50 ans aprés .Que reste-t-il d'ALéria ? N° 4
ALERIA ..... et puis
Quand et comment Edmond est devenu « l’homme d’Aleria »
Face à la caméra, en tee-shirt rouge orangé frappé d’une Corse stylisée et où sont mentionnés Autonomia et ARC, avec en arrière-plan des militants arborant des fusils de chasse, avec les bras croisés et une expression faciale qui révèlent une sérénité et une grande détermination, Edmond Simeoni expose posément les motifs et les objectifs de l‘action. Il entre par la grande porte dans l’Histoire de notre pays et notre peuple, il est en train de devenir « l’homme d’Aleria ».
Jeudi 21 août 1975. Un jour d'été comme les autres. L’information que relaient les bulletins de stations de radio à partir de 11 heures, ne suscite pas l’intérêt de grand monde ou est ignorée. En effet, alors chez nous, en journée, si on est en famille au village, à la plage, à la rivière ou sous les pins, ou si on est écrasé par la chaleur au travail ou dans sa voiture (les clims sont rarissimes), les bulletins d’information sont le plus souvent écoutés d’une oreille très distraite. Pourtant la nouvelle n’est pas banale. Il n’est pas ordinaire qu’un groupe d'hommes armés se manifeste publiquement et occupe une propriété privée, en l’occurrence une cave viticole. La Guerre d’Algérie est terminée depuis plus de dix ans. Le terrorisme palestinien ou international n’a pas encore frappé en France. Pourtant, c’est la réalité. Depuis 7 h15, huit militants de l'ARC armés de fusils de chasse - conduits par celui qui sera bientôt appelé avec déférence « le docteur Edmond Simeoni » par les médias, avec affection ou admiration où les deux « Edmond » par de nombreux Corses, « Simeoni» par21 ses adversaires politiques les plus acharnés ou par les anti-autonomistes -occupe à la sortie nord d’Aleria, non loin de la route nationale, la cave viticole d’Henri Depeille, un rapatrié d’Algérie. Un « colon » disent beaucoup de Corses en Plaine orientale. Ce n’est que le lendemain qu’en Corse ainsi que dans toute la France et même internationalement, on va vraiment prendre avoir connaissance et un peu conscience de ce qui se passe à Aleria, certes en lisant la presse écrite et en écoutant la radio, mais bien davantage en regardant les sujets réalisés par une équipe de la chaîne publique France 3 Nice-Côte d’Azur (n’existent alors ni France 3 Corse, ni les chaînes d’information continue, ni les chaînes privées). Un des sujets va rester dans les mémoires des contemporains. Face à la caméra, en tee-shirt rouge orangé frappé d’une Corse stylisée et où sont mentionnés Autonomia et ARC, avec en arrière-plan des militants arborant des fusils de chasse, avec les bras croisés et une expression faciale qui révèlent une sérénité et une grande détermination, Edmond Simeoni expose posément les motifs et les objectifs de l‘action. Il entre par la grande porte dans l’Histoire de notre pays et notre peuple, il est en train de devenir « l’homme d’A leria ». Quels sont officiellement ces objectifs ? Selon Edmond Simeoni, ils sont ce jour-là : la libération de Dominique Capretti, un militant ayant été écroué quelques jours auparavant, après une altercation avec la police à Aiacciu alors qu’il « bombait » des messages invitant à se rendre au congrès de l’ARC Corti II ; l'arrestation des acteurs du scandale du vin, « des escrocs » que l’État et les banques s'emploient à étouffer dit Edmond Simeoni ; la saisie conservatoire des terrains, vignes et caves de production et de stockage de vin des « escrocs » et, si ces derniers sont jugés coupables et condamnés, la redistribution de ces biens sous forme communautaire aux agriculteurs corses les plus défavorisés Dans l'ouvrage « Le piège d'Aleria » qui sera publié en décembre 2015, Edmond Simeoni précisera avoir voulu « obliger l'Etat à appliquer la loi ».
Le déroulé : jeudi 21 août
7 heures 15 / Huit militants de l'ARC armés de fusils de chasse occupent à la sortie nord d’Aleria, non loin de la route nationale, investissent et occupent la cave viticole d’Henri Depeille.
