faire revenir des jeunes actifs, des couples avec enfants pour faire vivre Bastia. Cela passe par la rénovation des écoles (Annonciade, Toga, Calloni…) et la construction de nouveaux sites (comme Fort Lacroix). L’école Gaudin serait destinée à l’enseignement supérieur pour faire venir des étudiants. Ensuite 4 parkings sont indispensables (Saint-Nicolas, Toga, Montesoro et Vieux Port). L’objectif est aussi d’avoir des équipements structurants comme un centre d’affaire, une salle de concert et travailler à la conversion du port de commerce actuel en port de plaisance. La révision du PLU va aussi être l’occasion de présenter notre vision. Chaque Bastiais doit pouvoir se loger dignement dans sa ville. Le logement et l’emploi sont les vecteurs d’une ville-centre forte qui rayonne sur son agglomération. Actuellement, c’est l’inverse : Bastia subit le développement des communes voisines.


La rénovation du théâtre moyennant 40 millions d’euros pour une capacité qui ne sera pas augmentée, vous-êtes pour ?


Pour nous, le théâtre est le joyau de Bastia et doit être une fierté pour ses habitants. Sa rénovation est indispensable. Nous avons une autre ambition pour ce site dédié exclusivement au théâtre. Le mélange des usages comme le propose cette mairie n’est pas satisfaisant. Notre projet consiste en une réhabilitation de la grande salle en augmentant sa capacité, reconfigurer les salles des congrès, aménager le péristyle avec des lieux de vie, créer une place publique sur le parvis des arcades et recréer la connexion entre le théâtre et la rue César Campinchi. Concernant le conservatoire de musique, sa destinée est au couvent Saint-François pour faire le quartier des Arts avec le cinéma le Régent et le centre culturel Una Volta. Pour finir, mettre 40 millions pour réduire la taille de la salle est quand même surprenant et pas sérieux ! D’ailleurs, le théâtre est fermé depuis octobre et il n’y a toujours pas de travaux, ni de zone de chantier dans le quartier ! Personne n’est au courant.


Dénoncer un déficit de réalisations, n’est-il pas contradictoire avec le constat partagé que Bastia est une ville pauvre et avec dénoncer les augmentations d’impôts, taxes et redevances appliquées par la Ville de Bastia ainsi que par la Communauté d’Agglomération de Bastia depuis 2020 ?


Notre projet peut se résumer en une phrase : « Créer de la richesse pour mieux la redistribuer ». Bastia est une ville pauvre qui a besoin d’amortisseurs sociaux forts. On propose 3 gratuités pour soutenir le pouvoir d’achat et rendre la ville plus attractive : la gratuité des transports, des crèches et des cantines comme le proposent Montpellier, Gap et d’autres villes. A côté de ce dispositif qui est un vrai marqueur politique, notre projet consiste à injecter dans l’économie locale un programme de travaux de 350 millions d’euros sur une mandature. Aujourd’hui, il manque une vision à Bastia, c’est justement ce que l’on propose. Que cette vision valorise Bastia, son agglomération et ses habitants. Le saupoudrage actuel ne sert à rien et la mauvaise gestion à un coût : celui de la hausse des impôts. Depuis les élections municipales de 2020, tous les 6 mois les impôts ou taxes augmentent. Dans les faits, ces hausses ne se justifient pas car les usagers ne bénéficient d'aucune amélioration du service public. Bien au contraire, la gestion publique se dégrade dans toute l'agglomération et à Bastia en particulier. C’est en tout 200 euros en moins par an ! C’est la double peine pour tous !


Commerces, services et professions libérales désertent Bastia. Il est constaté une gentrification et une flambée des locations saisonnières dans le centre ancien. Selon vous, la majorité municipale est-elle la principale responsable de ces situations ? Avez-vous des solutions à proposer ?


