• Le doyen de la presse Européenne

La mode du monde d’après

Après cette crise sans précédent, le secteur du textile, de la mode, du luxe, se doit de se réin-venter. Avant, on parlait de « second secteur le plus polluant au monde ».
La cause de ce fléau : saisonnalité et fast fashion. « Fast » pour « rapide », « fashion » pour « mode », les géants incontournables du prêt-à-porter bon marché ont envahi le monde entier, sans prendre soin de l’impact environnemental de leurs créations frénétiques. Une tendance poussant le luxe à produire autant. Mais la donne va changer.

Les saisons. S’il n’en avait que deux par an, « printemps-été », « automne-hiver »… Mais la mode d’aujourd’hui est liée à la tendance. En cliquant sur les onglets « nouveautés » des grandes enseignes, chaque quinzaine, de nouvelles gammes, des nouveaux coloris, des collections qui se suivent sans jamais se ressembler.

Dans le luxe, la pratique est parfois la même. Les défilés nous l’ont prouvé : collections saisonnières, puis croisières, puis haute-couture, sans parler des « capsules » qui fleurissent tous les mois, pour faire vivre l’image des marques tout en produisant plus, en stockant plus, en polluant plus.

Après cette période de COVID-19, cette quarantaine de plus de la moitié de la planète, certaines décisions doivent être prises. C’est le cas de H&M qui, dès le déconfinement, a partagé ses nouveaux engagements responsables avec, par exemple, l’ambition d’un impact positif sur l’environnement d’ici à 2040.
Le e-shop Zalando a quant à lui fait part de sa volonté de ne vendre que des marques écoresponsables d’ici à 2023.

Niveau luxe, Gucci, Saint Laurent, Armani ne feront plus de la mode comme avant. Pour Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci, il faut arrêter la « frénésie » des défilés et de la production. Idem pour Anthony Vaccarello chez Saint Laurent, qui « présentera des collections à son propre rythme ». Pour l’italien Giorgio Armani qui, au tout début de la crise du Coronavirus et quelques heures avant le show, a décidé de présenter sa collection à huit-clos, il faut « supprimer le superflu », et redonner de la place à l’humain.

Car dans « l’ancien monde », au-delà de l’absence de nombreuses mesures aussi sanitaires que sociales, les vêtements produits invendus se retrouvaient soit abandonnés dans les zones les plus pauvres du globe, soit brûlés, une pratique réalisée par certaines marques de luxe avant 2018, des millions d’euros, des tonnes de matériaux plus ou moins nobles tout simplement détruits par le feu. Les pièces faisaient parfois le tour du globe avant de se retrouver dans nos placards.

Les mentalités changent, les consommateurs ne sont plus dupes. Mais l’effort doit être collectif : les marques elles-mêmes doivent prendre conscience de l’importance du circuit court dans la provenance de leurs matériaux, pour imaginer porter du « Made in France » plus souvent et assister à la réouverture d’usines, pourquoi pas ? Certes, les produits seront plus onéreux. Qualité ou quantité ? Attention toutefois à ne pas confondre prix élevés et excellence, en attendant un nouveau paradigme durable.
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