10 heures 30 / Conférence de presse d'Edmond Simeoni qui outre énoncer des revendications (voir plus haut), précise que l’action a pour objet de demander justice et non une modification des institutions, annonce qu’elle prendra fin le samedi 23 août après la réalisation du programme suivant : réunion avec des socio-professionnels le vendredi 22 à 15 h 30 pour dégager une ligne d'action commune ; conférence de presse le samedi 23 à 10 h 00 ; grand meeting populaire le dimanche 24 à 16 h 00.
16 heures / Cave Depeille injoignable téléphoniquement.
19 heures / Communiqué préfectoral faisant monter la tension : « Au congrès de l'A RC à Corté ont été dénoncés certains scandales sur le vin et des poursuites sont effectivement en cours. Mais ce qui a été soigneusement caché, c'est la collusion entre la première société ayant déposé son bilan et certains dirigeants de l'A RC ».
Le déroulé : vendredi 22 août
A l'aube / 1200 CRS et gendarmes mobiles, hélicoptères et automitrailleuses interdisent d’accéder à la cave.
6 heures / Sommation puis assaut reporté car les militants de l’ARC, désormais une douzaine, ont usé d’un simulacre de prise d’otages avec d’abord deux d’entre eux puis quatre ouvriers nord-africains (qui seront remis en liberté avant l'assaut de l’après-midi).
11 heures / Entrevue entre Edmond Simeoni et Jacques Guérin, sous-préfet de Bastia, qui dirige l’opération de maintien de l'ordre.
11 heures 30 / Conférence de pressepréfectorale à Ajaccio, la « bande armée » est sommée de déposer les armes selon les conditions suivantes : vérification d'identité, aucune arrestation immédiate, justice qui suivra son cours.
16 heures 15 / Tirs de grenades lacrymogènes, tirs à balles de part et d’autre.« Deux gendarmes mortellement blessés.
16 heures 20 / Edmond Simeoni demande une trêve pour permettre l'évacuation de Pierrot Susini ayant eu l'avant-pied droit arraché
17 heures / Edmond Simeoni qui s'est constitué prisonnier déclare : « Je déplore la mort des deux gendarmes comme je déplore nos blessés. Ils sont victimes de la totale intransigeance du pouvoir, désireux seulement de protéger les escrocs de la vinasse. Je me constitue prisonnier pour éviter une autre effusion de sang et assumer pleinement mes responsabilités » Les autres occupants quittent la cave sur des camions, avec leurs armes. La foule entonne le Dio vi salvi, Regina.
Soir / Michel Poniatowski, le ministre de l'Intérieur droit dans ses bottes : « Les responsables de l'ARC ont donc réussi leur dessein criminel, en faisant couler le sang en Corse. Ils l'avaient clairement annoncé et souhaité, à la tribune de Corté, le 17 août. Malgré les appels renouvelés des autorités, les incitant à rentrer dans la légalité, ils ont préféré l'affrontement et le meurtre. ».
Soir / Gabriel Gilly, préfet de la Corse, annonce la création d'une SAFER et affirme qu’une meilleure répartition des terres est indispensable. SAFER dont l’État ne voulait pas. Encore un gain obtenu par le rapport de force et la violence.
Épilogue provisoire / 26 août, dix interpellations. 27 août, le conseil des ministres prononce la dissolution de l'ARC. A Bastia, la dissolution et l'arrivée de renforts (CRS, gendarmes mobiles) créent un climat de tension. Dans la nuit, émeute, un CRS tué, dix-huit blessés, ville en état de siège durant plusieurs heures.