Cette mairie subit les évènements et n’anticipe pas ! Bastia est devenue un désert médical. Aujourd’hui, pour se soigner, il faut aller dans un centre commercial comme la Rocade à Furiani et passer un scanner à Ghisonaccia. Il y a un souci ! Nous proposons deux maisons de santé en centre-ville pour fixer les professionnels de santé. En matière de commerce, même constat. Aucune impulsion et toujours 50 commerces fermés alors que la périphérie se développe. Mais la cause de tout cela, c’est l’absence de mobilité, d’attractivité pour accéder à la ville. C’est pour cela que l’on veut créer des parkings et rendre gratuits les transports. Il faut que la puissance publique donne une trajectoire pour que les investisseurs privés injectent de l’activité et donc créent des emplois. Bastia doit être un moteur. Aujourd’hui c’est devenu la commune malade de l’agglomération.


Le maire de Bastia s’est récemment félicité que l’endettement de la ville était supportable et permettait de financer les investissements sans augmenter la pression fiscale. Cela vous parait-il refléter la réalité ?


Le maire est déconnecté des réalités financières de sa ville. Au bout de 10 ans, c’est grave ! Le déni est une faute. En 2014, la dette de la ville était de 30 millions. Aujourd’hui, elle est de 50 millions ! En novembre, un nouvel emprunt de 5 millions a été sollicité, sur 7 banques consultées seulement 2 ont fait une offre, c’est dire si la notation de la ville est dégradée. Mais surtout le plus grave est de savoir si cet endettement à servi au quotidien des Bastiais. Est-ce que Bastia est plus dynamique ? Est-ce que l’on se gare mieux ? Est-ce que l’on se loge mieux ? Est-ce qu’il y a plus d’emplois ? Je laisse aux Bastiais le soin de répondre et de juger.


Le maire de Bastia a par ailleurs indiqué refuser de retirer les délégations de deux adjoints mis en examen pour fraude électorale en invoquant la présomption d’innocence. Votre sentiment ?


Je comprends la fébrilité et la gêne du maire sur ce sujet. C’est le cœur de nos valeurs qui est attaqué : la probité. Le Mouvement Un Futur pour Bastia rappelle que l’action municipale doit être exclusivement tournée vers l’intérêt général. Afin de garantir la sérénité de l’action municipale et plus précisément dans les compétences de la santé, de la cohésion sociale, du logement social et du handicap, il est légitime et indispensable que le maire retire leurs délégations aux deux adjoints visés par cette enquête pour « atteinte à la sincérité du scrutin » jusqu’à ses conclusions. Au nom de la démocratie, le maire doit s’expliquer publiquement sur ces révélations de fraude électorale qui éclaboussent depuis plusieurs mois l’ensemble de sa majorité et sèment le trouble dans la population. Qui est l’organisateur de ce système ? La présomption d’innocence n’empêche pas le principe de précaution. Les faits reprochés sont d’une extrême gravité et entachent définitivement le scrutin de l’élection municipale de 2020.


Bastia, c’est aussi la ville-centre de la CAB, la Communauté d’Agglomération de Bastia. Pensez-vous que les intérêts de la commune de Bastia y soient suffisamment pris en compte ? Contestez-vous comme le font certains que le président de la CAB ne soit pas un élu bastiais ?


Il est sain que le maire ne soit pas le président de la CAB, cela participe d’un partage des responsabilités. Cela fait partie des engagements de notre projet. Aujourd’hui, si Bastia est affaiblie, c’est aussi la conséquence de l’affaiblissement de son maire au sein même de son mouvement politique. Bastia n’est plus consultée car il y a un manque d’incarnation de la fonction de maire. Bastia est isolée politiquement et cela à des conséquences sur les projets. Par exemple, le dossier de l’hôpital de Bastia n’avance pas aussi pour ce motif.


La CAB a récemment publié une infographie « Les 12 travaux de la CAB » présentant son action et projets de mandature (2020-2026). Plus de 20 millions d’euros pour les infrastructures sportives, dont plus de 13 millions pour le stade Armand Cesari qui s’ajouteront à près de 50 millions déjà injectés, sans compter les coûts de maintenance. En revanche, rien d’indiqué pour l’Habitat malgré un Programme Local de l’Habitat 2020-2032 définitivement adopté en juillet 2021. Cela vous semble-t-il relever d’une politique équilibrée ?


