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50 ans après , elle "Veil" toujours

La loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse ( IVG ) est historique .

50 ans après, elle « Veil » toujours


La loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est historique. Elle a marqué une avancée majeure pour les droits des femmes en France. Aujourd'hui, le taux de recours à l’IVG est toujours en hausse avec des chiffres légèrement supérieurs à la moyenne en Corse. Les célébrations de la loi sont l’occasion de dresser un bilan et comprendre les enjeux actuels de ce droit, toujours fragile.

Il y a 50 ans...

L'interruption volontaire de grossesse (IVG) a été dépénalisée en France grâce à la loi Veil, adoptée le 17 janvier 1975, mettant fin à la clandestinité d’un acte qui permettait aux femmes d’interrompre une grossesse non désirée. Cinquante ans plus tard, cette loi reste un jalon essentiel dans la lutte pour les droits des femmes. En mars 2024, la France a inscrit la liberté de recourir à l'IVG dans sa Constitution, devenant ainsi le premier pays à garantir ce droit fondamental. Cependant, malgré ces avancées, l'accès à l'IVG demeure inégal, tant en France qu'en Corse. Car si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite en 2024 dans la Constitution, les associations féministes s'alarment d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de ses opposants, comme on a pu le voir lors des manifestations « pro vie » à l’occasion des 50 ans de la loi Veil. Et comme on le voit sur les réseaux sociaux.

Délit d’entrave

La Fondation des femmes a ainsi dénoncé la forte présence de mouvements anti-IVG sur les réseaux sociaux. Un rapportconjoint avec l'Institute for Strategic Dialogue (ISD) établissait que « Meta a généré environ 43.750 euros grâce à 199 publicités antiavortement sur Facebook entre mai 2022 et juin 2023. Au total, ces publicités ont enregistré 9,4 millions d’impressions ». Le délit d'entrave à l'avortement est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans et d'une amende pouvant atteindre 30.000 euros. Un rapport d'information parlementaire de 2020 appelait à « réfléchir à une meilleure applicabilité et application du délit d'entrave à l'IVG sur Internet. » D’autant que les entraves sont déjà nombreuses, que cela soit des freins territoriaux ou sociaux.

Inégalités d’accès

En Corse, l'accès à l'IVG et à la contraception présente des disparités. En 2023, environ 1 000 IVG ont été réalisées sur l'île, un chiffre en légère augmentation par rapport aux années précédentes. Cela représente 18,1 IVG pour 1000 femmes de 15 à 49 ans. Ce taux place la Corse en troisième position nationale. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Environ 75 % des femmes ayant recours à l'IVG ne sont pas sous contraception. Concernant la contraception, des initiatives ont été mises en place pour améliorer l'accès, notamment la gratuité du contraceptif pour les jeunes de moins de 26 ans. Cependant, des freins persistent. De plus, même si le délai moyen de prise en charge pour une IVG en Corse est de 10 jours - contre 3 à 4 semaines dans d'autres régions -, les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous peuvent être longs, ce qui complique l'accès à l'IVG et à la contraception, notamment pour les femmes en situation d'urgence.

La lutte continue

D’après une étude IFOP, 50 ans après le passage de la loi Veil, 63 % des femmes ayant eu recours à un avortement ont avant tout « peur d’être jugée ou d’avoir des remarques de la part des professionnels ou de l’entourage ». En France, des efforts sont nécessaires pour garantir un accès égal à ce droit. La lutte contre la désinformation et les pressions idéologiques est cruciale. En Corse, l'enjeu est notamment d'améliorer l'information sur la contraception, car certains professionnels notent que les jeunes femmes ne perçoivent plus la contraception comme une libération, mais plutôt comme une contrainte. Cette évolution de perception pourrait influencer leur approche de l'IVG. Une plateforme téléphonique gérée par le Planning familial 13 et co-financée par l'ARS et le Conseil régional a été mise en place pour améliorer l'accès à l'information sur l'IVG. La Collectivité de Corse a intégré l'accès à la contraception et à l'IVG comme objectif prioritaire dans son plan pour la jeunesse, visant à permettre à chaque femme de maîtriser le moment de son projet de grossesse. Le suivi des femmes après une IVG est également important. L'île doit continuer à garantir un accès facile et sécurisé à ce droit fondamental.

Maria Mariana
Photo :Maria Mariana
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