JPB
Crédit photo : Le piège d’Aleria
Le scandale du vin
Tout commence au début des années 1960. Le vignoble corse couvre alors environ 7000 hectares exploités par de petits et moyens producteurs qui, pour la plupart, s’efforcent d’améliorer la qualité du vin et de faire reconnaitre des appellations. La viticulture corse jouit encore d’une disposition qui a été votée par le Parlement en 1926 pour aider les vignerons français à reconstituer un vignoble touché par le phylloxéra. Cette disposition autorise la chaptalisation (ajout de sucre au moût de raisin avant ou pendant la fermentation alcoolique afin d'augmenter le degré alcoolique du vin). Cette disposition a été abrogée concernant le sud de la Loire mais la Corse, dont le vignoble n'avait pas été reconstitué, a été oubliée. Plusieurs rapatriés qui étaient viticulteurs en Algérie, s’établissent en Corse avec l’aide du Plan d'action régional d’aménagement et de la Société d'aménagement pour la mise en valeur de la Corse (SOMIVAC), et optent pour la plantation de vignes et la production de vin. Le faible degré alcoolique du fait d'encépagements à haut rendement et de la production de moûts de 7 à 10 degrés, est corrigé par l’adjonction de sucre qui porte le degré alcoolique à 12 ou 13 degrés. En 1971, le vignoble insulaire couvre 30 000 hectares et la production est d’environ 1 500 000 hectolitres. Les rapatriés concernés supplantent puis remplacent la production algérienne de vin de consommation courante. L’abrogation de l’autorisation de chaptaliser étant enfin adoptée concernant la Corse, signifie un manque à gagner considérable pour les viticulteurs concernés. En 1973, il est constaté par des inspecteurs des fraudes que l’on introduit massivement dans l'île du sucre et des moûts concentrés. Début 1974, ce constat est rendu public et donne lieu, dans les médias et au sein de l’opinion, à une campagne de dénigrement du vin corse. Il est dit et écrit que, dans l’île, on sait fabriquer du vin sans raisin. Chimiquement ! Le scandale éclabousse les vins corses de qualité (AOC, VDQS) et les négociants qui les commercialisent. 1Le 17 juillet 1975, le scandale du vin rebondit à la suite du dépôt de bilan de la COVIREP, société qui commercialise une partie des vins insulaires. L'ARC, lors d’une conférence de presse, dénonce que « les grands colons du négoce » n'ont plus voulu apparaître, ont laissé la COVIREP agir à leur place et mettre au point un système de « cavalerie financière » qui s'est effondré avec le dépôt de bila, avec pour conséquence des producteurs ou vinificateurs corses ne pouvant être payés et/ou devant rembourser les banques. Cinq à six cents petits et moyens viticulteurs sont menacés
Face à la caméra, en tee-shirt rouge orangé frappé d’une Corse stylisée et où sont mentionnés Autonomia et ARC, avec en arrière-plan des militants arborant des fusils de chasse, avec les bras croisés et une expression faciale qui révèlent une sérénité et une grande détermination, Edmond Simeoni expose posément les motifs et les objectifs de l‘action. Il entre par la grande porte dans l’Histoire de notre pays et notre peuple, il est en train de devenir « l’homme d’Aleria ».
Jeudi 21 août 1975. Un jour d'été comme les autres. L’information que relaient les bulletins de stations de radio à partir de 11 heures, ne suscite pas l’intérêt de grand monde ou est ignorée. En effet, alors chez nous, en journée, si on est en famille au village, à la plage, à la rivière ou sous les pins, ou si on est écrasé par la chaleur au travail ou dans sa voiture (les clims sont rarissimes), les bulletins d’information sont le plus souvent écoutés d’une oreille très distraite. Pourtant la nouvelle n’est pas banale. Il n’est pas ordinaire qu’un groupe d'hommes armés se manifeste publiquement et occupe une propriété privée, en l’occurrence une cave viticole. La Guerre d’Algérie est terminée depuis plus de dix ans. Le terrorisme palestinien ou international n’a pas encore frappé en France. Pourtant, c’est la réalité. Depuis 7 h15, huit militants de l'ARC armés de fusils de chasse - conduits par celui qui sera bientôt appelé avec déférence « le docteur Edmond Simeoni » par les médias, avec