Ciel bleu, air pur ? pas si sûr
La qualité de l'air en Corse est un sujet de préoccupation croissant,
Ciel bleu, air pur ? Pas si sûr
La qualité de l'air en Corse est un sujet de préoccupation croissant, la fréquence des alertes pollution et leur durée ayant augmenté. Entre sources naturelles et anthropiques, la pollution atmosphérique impacte la santé publique et mobilise des politiques locales pour protéger la population.
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Sources mixtes
La pollution de l’air sur l’île résulte d’un mélange de sources naturelles et d’activités humaines. Les particules fines (PM10 et PM2,5) proviennent en grande partie du chauffage résidentiel, mais aussi des transports et de la production d’énergie, ainsi que des incendies de forêt et des émissions de composés organiques volatils (COV) des végétaux. Les émissions de dioxyde d'azote (NO₂) et de particules fines (PM10) sont particulièrement préoccupantes, surtout dans les zones urbaines et touristiques. La production d’électricité, principalement via les centrales thermiques au fioul de Lucciana et du Vazzio, est responsable de 75 % des rejets de SO2 et d’une part importante du NOx. Plusieurs fois par an, des poussières sahariennes portées par les vents du sud traversent l’île, provoquant des pics de pollution. L’ozone, formé par réaction chimique sous l’effet du soleil, et les oxydes d’azote issus des moteurs thermiques et des centrales électriques complètent ce tableau. Malgré ces épisodes, les niveaux moyens de pollution restent globalement conformes aux normes européennes.
Conséquences sanitaires
20 % des décès sont dus à la pollution. Ces chiffres de l'OMS sont corroborés par une étude publiée récemment par Santé Publique France pour chaque région. Selon cette étude, la pollution de l’air est responsable de 120 décès prématurés par an en Corse et de nombreuses maladies évitables chaque année sur l’île. Qualitair Corse, l’organisme de surveillance régional, relève que la réduction des particules fines (PM2,5) et du dioxyde d’azote (NO₂) pourrait prévenir des cas d’asthme chez l’enfant, d’hypertension, de diabète de type 2, de BPCO, d’AVC, d’infarctus et de cancers du poumon. Les coûts sanitaires sont importants : à l’échelle nationale, la pollution de l’air représente près de 13 milliards d’euros par an pour les particules fines et 3,8 milliards pour le NO₂, soit 59 € par habitant.
Actions locales
Les politiques publiques s’organisent autour de plans de protection de l’atmosphère (PPA) et du Plan régional santé environnement (PRSE), qui fixent des objectifs de réduction des émissions, favorisent la rénovation énergétique et encouragent le développement de transports propres. Par exemple, laProgrammation pluriannuelle de l’énergie pour la Corse prévoit une réduction de 290 GWh des consommations d’électricité et d’énergie fossile dans le bâtiment, du bonus pour la facture énergétique régionale. Des campagnes de mesures ont été réalisées autour des ports et dans les établissements scolaires, avec l’installation de 22 microcapteurs pour surveiller la qualité de l’air extérieur et 60 capteurs de CO₂ pour évaluer la qualité de l’air intérieur sur toute l’île, informer et protéger les publics les plus sensibles. Les résultats publiés par Qualitair Corse montrent une baisse progressive de certains polluants, bien que la fréquence des alertes pollution ait augmenté ces dernières années. Les autorités sanitaires recommandent d’adapter les comportements lors des pics de pollution : limiter les activités physiques intenses à l’extérieur, aérer les logements en dehors des heures de pointe, privilégier les modes de transport doux et surveiller la qualité de l’air intérieur, souvent négligée. L’Agence régionale de santé rappelle l’importance de protéger les personnes vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques.
Résilience future
Face au changement climatique, l’île doit renforcer son adaptation et sa résilience. La Corse doit développer des stratégies pour faire face aux impacts de la pollution et des événements climatiques extrêmes. Les projections annoncent une hausse des températures et une possible augmentation des épisodes de pollution d’ici 2050. Les politiques d’aménagement, l’amélioration des infrastructures, la transition énergétique et la sensibilisation collective sont essentielles pour préserver la santé publique et la qualité de vie sur le territoire. Sans oublier que la préservation de la qualité de l’air contribue à l’attractivité touristique de l’île, un secteur clé de l’économie corse.
Maria Mariana
Crédit photographique
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