Le Président de la CAB semble vouloir relancer l’institution et l’installer dans le paysage économique et politique. Cependant, il y a des manques criants notamment en matière de compétences du quotidien comme l’économie, le logement, l’habitat. Mais le véritable point noir ce sont les déchets : 50% de hausse de la TEOM, la taxe d’enlèvement des d’ordures ménagères, et toujours pas de service supplémentaire. A cela s’ajoutent + 25% sur l’eau, + 13% sur le ticket de bus. Il y a un vrai ras-le-bol fiscal avec ces hausses. Comment expliquer qu’avec 50% de hausse de la TEOM, il y ait encore un déficit de 2,4 millions du service collecte qui ponctionne le budget général et donc les autres compétences notamment économique et sociale ? On ne peut pas perpétuellement augmenter les impôts sans service public supplémentaire !


Il est régulièrement évoqué qu’une extension de la CAB, notamment vers le sud, relèverait de la cohérence territoriale et offrirait de nombreuses opportunités, notamment en matière de développement économique, d’amélioration du service public et de mutualisation des grands équipements. Considérez-vous que la majorité communautaire s’active vraiment en ce sens ? Etes-vous favorable à cette extension ?


La CAB a un problème structurel c’est son périmètre d’action qui ne correspond pas au bassin de vie. Il faut changer d’échelle pour être à la hauteur des enjeux d’aménagement, d’attractivité, d’économie … Et s’il y a un certain volontarisme de la part du Président, il semble bien seul pour mener à bien son projet car la réalité est que les deux institutions sont en conflit de périmètre dans de nombreux domaines : l’économie, les déchets, le social, le tourisme… Pendant ce temps, Ajaccio se structure en métropole et creuse l’écart en termes d’attractivité. Il y a urgence à réagir !


2023 tire à sa fin. Mars 2026, les municipales, c’est quasiment demain. Au vu de la situation politique actuelle, notamment le retrait de la vie politique de Jean-Sébastien de Casalta et la rupture de l’union de la gauche historique Radicaux-Communistes, vous semblez être la tête de gondole de l’opposition à la majorité municipale. Vous avez souvent dit qu’une union cela ne se construit pas au dernier moment. Envisagez-vous une initiative pour rassembler les opposants ou, dans un premier temps, inviter à travailler ensemble ?

Notre mouvement a vocation à être présent par son travail de terrain et le débat d’idées qu’il suscite mais aussi au regard de ses résultats électoraux qui valident notre stratégie. Nous progressons à chaque élection. Si nos idées sont appréciées, il faut maintenant transformer cela en votes d’adhésion. Ce qui compte, c’est être cohérent avec ses idées, son engagement et son positionnement, ça renforce la crédibilité. Dans le flou actuel, il est important de créer un point d’équilibre pour susciter l’adhésion. Ensuite, nous prônons des démarches de rassemblement dès le premier tour pour créer des dynamiques de victoire. Pour cela, il faut envoyer des signes d’union bien avant les élections et non pas trois mois avant le scrutin. C’est en cela que les législatives sont une réussite pour nous. Il y a une volonté nouvelle. La tête de liste n’est pas un préalable à l’union mais elle doit être incarnée par celui qui peut rassembler le plus. La plateforme de convergence sera la base des discussions selon 3 aspects : le projet, les accords politiques et les valeurs pour offrir à la population une démarche cohérente et stable et crédible. Les contacts avec les autres formations politiques ont débuté, existent et ont vocation à se multiplier. Cette recomposition va de l’opposition municipale à l’opposition régionale pour prendre part à cette stratégie commune. Le rassemblement, c’est le dépassement et pas le renoncement. L’offre politique nouvelle doit être issue du terrain. Seule une démarche globale, cohérente et respectueuses des équilibres politiques, ouverte à la société civile peut offrir les conditions d’une alternative crédible, durable et saine. Chacun doit être acteur du changement pour sa ville. C’est un choc de confiance que l’on propose aux Bastiais. C’est aussi le sens des ateliers de travail que l’on a lancé qui regroupent tous les sensibilités au service de Bastia. La main est tendue pour ceux qui veulent travailler et s’inscrire dans un rassemblement efficace et porteur d’avenir. Ça sera notre objectif pour les prochains mois. C’est uniquement dans cet esprit de l’on arrivera à réunir tous ceux qui veulent une alternative à Bastia.

Propos recueillis par Jean-Pierre BUSTORI
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