affection ou admiration où les deux « Edmond » par de nombreux Corses, « Simeoni» par21 ses adversaires politiques les plus acharnés ou par les anti-autonomistes -occupe à la sortie nord d’Aleria, non loin de la route nationale, la cave viticole d’Henri Depeille, un rapatrié d’Algérie. Un « colon » disent beaucoup de Corses en Plaine orientale. Ce n’est que le lendemain qu’en Corse ainsi que dans toute la France et même internationalement, on va vraiment prendre avoir connaissance et un peu conscience de ce qui se passe à Aleria, certes en lisant la presse écrite et en écoutant la radio, mais bien davantage en regardant les sujets réalisés par une équipe de la chaîne publique France 3 Nice-Côte d’Azur (n’existent alors ni France 3 Corse, ni les chaînes d’information continue, ni les chaînes privées). Un des sujets va rester dans les mémoires des contemporains. Face à la caméra, en tee-shirt rouge orangé frappé d’une Corse stylisée et où sont mentionnés Autonomia et ARC, avec en arrière-plan des militants arborant des fusils de chasse, avec les bras croisés et une expression faciale qui révèlent une sérénité et une grande détermination, Edmond Simeoni expose posément les motifs et les objectifs de l‘action. Il entre par la grande porte dans l’Histoire de notre pays et notre peuple, il est en train de devenir « l’homme d’A leria ». Quels sont officiellement ces objectifs ? Selon Edmond Simeoni, ils sont ce jour-là : la libération de Dominique Capretti, un militant ayant été écroué quelques jours auparavant, après une altercation avec la police à Aiacciu alors qu’il « bombait » des messages invitant à se rendre au congrès de l’ARC Corti II ; l'arrestation des acteurs du scandale du vin, « des escrocs » que l’État et les banques s'emploient à étouffer dit Edmond Simeoni ; la saisie conservatoire des terrains, vignes et caves de production et de stockage de vin des « escrocs » et, si ces derniers sont jugés coupables et condamnés, la redistribution de ces biens sous forme communautaire aux agriculteurs corses les plus défavorisés Dans l'ouvrage « Le piège d'Aleria » qui sera publié en décembre 2015, Edmond Simeoni précisera avoir voulu « obliger l'Etat à appliquer la loi ».
Le déroulé : jeudi 21 août
7 heures 15 / Huit militants de l'ARC armés de fusils de chasse occupent à la sortie nord d’Aleria, non loin de la route nationale, investissent et occupent la cave viticole d’Henri Depeille.
10 heures 30 / Conférence de presse d'Edmond Simeoni qui outre énoncer des revendications (voir plus haut), précise que l’action a pour objet de demander justice et non une modification des institutions, annonce qu’elle prendra fin le samedi 23 août après la réalisation du programme suivant : réunion avec des socio-professionnels le vendredi 22 à 15 h 30 pour dégager une ligne d'action commune ; conférence de presse le samedi 23 à 10 h 00 ; grand meeting populaire le dimanche 24 à 16 h 00.
16 heures / Cave Depeille injoignable téléphoniquement.
19 heures / Communiqué préfectoral faisant monter la tension : « Au congrès de l'A RC à Corté ont été dénoncés certains scandales sur le vin et des poursuites sont effectivement en cours. Mais ce qui a été soigneusement caché, c'est la collusion entre la première société ayant déposé son bilan et certains dirigeants de l'A RC ».
Le déroulé : vendredi 22 août
A l'aube / 1200 CRS et gendarmes mobiles, hélicoptères et automitrailleuses interdisent d’accéder à la cave.
6 heures / Sommation puis assaut reporté car les militants de l’ARC, désormais une douzaine, ont usé d’un simulacre de prise d’otages avec d’abord deux d’entre eux puis quatre ouvriers nord-africains (qui seront remis en liberté avant l'assaut de l’après-midi).
11 heures / Entrevue entre Edmond Simeoni et Jacques Guérin, sous-préfet de Bastia, qui dirige l’opération de maintien de l'ordre.
11 heures 30 / Conférence de pressepréfectorale à Ajaccio, la « bande armée » est sommée de déposer les armes selon les conditions suivantes : vérification d'identité, aucune arrestation immédiate, justice qui suivra son cours.
16 heures 15 / Tirs de grenades lacrymogènes, tirs à balles de part et d’autre.« Deux gendarmes mortellement blessés.
