Accidents : L' été fatal ?

Accidents : l’été fatal ?

Le soleil de l'été corse brille, mais l'ombre des accidents de la route plane. Chaque été, l’accidentologie grimpe sur les routes insulaires. Si la mortalité régresse depuis deux ans, l'île reste un mauvais élève en matière de sécurité routière, avec un taux de mortalité 2,5 fois supérieur à la moyenne nationale. L’été peut s’avérer meurtrier, malgré la prévention et les initiatives pour rendre les routes plus sûres. Automobilistes locaux et visiteurs restent confrontés à une réalité : ici, la route n’est jamais un terrain sans danger.

Bilan contrasté

La tendance à la baisse se confirme : en 2025, les accidents chutent de 28 % et les décès de 45 % par rapport à 2024. Ce recul est lié à une mobilisation accrue des forces de l’ordre et des campagnes de prévention. Pourtant, les comportements à risques persistent. Les causes principales : alcool, vitesse excessive, stupéfiants, inattention. Contrairement aux idées reçues, les touristes ne sont pas les premiers concernés. Souvent, ce sont les résidents qui sont touchés : 77 % des accidents impliquent des habitants. Malgré la baisse du nombre d’accidents, les délits routiers explosent : +20 % pour l’alcool ou les stupéfiants, +26 % de suspensions de permis, +17 % de conduites sans permis au premier semestre 2025. Les 18-24 ans paient un lourd tribut, un tiers des décès leur est imputé. Les mêmes causes reviennent : alcool, excès de vitesse, conduites sous stupéfiants, refus de priorité. Les campagnes d’éducation routière se multiplient auprès de ces publics, accompagnées des témoignages douloureux de familles endeuillées.

Dangerosité routière

Deux tiers des accidents ont lieu en ville, surtout autour des grands centres. Mais c’est sur les routes secondaires, hors agglomération, que meurt la majorité des victimes. Sinuosité, chaussées dégradées, absence de marquage : la configuration des routes aggrave la situation. Plus de la moitié des drames surviennent sur ces axes territoriaux. Un constat partagé par les motards, qui réclament plus de prévention et d’aménagements spécifiques. Selon une étude récente, 81 % des motards se déclarent inquiets du comportement des automobilistes et conducteurs de poids lourds. Même si en 2025, aucun motard n’est mort sur les routes du sud au premier semestre, les deux-roues représentent encore 35 % des blessés. Leur surreprésentation reste un enjeu crucial, notamment sur les tronçons sinueux et touristiques. D’où la mise en place du PADRSQ (plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien), dispositif piloté par la préfecture, distinct mais complémentaire des plans spécifiques à la sécurité routière comme le PDASR. Le PADRSQ vise à renforcer la sécurité globale sur le territoire, notamment lors des périodes de forte fréquentation, par une coordination accrue entre forces de l’ordre, collectivités et partenaires locaux.

Saisons à risques

Pendant les pics touristiques, notamment au printemps et en été, le trafic double sur les routes insulaires, accroissant fortement les risques d’accident. Face à cette situation, plusieurs dispositifs saisonniers spécifiques sont mis en place. Leur objectif : limiter l’accidentologie, protéger les usagers et s’adapter à la fréquentation exceptionnelle de l’île. Durant la haute saison, les forces de l’ordre intensifient contrôlesd’alcoolémie, de stupéfiants et vitesses excessives. La présence de policiers et gendarmes est renforcée sur les axes stratégiques et sur les points les plus accidentogènes, y compris routes secondaires et accès aux pôles touristiques. Des campagnes de prévention sont déployées dès l’embarquement sur les ferries en direction de l’île. Sur les secteurs particulièrement exposés — routes montagneuses, littoral très fréquenté — des patrouilles mobiles, dont certaines à cheval ou à pied (dans les zones naturelles sensibles), sillonnent les axes pour prévenir, sensibiliser et intervenir rapidement en cas d’infraction ou d’accident. Les dispositifs saisonniers incluent aussi la signalisation temporaire renforcée et l’entretien accru de certains « tronçons noirs » pendant l’été. La combinaison de répression accrue, de prévention innovante et d’actions adaptées à l’afflux touristique a un effet positif sur la sécurité routière estivale. Toutefois, l’impact reste conditionné par le respect des règles et la responsabilité de chaque usager. La prudence reste la meilleure protection sur les routes insulaires.

Maria Mariana

Crédits photographiques
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