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Faisons de la Corse un exemple de biodiversité marine et terrestre

La Corse, au centre de la mer des blessures
Faisons de la Corse un exemple de biodiversité marine et terrestre

Dans un monde fracturé, où l’océan se réchauffe et se meurt, où les plastiques étouffent les fonds marins, la Méditerranée est devenue une mer malade. Chaque jour, des tonnes de pollution l’empoisonnent. Chaque heure, des espèces s’éteignent. Chaque minute, des enfants y périssent dans les traversées du désespoir. Face à cela, nous n’avons plus le droit de détourner le regard.


La Corse, au centre de la mer des blessures


La Corse, île de granit et de mémoire, pourrait devenir bien plus qu’un joyau menacé dans la mer des naufrages. Elle pourrait être un laboratoire vivant de résilience, un phare méditerranéen pour les générations à venir. Car elle se tient là, au centre géographique de la Méditerranée occidentale, à la croisée des flux migratoires, climatiques, militaires, industriels. Elle subit les pollutions, mais garde encore des poches de beauté intacte, des savoirs ancestraux, des paysages qui parlent le langage du vivant. C’est cette position à la fois stratégique et sensible qui lui donne une responsabilité particulière.

Une île-refuge pour le vivant


D’un point de vue écologique, elle pourrait devenir une île-refuge, un sanctuaire marin exemplaire. Ses zones Natura 2000, ses eaux riches en posidonies, ses récifs encore habités par les grandes nacres ou les mérous, ses forêts immergées, tout cela constitue un trésor fragile. Une politique volontaire, fondée sur les sciences de la mer, le droit coutumier et les pratiques locales durables, pourrait faire de la Corse un modèle de coexistence entre l’homme et la mer, une réponse concrète à la destruction accélérée de la Méditerranée. On y inventerait un tourisme de lien et non de pillage, une économie circulaire et sobre, une pêche repensée en lien avec les cycles du vivant.

Une université de la mer, vivante et ouverte


Sur le plan scientifique, elle pourrait devenir un observatoire méditerranéen permanent : un lieu de rencontre entre chercheurs, océanographes, écologues, climatologues, mais aussi artistes, marins, penseurs. Une université de la mer, ancrée dans le réel, ouverte aux enfants des îles comme aux scientifiques venus d’ailleurs. Car il nous faut des lieux-passerelles, entre nature et culture, entre tradition et modernité, entre urgence et profondeur. La Corse, parce qu’elle est encore habitée par des récits, des gestes anciens, des chants qui parlent à la mer, pourrait accueillir ce dialogue entre savoirs.

Une île où souffle encore l’esprit


Mais c’est aussi sur le plan spirituel que la Corse peut jouer un rôle : elle porte encore en elle une sacralité naturelle, une manière d’habiter le monde non colonisé par la logique du profit. Le rapport des Corses à la mer est ambivalent, parfois douloureux, mais profond : il y a dans le silence des calanques, dans le vent des golfes, dans les pierres des chapelles abandonnées, une sagesse immémoriale. Redonner à la mer un statut d’être vivant, voire de sujet de droit, pourrait commencer ici. La Corse pourrait ainsi être le cœur spirituel d’un renouveau méditerranéen, reliant la justice écologique à une éthique du monde habité.

Une voix géopolitique des îles


Enfin, sur le plan géopolitique, la Corse ne doit plus être pensée comme une marge, une province lointaine ou un caillou stratégique entre Toulon et Alger. Elle est au centre des tensions méditerranéennes : migrations, réchauffement, rivalités maritimes, pillage des ressources, effondrement de la biodiversité. Dans ce contexte, elle peut devenir une voix singulière, un lieu de parole et de proposition à condition qu’on lui donne les moyens de sa souveraineté écologique. Elle pourrait accueillir une conférence permanente des îles méditerranéennes, plaider pour une charte des droits de la mer, proposer des zones de paix maritime, créer des alliances insulaires, porter une parole enracinée mais ouverte, rebelle mais constructive.

L’île-passerelle, blessée mais debout


Car la Corse est à l’image de la Méditerranée : blessée mais debout, convoitée mais indomptée, riche de cicatrices et de chants.

Si elle choisit de faire de la mer une alliée plutôt qu’un décor, si elle ose dire non à la bétonisation, au saccage, à l’oubli, elle peut devenir l’île-passerelle, l’île qui relie et protège. Non pour se replier, mais pour rayonner autrement. Non pour se fermer, mais pour ouvrir un chemin de dignité pour les îles, les peuples, les vivants.

Pour une île sanctuaire de la Méditerranée


Faisons de la Corse un sanctuaire de la Méditerranée :
– Un refuge pour les espèces marines, les plages vivantes, les herbiers de posidonie.
– Un laboratoire de sobriété heureuse, où la pêche, l’agriculture, l’énergie et le tourisme soient repensés à l’échelle du vivant.
– Un observatoire des changements climatiques, ouvert aux chercheurs, aux poètes, aux marins, aux jeunes.
– Une terre de spiritualité écologique, où la mer n’est pas une ressource, mais une présence, un mystère, une sœur.

GXC
Illustration D.R
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