16 heures 20 / Edmond Simeoni demande une trêve pour permettre l'évacuation de Pierrot Susini ayant eu l'avant-pied droit arraché
17 heures / Edmond Simeoni qui s'est constitué prisonnier déclare : « Je déplore la mort des deux gendarmes comme je déplore nos blessés. Ils sont victimes de la totale intransigeance du pouvoir, désireux seulement de protéger les escrocs de la vinasse. Je me constitue prisonnier pour éviter une autre effusion de sang et assumer pleinement mes responsabilités » Les autres occupants quittent la cave sur des camions, avec leurs armes. La foule entonne le Dio vi salvi, Regina.
Soir / Michel Poniatowski, le ministre de l'Intérieur droit dans ses bottes : « Les responsables de l'ARC ont donc réussi leur dessein criminel, en faisant couler le sang en Corse. Ils l'avaient clairement annoncé et souhaité, à la tribune de Corté, le 17 août. Malgré les appels renouvelés des autorités, les incitant à rentrer dans la légalité, ils ont préféré l'affrontement et le meurtre. ».
Soir / Gabriel Gilly, préfet de la Corse, annonce la création d'une SAFER et affirme qu’une meilleure répartition des terres est indispensable. SAFER dont l’État ne voulait pas. Encore un gain obtenu par le rapport de force et la violence.
Épilogue provisoire / 26 août, dix interpellations. 27 août, le conseil des ministres prononce la dissolution de l'ARC. A Bastia, la dissolution et l'arrivée de renforts (CRS, gendarmes mobiles) créent un climat de tension. Dans la nuit, émeute, un CRS tué, dix-huit blessés, ville en état de siège durant plusieurs heures.
JPB
Crédit photo : Le piège d’Aleria
Le scandale du vin
Tout commence au début des années 1960. Le vignoble corse couvre alors environ 7000 hectares exploités par de petits et moyens producteurs qui, pour la plupart, s’efforcent d’améliorer la qualité du vin et de faire reconnaitre des appellations. La viticulture corse jouit encore d’une disposition qui a été votée par le Parlement en 1926 pour aider les vignerons français à reconstituer un vignoble touché par le phylloxéra. Cette disposition autorise la chaptalisation (ajout de sucre au moût de raisin avant ou pendant la fermentation alcoolique afin d'augmenter le degré alcoolique du vin). Cette disposition a été abrogée concernant le sud de la Loire mais la Corse, dont le vignoble n'avait pas été reconstitué, a été oubliée. Plusieurs rapatriés qui étaient viticulteurs en Algérie, s’établissent en Corse avec l’aide du Plan d'action régional d’aménagement et de la Société d'aménagement pour la mise en valeur de la Corse (SOMIVAC), et optent pour la plantation de vignes et la production de vin. Le faible degré alcoolique du fait d'encépagements à haut rendement et de la production de moûts de 7 à 10 degrés, est corrigé par l’adjonction de sucre qui porte le degré alcoolique à 12 ou 13 degrés. En 1971, le vignoble insulaire couvre 30 000 hectares et la production est d’environ 1 500 000 hectolitres. Les rapatriés concernés supplantent puis remplacent la production algérienne de vin de consommation courante. L’abrogation de l’autorisation de chaptaliser étant enfin adoptée concernant la Corse, signifie un manque à gagner considérable pour les viticulteurs concernés. En 1973, il est constaté par des inspecteurs des fraudes que l’on introduit massivement dans l'île du sucre et des moûts concentrés. Début 1974, ce constat est rendu public et donne lieu, dans les médias et au sein de l’opinion, à une campagne de dénigrement du vin corse. Il est dit et écrit que, dans l’île, on sait fabriquer du vin sans raisin. Chimiquement ! Le scandale éclabousse les vins corses de qualité (AOC, VDQS) et les négociants qui les commercialisent. 1Le 17 juillet 1975, le scandale du vin rebondit à la suite du dépôt de bilan de la COVIREP, société qui commercialise une partie des vins insulaires. L'ARC, lors d’une conférence de presse, dénonce que « les grands colons du négoce » n'ont plus voulu apparaître, ont laissé la COVIREP agir à leur place et mettre au point un système de « cavalerie financière » qui s'est effondré avec le dépôt de bila, avec pour conséquence des producteurs ou vinificateurs corses ne pouvant être payés et/ou devant rembourser les banques. Cinq à six cents petits et moyens viticulteurs sont menacés