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Violence contemporaine : héritage et enjeux

Une banalisation des logiques guerrières
Violence contemporaine : héritage et enjeux

Lors de la cérémonie des vœux, le cardinal François Bustillo a dénoncé la montée de la violence sur l’île. Les assassinats, les incendies, les actes de violence endeuillent l’île, laissant croire à une banalisation des logiques guerrières.

D’hier à aujourd’hui

La violence en Corse trouve ses racines dans des siècles de tensions sociales et politiques. Dès la fin du XIXe siècle, des vagues d'immigration corse vers des villes comme Marseille ont donné naissance à un milieu criminel organisé, principalement axé sur le proxénétisme. Au fil des décennies, ce milieu s'est diversifié, intégrant des activités telles que le trafic de drogue et le racket, notamment à travers la French Connection. Dans les années 1920, les Corses dominent le banditisme en France, créant une communauté criminelle souvent antagoniste, mais unie par des liens familiaux ou villageois. Parallèlement, le nationalisme corse a pris de l'ampleur, avec des mouvements clandestins qui ont souvent eu recours à la violence pour revendiquer l'autonomie de l'île. Cette violence politique a parfois été perçue comme une légitimation de comportements criminels, créant un lien ambigu entre nationalisme et criminalité organisée.

Lutter contre la violence

La lutte contre la violence en Corse a été marquée par des efforts institutionnels et des initiatives locales. Les autorités ont mis en place des commissions d'enquête et des rapports parlementaires pour analyser la situation. Cependant, ces efforts sont souvent entravés par des liens historiques entre la politique et le crime organisé. Les forces de l'ordre ont dû faire face à une violence endémique, avec un taux d'homicides parmi les plus élevés d'Europe. En 2024, ce sont en effet 17 homicides dont cinq règlements de compte et 16 tentatives d’homicides qui ont été recensés, selon des chiffres que la préfecture. La Corse est la région métropolitaine la plus criminogène de France. Avec un taux de 3,7 homicides pour 100 000 habitants. Loin derrière la Guyane (20,6), les Antilles ou Mayotte. Une tendance plus marquée en Corse-du-Sud (3,9) qu'en Haute-Corse (3,6). En 10 ans, 241 homicides ont été enregistrés en Corse, dont 78 sont attribués au crime organisé, et plus de 300 dégradations de biens sont enregistrées chaque année dans l’île. Les tensions entre les mouvements nationalistes et l'État français ont également compliqué la situation, rendant difficile l'établissement d'un dialogue constructif sur l'avenir de l'île. Le 27 février prochain, une session de l’Assemblée de Corse sera consacrée à des échanges sur les moyens de lutte contre le crime organisé, qui est un défi majeur. Les autorités insulaires ont pris conscience de l'emprise mafieuse sur les décideurs et la société. En 2019, l'assassinat de Maxime Susini a ravivé les inquiétudes et a conduit à la création de collectifs antimafia. Les élus ont promis de renforcer les efforts pour combattre cette criminalité, mais la crise du Covid-19 a retardé certaines initiatives. La lutte contre le crime organisé reste donc une priorité pour garantir la sécurité et la paix en Corse. Les enquêtes sur les attentats et les règlements de comptes révèlent une réalité complexe où les frontières entre nationalisme et criminalité s'estompent. Les autorités continuent de travailler pour démanteler ces réseaux tout en cherchant à répondre aux aspirations légitimes des Corses en matière d'autonomie.

Prévention de la violence

Plusieurs initiatives ont été mises en place pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la violence et leur offrir des alternatives positives. Les établissements scolaires ont mis en place des programmes visant à informer les élèves sur les conséquences des comportements violents et des activités criminelles. Des intervenants, souvent issus du milieu associatif, animent des ateliers et des débats afin de susciter la réflexion et encourager l’expression des jeunes. Des campagnes de sensibilisation sont régulièrement organisées, souvent en collaboration avec les forces de l'ordre. Ces campagnes visent à informer les jeunes sur les dangers du crime organisé, en utilisant des supports modernes comme les réseaux sociaux. Des vidéos, des témoignages et des rencontres avec des victimes de la violence sont diffusés pour montrer les conséquences réelles de ces actes. En impliquant les jeunes dans ces campagnes, les autorités cherchent à créer une prise de conscience collective.

Maria Mariana
Photo: M.M
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