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"Dignitas Infinita sur la dignité humaine"

« Une infinie dignité, inaliénablement fondée dans son être même, appartient à chaque per-sonne humaine, en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu'elle se trouve »
« Dignitas Infinita sur la dignité humaine »

« Une infinie dignité, inaliénablement fondée dans son être même, appartient à chaque per-sonne humaine, en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu'elle se trouve ».


Ce 25 mars 2024, le Vatican, plus précisément le Dicastère pour la doctrine de la Foi a publié un texte important sur la dignité humaine intitulé Dignitas Infinita, faisant suite à la décision prise en 2019 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de commencer « la rédaction d’un texte soulignant le caractère incontournable du concept de dignité de la personne humaine au sein de l’anthropologie chrétienne ».
Si l’Église s’insère toujours dans le temps long, ce texte arrive fort à propos, et enfin, pourrait-on même souligner, tant il y a urgence à affirmer le primat de l’homme et de sa dignité dans un monde où tout est fait pour assurer toujours plus de marchandisation des âmes et des corps. C’est ainsi que le message délivré par l’Église vient au juste moment pour nous remettre les idées en ordre.

Par ce texte, l’Église affirme la primauté de la personne « humaine » sur toutes autres, refusant le relativisme et le spécisme qui par trop étreignent notre époque (même si cela ne date pas, hélas, des périodes les plus contemporaines).

L’Église rappelle ainsi que « la dignité de l'être humain provient de l'amour de son Créateur, qui a imprimé en lui les traits indélébiles de son image » et que « dans cette vision, la dignité ne se réfère pas seulement à l'âme, mais à la personne en tant qu'unité indivisible ».

L’Homme forme un tout, on ne peut ainsi prétexter de sa diminution physique, par exemple, ou de sa différence pour nier son unité dans sa singularité.

Il est ainsi constaté de nombreuses atteintes à la dignité, parmi elles, la guerre et la pauvreté, mais également la théorie du genre, appelant au changement de sexe. Pour l’Église, « la vie humaine, dans toutes ses composantes, physiques et spirituelles, est un don de Dieu, qui doit être accueilli avec gratitude et mis au service du bien. Vouloir disposer de soi, comme le prescrit la théorie du genre, sans tenir compte de cette vérité fondamentale de la vie humaine comme don, ne signifie rien d'autre que céder à la tentation séculaire de l'être humain se faisant Dieu et entrant en rivalité avec le vrai Dieu d'amour que nous révèle l'Évangile. » Est souligné également le fait que cette théorie « cherche à nier la plus grande différence possible entre les êtres vivants : la différence sexuelle. » Alors même que, indique le texte du Vatican, « cette différence fondatrice est non seulement la plus grande que l'on puisse imaginer, mais aussi la plus belle et la plus puissante : elle réalise, dans le couple homme- femme, la plus admirable réciprocité et est donc à l'origine de ce miracle qui ne cesse de nous étonner, à savoir l'arrivée de nouveaux êtres humains dans le monde ».
Pour le Pape François, « la création nous précède et doit être reçue comme un don. En même temps, nous sommes appelés à sauvegarder notre humanité, et cela signifie avant tout l’accepter et la respecter comme elle a été créée ».De critiques sont faites également à l’encontre de la marchandisation des corps par la gestation pour autrui qui transforme les femmes en simples usines de reproduction, niant tout ce qui fait l’irré-ductible singularité de la relation entre une mère et son enfant : « L'enfant a donc le droit, en vertu de sa dignité inaliénable, d'avoir une origine pleinement humaine et non artificielle, et de recevoir le don d'une vie qui manifeste en même temps la dignité de celui qui la donne et de celui qui la reçoit ».
Des paroles fortes et essentielles sont également portées à l’encontre de l’approche que d’aucuns veulent faire prévaloir sur la question dite de la « fin de vie ». Elles le sont contre ceux qui toujours plus agissent avec la volonté de nier le réel pour nous faire vivre en permanence dans le « metaverse » le plus odieux et déshumanisé afin de nous asservir. On se trouve ici, comme le souligne à juste titre l’Église, face à « un cas particulier d'atteinte à la dignité humaine, plus silencieux mais qui gagne beaucoup de terrain ». « Il a la particularité d'utiliser une conception erronée de la dignité humaine pour la retourner contre la vie elle-même ». Sont ainsi visés l’euthanasie et le suicide assisté. Face à ce qu’il faut bien considérer comme une grave marque de déliquescence d’une société, l’Église nous dit qu’« il faut réaffirmer avec force que la souffrance ne fait pas perdre à la personne malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable, mais qu'elle peut devenir une occasion de renforcer les liens d'appartenance mutuelle et de prendre conscience de la valeur de chaque personne pour l'ensemble de l'humanité ». « La vie humaine, même dans sa condition douloureuse, est porteuse d'une dignité qui doit toujours être respectée, qui ne peut être perdue et dont le respect reste inconditionnel.
En effet, il n'y a pas de conditions sans lesquelles la vie humaine cesse d'être digne et peut donc être supprimée. »

À l’heure des débats sur cette question qui veulent nous faire accroire qu’il s’agit d’agir pour notre bien (comme d’habitude), en nous tuant quand on estime (mais qui est en droit de le faire ?) que c’est le moment, ce corpus de réflexions et d’analyses proposé par l’Église est salutaire pour susciter un sursaut des consciences et refuser que l’humanité soit transformée en un vaste abattoir à ciel ouvert et en un champ d’expérimentations pour permettre de satisfaire aux visées eugénistes de quelques-uns.

Jean-François Poli
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