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La Corse à l'unisson avec le continent

Un vent d'enthousiasme ......C'était hier

La Corse à l'unisson avec le continent


Le président Macron, en dissolvant l’assemblée, a vraisemblablement mis fin à une phase de l’histoire de la Corse ouverte fin 2015 par l’élection à l’assemblée territoriale d’une majorité nationaliste.


Un vent d’enthousiasme… C’était hier.


Le vote majoritaire en faveur de la pluralité nationaliste a été indéniablement un moment important dans l’histoire de notre peuple, un moment mal interprété. Gilles Simeoni et Femu a Corsica n’ont pas compris qu’au-delà du caractère médiatique du lider massimu, ce qui faisait la force de la nouvelle majorité était l’élan unitaire, mais aussi l’espérance que les projets structurels de la Corse seraient en partie réglés. Or la majorité de 2015 et plus encore celle de 2021 ont tout misé sur une bataille idéologique délaissant les résultats programmatiques tout en reconstituant de nouveaux clans. Le clientélisme a non seulement perduré, mais est devenu une caricature de ce qu’il était sous les anciens clans. La Collectivité unique est devenue obèse à force de recrutements opérés au détriment de l’efficacité administrative. Le président de l’exécutif a donné le sentiment de s’enfermer dans un pouvoir solitaire délaissant les questions courantes. Il est vraisemblable que cette impression était en partie fallacieuse, mais la piètre communication de l’exécutif n’a pas cherché à combattre ce qui s’installait durablement au sein des Corses. Et si, à un moment donné, la lancinante question de l’autonomie a semblé déboucher sur une hypothétique solution, ça n’a été que le résultat des émeutes de Bastia et d’Ajaccio. En d’autres termes, c’est la violence dont l’arrêt avait permis la victoire des autonomistes qui a, une fois encore, brisé le carcan dans lequel était enfermé le faux dialogue entre la région et l’état.

Le dégagisme hier et aujourd’hui


Le candidat Macron avait profité de l’usure du président Hollande qui lui-même n’avait dû son élection qu’à l’éviction du candidat Strauss-Kahn. En tout état de cause, la Cinquième république, usée jusqu’à la corde, semble ne plus fonctionner qu’au dégagisme. Sans minimiser le caractère central de la question nationale corse, force est de constater que le mouvement nationaliste a bénéficié à son niveau d’un dégagisme qui faisait écho à celui du continent : clans traditionnels réduits à presque rien et partis de droite comme de gauche tout autant. Le nationalisme a d’une certaine façon gagné par défaut, occupant un peu de ce vide sidéral laissé par les autres courants d’idées. La personnalité de Gilles Simeoni a ajouté ce petit plus qui amène les grandes victoires. Pourtant, une lecture attentive de l’histoire insulaire nous apprend que ses convulsions politiques ressemblent étrangement à celle de la France. Le macronisme est à son tour victime d’un dégagisme qui opère de plus en plus rapidement. Le Rassemblement national, mouvement populiste de droite, est le grand gagnant de cette désespérance sociale qui pointait déjà avec la crise des Gilets jaunes. Il est rare qu’en période de crise, les gouvernants ne subissent pas une érosion qui les précipite dans les limbes de la défaite. Avec un taux record de votants, les résultats en Corse ne peuvent s’interpréter que comme une défaite relative du mouvement nationaliste et plus particulièrement de Femu a Corsica et une victoire indéniable du RN qui parvient même à faire éliminer Valérie Bozzi dans la 2e circonscription de la Corse du Sud. La Corse est à l'unisson de la France.

Tenir obstinément


Malgré l’effet miroir avec le président de la République, Gilles Simeoni n’est cependant pas dans la même situation que celui-ci, car il dispose d’une majorité à l’assemblée territoriale. Cependant, la question de la durée est posée : de quel avenir sur le moyen terme dispose l’actuelle majorité insulaire ? La revendication autonomiste est envoyée aux oubliettes pour une période que personne ne saurait sérieusement évaluer. La majorité a avancé sans plan B. Ne serait-il pas plus sage de retourner devant les citoyens de Corse pour proposer une autre feuille de route ? De cette façon, si Femu en sortait renforcée, le simeonisme pourrait remettre le plat au centre de la table avec de fortes chances d’être écouté. Aujourd’hui, il est usé, contesté et n’est fort que d’une majorité acquise « avant tout ça ». On est de se demander si tenir obstinément ouvre la porte à une quelconque solution.

Le monde change, la Corse aussi


Quel que soit le camp victorieux au soir du second tour, soyons certains que la Corse ne sera plus au centre des préoccupations des futurs dirigeants, peut-être à peine en marge.
Les erreurs à répétition du pouvoir en Nouvelle-Calédonie ont créé les conditions d’un embrasement des « îles ». Sur le Caillou, nous voilà plus près de la guerre civile que d’un quelconque compromis.
À Tahiti, il suffirait d’un rien pour que là aussi tout s’embrase tout comme en Guyane. Ce ne sont pas des révoltes réfléchies, mais la résultante d’un affaiblissement dramatique de la France.
Il va revenir aux Corses de trouver leur chemin au sein de ce labyrinthe qui n’en finit pas de se complexifier. Peut-être serait-il temps pour les partis de se concerter plutôt que de se déchirer.

GXC
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